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L’incommunication

16 février 2024, 11:16

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Le sérieux déficit de communication au PMO par rapport à la révocation toujours inexpliquée du ministre Vikram Hurdoyal et la risible valse-hésitation face à la presse, mercredi à la State House, à l’occasion de la prestation de serment de la ministre Naveena Ramyad, confirment la nervosité du gouvernement, qui ne sait plus s’il doit considérer la presse – qui n’est pas un groupe monolithique – comme un adversaire ou un partenaire.

Si Pravind Jugnauth ne souhaite pas divulguer les raisons de la mise à pied du ministre de l’Agro-industrie, il menace de le faire «si bizin». Chantage envers qui ?

Le Premier ministre, qui n’avait pas jugé utile d’informer Vikram Hurdoyal de sa révocation, a confié avoir rencontré par la suite le ministre congédié. Ils se sont parlé entre quatre yeux. Mais cette rencontre n’aura servi à rien puisqu’Hurdoyal n’a pas hésité à quitter le Parlement, quelques heures plus tard, malgré les supplications du MSM, conscient des implications politiques de cette démission. Hurdoyal a fait preuve de dignité et s’est avéré bien plus fougueux qu’Ivan Collendavelloo, qui ne sait plus s’il doit attendre la mort de l’ICAC ou la naissance de la FCC pour être fixé sur son sort.

Un Premier ministre peut-il souffler le chaud et le froid sur la presse et miser uniquement sur la MBC pour soigner son image et soutenir l’action gouvernementale ? Peut-il révoquer Ivan Collendavelloo et Vikram Hurdoyal sans nous donner la moindre explication alors qu’il va solliciter à nouveau un vote de confiance ?


Face aux débats sur le taux de croissance, il est évident que le grand public aurait mieux apprécié l’économie si celle-ci était mieux comprise. Mais pour que l’économie soit mieux comprise, il faudrait que cette science sociale, qui nous impacte tous, soit mieux expliquée, y compris par la presse. Il y a donc lieu que les partenaires sociaux définissent une sorte de théorie générale qui pourrait être fondée, par exemple, sur l’asymétrie entre entreprises et salariés, investisseurs et épargnants, esprit d’entreprise et spéculation, à ce moment précis de notre histoire. Un genre de grille de lecture commune – avec un lexique qui parlerait à tout un chacun. L’économiste Jean Tirole demeure, pour nous, l’un de ces prix Nobel en économie (avec Piketty, Krugman, Sen et Stiglitz surtout) qui œuvre, avec la clarté des mots et des idées, pour une meilleure compréhension, voire acceptation, de l’économie au sein de l’agora publique. Dans son livre fondateur, Économie du bien commun, il relève le défi de vulgariser le rôle de l’économiste – et surtout en montrant comment celui-ci pourrait rendre la société meilleure. L’économiste, selon Tirole, devrait définir les incitations qui vont pousser les individus, comme vous et moi, à opter pour le bien commun. Pour atteindre ce but, il faut en parallèle décrypter ces grandes questions de l’économie contemporaine : comme les limites du marché mondial, les pistes pour vaincre le chômage national, le défi climatique, l’irruption du numérique et de l’intelligence artificielle.

Point important dans le contexte actuel : ce qui est bon pour un acteur économique (ou politique) n’est pas forcément bon pour l’ensemble de la société. Par exemple, sans un système de ciblage, en poussant pour des pensions universelles qui seront vraisemblablement gonflées avant les élections, ne va-t-on pas plomber notre économie au bout du compte ? Mais ces mesures de redressement ne peuvent mûrir en cette saison électorale.