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Budget 2025-2026

L’industrie hippique en quête d’une «helping hand»

2 juin 2025, 14:00

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L’industrie hippique en quête d’une «helping hand»

Même si le contexte économique actuel ne s’y prête pas, une révision de la fiscalité au cours du prochain Budget est, à bien des égards, essentielle pour redynamiser la filière hippique. Après deux ans sous l’égide de People’s Turf (PTP), l’industrie hippique est à bout de souffle. Certes, le retour du Mauritius Turf Club (MTC) a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par l’ensemble des turfistes, mais faute de moyens, le club bicentenaire éprouve visiblement du mal pour remettre la machine en branle.

Le Budget 2025-2026, qui sera présenté par le Premier ministre (PM) et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, ce jeudi, aura donc un enjeu capital pour l’avenir de l’hippisme. Ainsi, ils sont nombreux à espérer que le PM annoncera des mesures visant à aider l’industrie hippique.

Recettes en nette baisse

Il est bon de faire ressortir qu’il fut un temps où ce secteur contribuait à pas moins de Rs 800 millions dans les caisses de l’État. Cette époque est malheureusement révolue car les recettes ont accusé une baisse sensible au cours des dernières années : Rs 506 millions en 2020 2021, Rs 390 millions en 2021-2022, Rs 496 millions en 2022-2023 et Rs 282 mil lions en 2023-2024.

Dans la mesure où la saison 2024 a été abrégée en raison de l’échéance électorale – 24 journées seulement y ont été organisées –, on peut estimer que les recettes perçues par le gouvernement en termes de betting tax pour la prochaine année financière seront nettement inférieures à Rs 200 millions !

À cela s’ajoute un élément important : depuis quelques années, la Gambling Regulatory Authority doit assumer plusieurs frais qui étaient autrefois à la charge de l’organisateur hippique, tels que les salaires des com missaires, des vétérinaires, des sample collectors, ainsi que le coût des tests antidopage (NdlR, ces frais sont globalement estimés entre Rs 40 millions et Rs 50 millions par an).

Selon les acteurs du monde hippique, cette baisse de revenus considérable est en soi la raison principale qui devrait inciter le gouvernement à réduire la betting tax qui pour rappel est passée de 10 % à 14 % entre 2019-2020 et 2020-2021. Selon eux, la baisse globale affichée dans le betting turnover contraste singulièrement avec les affaires florissantes des bookmakers clandestins, qui se sont propagés aux quatre coins de l’île ces dernières années.

Réduire la «betting tax»

On peut se permettre de penser qu’une éventuelle baisse de la betting tax encouragera les parieurs à se détourner du circuit illégal, qui, selon de nombreux spécialistes, brasserait un chiffre d’affaires deux à trois fois supérieur au circuit légal. Un autre moyen d’augmenter les revenus de l’État pourrait être l’introduction de nouveaux types de paris, tels que l’internet betting (paris en ligne) ou le multiple bets (lévé pilé).

Retour d’ascenseur

Dans un autre contexte, le MTC, les entraîneurs et surtout les propriétaires souhaitent vivement une helping hand, voire un retour d’ascenseur du gouvernement, pour «respirer» financièrement. Vu que le MTC n’a pratiquement enregistré aucune rentrée d’argent pendant plus de deux ans d’inactivité, le club bicentenaire aura forcément besoin de soutien pour se remettre sur les rails.

Une aide du gouvernement en forme de grant serait plus que salutaire par les temps qui courent. De leur côté, les entraîneurs et les propriétaires des écuries éprouvent de plus en plus de difficultés pour joindre les deux bouts.

Rs 50 000 mensuellement pour un «keep»

Pour cause, la gestion d’une écurie représente de nos jours une dépense colossale : entre l’acquisition, le fret, la quarantaine, l’entretien, le soin des chevaux ainsi que les assurances et les salaires des jockeys et des palefreniers, les frais s’accroissent à tel point que le keep au sein de certaines écuries oscillerait entre Rs 50 000 et Rs 55 000 mensuellement.

Alléger la TVA

Pour de nombreux stakeholders, la situation risque de devenir intenable dans un avenir proche, d’où leur souhait que le gouvernement allège la TVA sur le fret, les aliments ou encore les médicaments pour les chevaux. «Alors qu’il y a une taxe qui est déjà prélevée sur le fret, la nourriture et les médicaments pour chevaux, on nous impose une taxe supplémentaire au paiement du keep. Ce n’est pas cohérent, surtout quand on sait que les stakesmoney qu’on peut éventuellement récolter sont assez dérisoires. Cela explique également pourquoi de nombreux propriétaires préfèrent désormais investir en Afrique du Sud plutôt qu’à Maurice», nous confie un propriétaire.

Au niveau des autorités, on est conscient des difficultés évidentes auxquelles font face les différents stakeholders, mais il faut également reconnaître que dans la conjoncture actuelle, ils ne disposent pas non plus d’une grande marge de manoeuvre.

Caisse vide

Alors que le slogan à la mode est «lakes vid» et que les allocations sociales sont menacées, on voit mal comment Navin Ramgoolam, à moins d’un véritable numéro d’équilibriste, pourrait répondre aux attentes de la communauté hippique. À l’heure actuelle, on serait tenté de croire qu’il a d’autres priorités.

Certains irréductibles continuent malgré tout de croire qu’il viendra à la rescousse de l’industrie, car, durant la campagne électorale, l’Alliance du changement avait pris l’engagement de redonner aux courses leurs lettres de noblesse, notamment à travers le retour du MTC. L’espoir reste donc permis…

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