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Affaire Kistnen et autres

L’ombre des «cover-ups» derrière des décès mystérieux

24 octobre 2024, 16:20

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L’ombre des «cover-ups» derrière des décès mystérieux

La récente bande sonore diffusée par «Missie Moustass», évoquant une possible ingérence du commissaire de police (CP) pour la modification présumée d’un rapport d’autopsie, a soulevé une vague d’indignation. Cet enregistrement a ravivé des questions sur d’autres décès survenus dans des circonstances mystérieuses et où la police aurait pu être intervenue de manière discutable. Le cas emblématique reste celui de l’agent du Mouvement socialiste militant (MSM), Sopramanien Kistnen, dont la mort continue de susciter des interrogations. D’autres cas similaires, souvent liés à des individus incarcérés pour des affaires de drogue, occasionnent aussi des interrogations. Certaines de ces personnes sont décédées en prison, et bien que les rapports d’autopsie aient conclu à des décès par causes naturelles, leurs proches n’en sont pas convaincus. Ils attendent, des années après, des réponses claires. Dans plusieurs cas, des éléments extérieurs pointent vers des tentatives de dissimulation, voire des cover-ups. Ces suspicions sont d’autant plus renforcées en raison d’enquêtes qui n’aboutissent jamais ou de rapports d’autopsie qui laissent planer le doute. Revenons sur ces cold cases troublants.

Décès de Bavesh Bandhoo : toujours un mystère Le 1er octobre 2023, à 3 heures, Bhavesh Bandhoo, un habitant de Bel-Air, est découvert inconscient et saignant abondamment du visage près d’une boîte de nuit à Grand-Baie. Alertés par un appel à l’aide à une personne en détresse, les policiers de Grand-Baie se rendent sur les lieux et trouvent Bhavesh Bandhoo sur place, gisant dans une mare de sang. Il est immédiatement transporté d'urgence à l'hôpital du Nord, où il est admis en soins intensifs. Après cinq mois de lutte, Bhavesh Bandhoo meurt le 6 février. L’autopsie a révélé que son décès était causé par une septicémie. Malgré des interrogations menées auprès de plusieurs personnes de la localité, selon la police, les circonstances exactes de sa mort restent inconnues, laissant la famille de Bhavesh Bandhoo en quête de réponses. Y a-t-il eu une tentative d’étouffer l’affaire, d’autant plus que la compagnie de bouncers responsable de la sécurité de la boîte de nuit, ce jour-là, appartient à un haut gradé de la police dont les agissements sont vivement critiqués par certains membres de la force policière. Il semble y avoir plusieurs zones d’ombre dans cette affaire, d’autant plus troublantes car Bhavesh Bandhoo ne présentait aucune blessure permettant de prouver qu’il avait été battu. Il était en bonne santé et ses proches ne comprennent pas non plus comment il s’est retrouvé à Grand-Baie.

Mort de John Mick Martingale : suicide véritable ou forcé ?

John Mick Martingale, 32 ans, en détention provisoire pour trafic de drogue, a été retrouvé mort aux petites heures du matin, le 8 septembre dernier, à la prison de Beau-Bassin. Il se serait suicidé. John Mick Martingale avait été arrêté pour son rôle présumé dans l’importation d’une importante cargaison de cocaïne liquéfiée, d’une valeur de Rs 48 millions. Cette affaire avait fait grand bruit à l’époque, mettant en lumière un réseau complexe de trafiquants de drogue opérant à l’échelle internationale. Le détenu «ne présentait aucun signe laissant présager un tel passage à l’acte. Il était d’ailleurs présent à la messe de la prison, la veille. Son comportement était normal et rien ne présageait qu’il allait commettre l’irréparable», a fait comprendre l’administration carcérale. Me Sanjeev Teeluckdharry avait réclamé une enquête judiciaire sur ce décès en prison qu’il trouve suspect. L’autopsie pratiquée par le Dr Ananda Sunnassee a conclu que le détenu est mort d’une asphyxie due à la pendaison.

