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Patrick Belcourt, leader d’En Avant Moris

«Ma tâche basique en politique est de convaincre surtout ceux qui ne sont pas de mon bord»

25 décembre 2023, 19:00

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«Ma tâche basique en politique est de convaincre surtout ceux qui ne sont pas de mon bord»

Après des rumeurs et insinuations, le leader d’En Avant Moris a annoncé, le 7 décembre, à la presse, le divorce officiel avec son partenaire, le Reform Party. Qualifiant ce mariage, entamé le 27 avril, d’échec, il «a souhaité bonne chance (…) et beaucoup de tempérance à Roshi Bhadain à l’avenir». Il revient pour «l’express» sur les circonstances de cette rupture inéluctable et s’exprime sur la situation de son parti.

L’actualité a été assez mouvementée pour vous après l’annonce de la cassure avec le Reform Party (RP). Quelles raisons ont mené à cette décision ? Certains membres d’En Avant Moris (EAM) ne voyaient pas, semble-t-il, d’un bon œil cette alliance dès le départ. Est-ce la décision de Roshi Bhadain de se présenter comme Premier ministre ? Est-ce son attitude, vu qu’il est souvent catalogué «d’arrogant» par ses adversaires politiques, qui a précipité la rupture ?

L’actualité était mouvementée pour nous ? Le seul mouvement que j’ai noté après l’annonce de la rupture, c’est le retour en masse de tous ceux qui n’avaient pas apprécié notre accord avec le RP et avec M. Bhadain en particulier. On ne pouvait le comprendre au départ mais il s’avère qu’une part importante de l’électorat du no 20 nous avait boudés en raison de cette alliance. Il s’agit surtout de personnes qui en veulent à M. Bhadain pour leurs pertes dans l’affaire BAI. Le seul mouvement que j’ai noté, c’est l’avalanche de messages de félicitations de ces personnes, qui se disent soulagées.

Certes, nous avons choisi de ne pas recourir aux grands déballages habituels et si M. Bhadain s’en trouve frustré, c’est compréhensible. Mais personne ne m’a fait le reproche de n’avoir pas tenu compte de sa dignité. Au contraire ! Mais, cela dit, je ne peux empêcher l’individu de se comporter de manière indigne. Il peut donc spéculer à loisir, il ne fera que démontrer la mauvaise foi de celui qui a été éconduit. En fait, comme beaucoup d’autres, M. Bhadain ne peut comprendre comment je parviens à réaliser certaines choses sans grands moyens. Comme quand j’obtiens une interview dans le journal Mazavaroo, qui pourtant est favorable au pouvoir.

Or, je conçois ma tâche en politique de manière très basique : il m’appartient de convaincre surtout ceux qui ne sont pas de mon bord. Cela le dépasse que je puisse tenir un langage de vérité envers le Premier ministre dans cette interview alors que lui s’est réduit au baisemain. Tous les fanatiques de la politique locale ont été surpris que, dans cette même interview, j’ai pu rendre hommage à la ténacité de Rajesh Bhagwan au no 20, à qui j’ai promis un combat loyal. Les fanatiques sont déboussolés. Ils ont le droit de penser que je déblatère mais qu’avons-nous constaté au meeting de Roshi Bhadain à Beau-Bassin ? Tenons-nous en aux faits: EAM n’y était pas et ce fut un bide !

L’annonce de la cassure, avant même le congrès du RP, a sans doute provoqué des étincelles. EAM et le RP sont-ils toujours en bons termes et pourrait-on assister à une réconciliation ?

Il n’y a que des enfants immatures qui s’attendent à ce type de revirement. C’est vrai qu’il y a des partis qui se sont engagés dans ce type de feuilleton mais je ne vois pas pourquoi on devrait se rabattre sur du réchauffé quand on sait préparer son repas.

Vous étiez présents à la rencontre des artistes vendredi dernier au centre social Marie-Reine-de-la-Paix. Que pensez-vous de la situation actuelle de l’événementiel et quelle est votre position par rapport aux artistes dans ce combat ?

Le problème de nos artistes est structurel et ne se résume pas à l’événementiel, qui est d’ordre conjoncturel. Ma position, c’est que les artistes sont des créateurs et que nous avons eu des ministres de la Culture qui ne sont jamais parvenus à comprendre les arts créatifs. On se retrouve ainsi avec un ministère incapable de soutenir les arts contemporains et qui n’a jamais été capable de cerner les œuvres de notre patrimoine qu’il importe de protéger; on se retrouve donc avec des fonctionnaires, qui ont toujours confondu l’art et le folklore. Est-ce que ce sont ces ministres, qui ont toujours eu l’esprit confus ou est-ce que ce sont nos différents Premiers ministres, qui n’y comprennent rien et ont toujours eu recours à des bouche-trous pour se conformer à leur quota communal ?

EAM prévoit-il une alliance avec un autre parti politique après le RP ? Y a-t-il un rapprochement avec le MSM en vue des prochaines élections ?

Il faut créditer M. Bhadain de quelques formules populaires. J’en retiens une où il ditqu’il importe aux menteurs de mettre de l’ordre dans leurs mensonges. Il faudrait qu’il ajoute le dicton: «Charité bien ordonnée commence par soi-même.» Il y a deux semaines, M. Bhadain a commencé par insinuer que nous nous étions rapprochés du Mouvement socialiste militant (MSM). Cette semaine, il affirme détenir des preuves de notre rapprochement avec le Parti travailliste (PTr). C’est quoi ce truc de malade ?

Demain, sera-t-il question d’un rapprochement avec le Parti Malin? Et vous viendrez à nouveau me poser des questions sur les élucubrations d’un farfelu? C’est votre métier de vérifier, n’est-ce pas ? Alors, je vous invite à le faire : est-ce que j’ai besoin d’un rapprochement avec le PTr pour une investiture au no 19 ou est-ce que cette circonscription est un bastion d’EAM ? Est-ce que nos troupes sont à l’œuvre au no 20 ou pas ? Sont-elles aussi à l’œuvre aux nos 17 et 18 ? Est-ce que ce sont les seules circonscriptions où EAM est présent ? Personne ne nous a vus venir. Pourquoi ? Parce que les cigales attirent toujours l’attention avec leurs grandes gueules ! Mais EAM, c’est une armée de fourmis, ce sont des citoyens qui se mobilisent et nous les aidons à s’organiser pour avancer en ordre de bataille.

Mais revenons à ces fameuses preuves de cette prétendue rencontre avec Pravind Jugnauth ou avec Navin Ramgoolam. Je peux vous affirmer que je n’ai rencontré ni l’un ni l’autre. Donc, nous sommes au moins trois à savoir que ces prétendues preuves n’existent que dans le délire paranoïaque de M. Bhadain !