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Transport de singes
Linley Moothien dénonce les conditions dans les avions
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Transport de singes
Linley Moothien dénonce les conditions dans les avions

(De g. à dr.) Rajendra Moothianpillay et Christian Bernard, activistes de la cause animale, Linley Moothien de 4 Tilapat et Mansa Daby de Monkey Massacre.
Des singes entassés dans des cages exiguës, empilées les unes sur les autres à bord des avions. Des animaux contraints de voyager dans ces conditions pendant des heures, parfois près de deux jours, sans nourriture. C’est ce qu’a dénoncé Linley Moothien, de l’organisation non gouvernementale 4 Tipalat, lors d’une conférence de presse tenue hier. Mansa Daby, de la plateforme Monkey Massacre, est également intervenue pour apporter des précisions sur ces vols.
S’appuyant sur des vidéos, Linley Moothien n’a pas mâché ses mots. «Ces singes sont transportés dans ces conditions pendant des heures en avion. Mais leur calvaire ne s’arrête pas là : une fois arrivés, ils subissent encore de longues heures de transport en camion avant d’atteindre leur destination finale» , a-t-il expliqué. Pire encore : lors des correspondances, les singes sont parfois laissés sur le tarmac, exposés à la pluie ou à la neige, avant d’être réembarqués.
Selon lui, ces pratiques sont en totale violation de l’Animal Welfare Act, qui interdit le transport d’animaux dans des conditions «in such a manner or position as to subject it to distress» ou de les enfermer dans des cages, les empêchant de bouger. «Le gouvernement est sur la bonne voie, mais aujourd’hui, j’apporte la preuve que les lois ne sont pas respectées», a-t-il martelé. Il a également alerté sur la surexploitation de ces singes, qu’il considère comme une ressource naturelle négligée.
De son côté, Mansa Daby a abordé les récents vols transportant des singes en provenance de Maurice. L’un d’eux a quitté l’île le 24 février, avec une partie des animaux débarquée à Bruxelles, une autre en Écosse et le reste en Angleterre. «Ces singes ont été envoyés au laboratoire Charles River, qui a racheté Noveprim. En d’autres termes, l’entreprise achète et vend à elle-même. Pourquoi parle-t-on alors de profits ?», s’est-elle interrogé.
Un autre vol est parti de Maurice le 2 mars et le dernier contingent a été débarqué aux États-Unis le 6 mars, soit quatre jours après le départ. Durant tout ce temps, les singes sont restés dans les conditions dénoncées dans les vidéos montrées. Mansa Daby a aussi réfuté l’idée selon laquelle les macaques à longue queue auraient été introduits à Maurice par les Portugais ou les Hollandais. Selon elle, cette espèce serait en réalité endémique à l’île, son comportement différant totalement de celui des autres macaques de la même espèce.
Arvin Boolell : «si les procédures ne sont pas respectées, il y aura des sanctions» Sollicité, Arvin Boolell, ministre de l’Agro-Industrie, estime qu’il est essentiel de dépassionner le débat. «Ces exportations sont régies par la Convention on international trade in endangered species of wild fauna and Flora (CITES). Si les règlements ne sont pas respectés, que ce soit par les exportateurs ou les laboratoires, des sanctions sont prévues. Par exemple, le transporteur n’a pas le droit d’entasser ces animaux», explique le ministre. Il précise également que les animaux capturés ne sont pas exportés : seules leurs progénitures sont vendues pour la recherche scientifique, afin de garantir qu’ils ne soient pas porteurs de maladies. Tout le protocole de biosécurité est scrupuleusement respecté pour prévenir la propagation de maladies et assurer le bien-être des animaux. Par ailleurs, Arvin Boolell souligne le rôle essentiel des macaques dans la recherche scientifique. «Dans le domaine de la santé, les expériences in vitro ne suffisent pas. Il est malheureusement nécessaire de recourir à ces animaux pour développer des traitements contre certaines maladies. Nous aurions tous souhaité une alternative, mais la réalité est ainsi», déclare-t-il. Le ministre rappelle également que cette activité génère des revenus pour l’État, via des impôts qui seront augmentés afin de financer davantage les initiatives en faveur du bien-être animal. Il confirme aussi que le processus de «phasing out» est toujours d’actualité, mais qu’il ne peut pas se faire du jour au lendemain. Pour l’instant, le nombre d’exportations est gelé et il n’est pas prévu de l’augmenter.
En outre, Arvin Boolell rappelle que les discussions avec les ONG se multiplient et que d’autres rencontres sont prévues dans les prochains jours. L’objectif est de moderniser les lois pour les adapter aux enjeux actuels. Au-delà de l’exportation des singes, le ministre annonce une révision des méthodes de capture des chiens errants : l’utilisation de filets sera progressivement remplacée par des fléchettes anesthésiantes. Il assure également que le projet de refuge et d’hôpital pour animaux verra bientôt le jour.
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