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Lutte contre la drogue : Zoom sur les antidotes

24 février 2025, 14:00

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Lutte contre la drogue : Zoom sur les antidotes

Danny Philippe (à g.), affirme qu’en raison de l’émergence de nouvelles drogues, il est nécessaire d’adopter une approche plus moderne. L’addictologue Kunal Naïk propose lui que le gouvernement collabore avec les pays ayant légalisé l’importation

Les organisations non gouvernementales (ONG) engagées dans la lutte contre la drogue ont eu une rencontre avec Sam Lauthan, le Senior Adviser en matière de drogue, la semaine dernière. Lors de la rencontre, le masterplan qui avait été élaboré par ces parties prenantes a à nouveau été exposé.

Danny Philippe, travailleur social et responsable de l’ONG Développement, rassemblement, information et prévention (DRIP), était présent à la rencontre. «Ce masterplan avait déjà été présenté à l’ancien gouvernement. Nous en avons parlé car ce n’est pas parce que le gouvernement a changé que le plan doit l’être aussi», explique-t-il. Cependant, il ajoute qu’avec les idées de tout le monde, il y aura peut-être des modifications au document.

Selon ce plan, tout d’abord, la méthode de prévention doit changer. «Il n’y a pas que l’influence des pairs ou la curiosité. Il y a aussi la pauvreté, les inégalités sociales ou encore le système d’éducation», dit Danny Philippe. Raison pour laquelle cette approche préventive doit être globale et holistique.

La prévention doit aussi commencer plus tôt, dès la petite enfance, d’autant plus que le rajeunissement et la féminisation des utilisateurs de drogue sont bien réels. *«Les parents doivent faire partie de ce plan.»*Le travailleur social avance que pour cela, il faudrait aussi avoir accès aux écoles. Pendant les dix dernières années, la situation s’est dégradée et l’accès aux établissements scolaires pour les ONG était très limité. Par la suite, il y a également tout le volet réduction des risques à mettre en place, surtout, souligne-t-il, que cette méthode a déjà démontré ses résultats en matière de lutte contre le VIH.

Le responsable de DRIP explique également qu’avec l’apparition des nouvelles drogues, il faut une approche moderne. Et pour permettre cela, il faut attirer les jeunes dans ce combat. «Il faut que les jeunes puissent apporter leur expertise. Et ça, ça passe définitivement par le budget. On a vu, les années précédentes, que le budget de la répression a augmenté, mais il y a toujours très peu pour la réhabilitation et la réduction des risques.»

L’autre gros point est le statut du cannabis. Kunal Naïk, addictologue, avance que pour éliminer les drogues chimiques, le gouvernement doit se mettre en partenariat avec les pays qui ont déjà passé l’étape de la légalisation pour l’importation, avec des taux de THC et de CBD fixés. «Le plan pourrait aussi être la vente des plantes, une à deux plantes par maison, le temps que le système se mette en place pour la production en masse localement», dit-il.

Danny Philippe, quant à lui, rappelle que pendant la campagne, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger avaient évoqué un changement dans les lois. Pour rappel, sur le plateau de Radio Plus, Paul Bérenger avait déclaré, concernant la dépénalisation, que «dan boukou pei pe al dan sa direksion-la. Depenaliz gandia pou izaz medikal, pou izaz personel, pa trafik. Sertennman, nou pou examinn lasoz avek bann travayer sosio konserne.» Il avait aussi exprimé son désaccord avec l’idée que le gandia soit une «gateway drug».

Danny Philippe fait savoir que des lettres en ce sens ont déjà été envoyées à plusieurs ministères, et qu’il est en attente de réponses et de rendez-vous pour ouvrir les discussions. «Lorsque nous parlons de légalisation, il faudra évidemment un cadre strict. Ce n’est pas que nous demandons à tous d’aller fumer», précise-t-il. Par exemple, il cite les pays comme la Thaïlande, où la consommation est légale mais interdite pour les moins de 20 ans et les femmes enceintes, entre autres. «De plus, c’est un moyen de remplir les caisses de l’État car il y a toute une industrie à développer.»

Quant au volet médical, il rappelle que la plante est nettement moins dangereuse que les médicaments à base d’opiacés.«De plus, la situation actuelle en partie est due aux prix. Le cannabis est bien plus cher que les drogues de synthèse alors qu’en Thaïlande, le prix est abordable.»

Cependant, pour que le plan dans sa globalité fonctionne, Danny Philippe avance qu’il faut absolument que tout le monde soit partie prenante des discussions. «Un select committee a été évoqué. Cela ne marchera pas si les utilisateurs de drogues ne sont pas écoutés.» Il avance aussi que face à la situation dynamique, le comité doit avoir des jeunes formés afin de venir de l’avant avec les dernières idées et méthodes de travail.

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