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Bilan environnemental
Face à l’urgence, l’UNOC 3 doit dépasser les discours et se traduire en actions concrètes
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Bilan environnemental
Face à l’urgence, l’UNOC 3 doit dépasser les discours et se traduire en actions concrètes

■ Les dirigeants du monde entier sont rassemblés pour accélérer la ratification du traité de la haute mer.
L’océan,, poumon bleu de notre planète, est aujourd’hui confronté à une crise sans précédent. La hausse des températures perturbe les courants et les écosystèmes marins, tandis que l’acidification des eaux affaiblit de nombreuses espèces. La biodiversité s’effondre, menacée par la pollution plastique, chimique et sonore, ainsi que par la destruction progressive des habitats naturels comme les coraux et les mangroves. À cela s’ajoute la surpêche – souvent illégale – qui épuise les ressources halieutiques. De même, les espèces invasives et la montée du niveau de la mer participent à ce bouleversement profond de la vie océanique.
Face à cette urgence croissante, les conséquences sur le développement durable des océans sont alarmantes. Les dommages infligés à l’économie bleue se chiffrent déjà en milliards de dollars, affectant à la fois les écosystèmes marins et les moyens de subsistance des communautés côtières.
C’est dans ce contexte que se tient actuellement, du 9 au 13 juin à Nice, en France, la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 3), co-organisée par la France et le Costa Rica. L’événement rassemble des chefs d’État, des scientifiques, des organisations non gouvernementales (ONG) et des entreprises. Plus de 50 dirigeants mondiaux sont présents aux côtés de 1 500 délégués venus de près de 200 pays, dont Maurice, représentée par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et le junior minister de l’Agro-industrie, Fabrice David.
Son thème – «Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan» – résume l’objectif : faire front commun pour préserver cet écosystème vital, aujourd’hui gravement menacé. Cette conférence vise à soutenir des actions supplémentaires et urgentes pour conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines dans une optique de développement durable, tout en identifiant de nouvelles voies et des moyens pour appuyer la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 14 (ODD 14).
L’UNOC 3 repose sur huit priorités clés : la ratification rapide du traité Biodiversity Beyond National Jurisdiction (BBNJ) pour protéger la haute mer, conclu en 2023 pour protéger la biodiversité marine dans les eaux internationales, la protection de 30 % des océans d’ici 2030, un plan de décarbonation du transport maritime, la lutte contre la pollution plastique, un financement accru de l’économie bleue, la valorisation des actions locales et le renforcement de la coopération scientifique. Le programme consiste en dix réunions plénières, dix tables rondes thématiques, une zone bleue réservée aux délégations officielles ainsi qu’en plusieurs forums parallèles tout au long de ces cinq jours.
Martina Burtscher et Udani Hewa Maddumage, jeunes militantes de Sea Sisters Lanka, une ONG sri-lankaise, insistent sur l’importance d’impliquer toutes les voix, notamment celles des femmes et des communautés côtières, dans les prises de décision. Elles rappellent que l’océan n’a pas besoin de nous, mais que c’est à nous de le protéger, car c’est nous qui l’utilisons… et le détruisons. «Nous sommes à Nice pour une mission : sauver l’océan, pour sauver notre avenir», a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a averti que l’on s’approche rapidement d’un point de basculement «au-delà duquel le rétablissement pourrait devenir impossible».
António Guterres a rappelé que la protection de l’océan repose sur la mobilisation de tous les acteurs - gouvernements, entreprises, pêcheurs ou scientifiques - d’aller de l’avant avec des engagements décisifs et un financement tangible. Il a ainsi mis en avant quatre priorités d’action : transformer les pratiques de pêche en tenant compte non seulement des espèces ciblées, mais surtout des techniques utilisées ; atteindre l’objectif mondial de protéger 30 % des océans d’ici 2030; lutter contre la pollution plastique, en éliminant progressivement les plastiques à usage unique, en améliorant les systèmes de recyclage et en concluant un traité international contraignant contre la pollution plastique d’ici la fin de l’année ; combattre le dérèglement climatique en mer, en appelant les États à soumettre des plans climat ambitieux avant la COP30 en novembre, alignés sur la limite de 1,5 °C et couvrant l’ensemble des émissions; et l’entrée en vigueur du traité sur la haute mer, BBNJ, en le ratifiant pour assurer la protection de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales et en encourageant tous les pays à y adhérer.
Lors de la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, un nombre record de ratifications du traité sur la haute mer a été enregistré : 18 pays – Albanie, Bahamas, Belgique, Croatie, Côte d’Ivoire, Danemark, Fidji, Malte, Mauritanie, Vanuatu, Grèce, Guinée-Bissau, Jamaïque, Jordanie, Liberia, Îles Salomon, Tuvalu et Vietnam – ont officiellement déposé leur ratification, portant le total à 49 au 10 juin. Maurice, qui compte parmi les cinq premiers pays à avoir ratifié le traité BBNJ sur les zones marines protégées en haute mer, confirme ainsi son engagement précoce. Il en faut 60 pour que le traité entre en vigueur, un objectif désormais à portée de main. Le président français, Emmanuel Macron, a soutenu que le traité pourrait entrer en vigueur dès janvier 2026 si les 60 ratifications sont atteintes d’ici la fin de l’année.
António Guterres a dénoncé la cupidité qui, selon lui, «sème le doute, nie la science, déforme la vérité, récompense la corruption et détruit la vie au nom du profit».Il a exhorté les acteurs à assumer pleinement leurs responsabilités face à ces logiques destructrices.
Mais cette conférence ne doit pas être une énième réunion internationale sans impact concret. Les défenseurs de l’environnement espèrent qu’elle sera bien plus qu’un simple rendez-vous diplomatique, mais aussi une occasion déterminante pour faire progresser les engagements, accélérer l’action et mobiliser pleinement l’ensemble des parties prenantes, tous les secteurs au-delà des frontières et des intérêts nationaux.
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