Mort suspecte de Pravin Kanakiah : les conclusions de l’enquête judiciaire toujours attendues Le corps de l’ex-fonctionnaire des Finances, Pravin Kanakiah, a été retrouvé à la Roche-Qui-Pleure, au bas de la falaise de Gris-Gris, le 11 décembre 2020. Une mort entourée de zones d’ombre, selon ses proches qui se demandent s’il s’est vraiment suicidé en décembre 2020 ? Ou si on lui a ôté la vie pour une quelconque raison professionnelle ? L’enquête judiciaire, qui a débuté, il y plus d’un an, pourrait mettre en lumière les circonstances de cette mort suspecte mais ses conclusions tardent à être connues. Le décès de ce Procurement officer au ministère des Finances, qui traitait des dossiers en lien avec les appels d’offres pendant la pandémie du Covid-19, avait été attribué à une hémorragie intracrânienne aiguë. Estimant que son mari ne se serait pas donné la mort mais qu’il s’agirait plutôt d’un acte criminel, sa veuve avait réclamé une contre-autopsie par le Dr Satish Boolell. Dans son rapport, l’ancien Chief police medical officer était parvenu à la même conclusion que son ancien collègue de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, soit que le décès était dû à une hémorragie intracrânienne aiguë. Les images de vidéosurveillance, celles de Safe City ou d’autres, n’ont pas été exploitées comme dans le cas de Soopramanien Kistnen. Les déclarations contradictoires des enquêteurs sur le visionnage des images lors des audiences ajoutent à la confusion.

Décès déroutant en cellule de Caël Permes Il portait des ecchymoses au dos, au postérieur et à la jambe. Ce qui laisse penser que Caël Permes, mort en cellule, le 5 mai 2020, aurait été victime d’un acte criminel (foul play). Les Drs Sudesh Kumar Gungadin et Prem Chamane, respectivement chef du département médico-légal de la police et Principal Police Medical Officer, avaient indiqué, dans leur rapport, que sa mort a été causée par un choc hémorragique, provoqué par des blessures multiples. Jean Caël Permes, 29 ans, était marié et père de trois enfants. Il était l’ancien bras droit du présumé trafiquant de drogue Louis John Brant Vivian, alias John Brown. Le jour de son décès, le détenu avait été transféré de la prison de Beau-Bassin et admis à la Special Protection Cell nº 1 du bloc administratif de la prison de haute sécurité La Bastille à Phoenix. Il avait été arrêté sous une accusation provisoire de damaging government vehicle en début d’année. Sept heures après son transfert, c’est son corps qui a été retrouvé dans la cellule par un gardien de prison, qui faisait sa ronde au Punishment Block. Le matelas dans cette cellule, de même que le sol, étaient partiellement trempés. Le Directeur des poursuites publiques (DPP) a recommandé des poursuites formelles contre certains accusés mais cette affaire n’a toujours pas été élucidée. Me Rama Valayden a écrit au DPP pour faire savoir que l’un des Senior Prison Officers impliqués aurait quitté le pays et se serait installé au Canada, échappant ainsi aux obligations de témoignage lors de l’audience prévue dans le cadre de l’enquête sur la mort tragique du détenu. L’avocat voulait savoir pourquoi aucune objection n’a été émise contre le départ du pays de ce Senior Prison Officer.

Alain Auguste retrouvé pendu à Melrose Alain Auguste avait été condamné à une peine d’emprisonnement pour une affaire de drogue en janvier 2019. Il a été retrouvé pendu par les gardes-chiourmes à l’hôpital de la prison de Melrose, le 29 avril. Mais Alain Auguste, âgé de 30 ans, jouissait d’une bonne santé. Du moins, c’est ce que sa sœur avait affirmé dans une Precautionary Measure (PM) qu’elle avait déposée au poste de police de Bain-des-Dames, quelques jours après le décès de son frère. Dans sa PM, la jeune femme avait expliqué que son frère a été condamné à une peine d’emprisonnement pour une affaire de drogue en janvier 2019 et était incarcéré à la prison de Melrose. Depuis, tous les mercredis, Alain Auguste appelait ses proches. Leur dernière conversation téléphonique remonte au 24 avril dernier. «Il avait l’air d’être en bonne santé», avaitelle précisé. Dans la PM, la femme affirme qu’elle soupçonne qu’il a été victime d’un acte criminel (foul play) dans cette affaire. Une enquête judiciaire devait être instituée pour faire lumière sur ce décès mais il n’y a pas eu de suite à cette annonce.

Mort du constable Arvind Hurreechurn en prison Le policier Arvind Hurreechurn a été retrouvé mort dans sa cellule, le 29 octobre 2016, au centre de détention de Moka. Deux kilos d’héroïne, d’une valeur marchande de Rs 30 millions, avaient été découverts dans la valise du policier, le 27 octobre 2016, à l’aéroport de Plaisance. Arvind Hurreechurn revenait d’un voyage à Madagascar. Placé en détention à Moka, il a été retrouvé pendu au lavabo de sa cellule, deux jours plus tard. Si le rapport d’autopsie a confirmé la thèse du suicide, la famille a toujours dénoncé la mort du policier qu’elle estime «suspecte». Avant cette affaire de drogue, Arvind Hurreechurn était affecté au poste de police de Piton. Son autopsie a conclu à une mort par asphyxie due à la strangulation. Bien que cette affaire ait été mise de côté en termes d’enquête, la famille continue à chercher des réponses.