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Au Blue Penny Museum

Malcolm de Chazal : Peintre du «bonheur au carré»

3 mars 2025, 14:00

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Malcolm de Chazal : Peintre du «bonheur au carré»

© Photos : Tony Fine

Plonger dans la diversité de l’œuvre de Malcolm de Chazal. En 40 tableaux, des séries de photos, un film, des livres, des aphorismes, l’éventail de la créativité de l’artiste pluridisciplinaire s’ouvre le jeudi 6 mars au Blue Penny Museum. L’exposition «Malcolm de Chazal» y restera visible jusqu’au 7 juin prochain.

Rassembler 40 tableaux de Malcolm de Chazal en un seul lieu. Des fleurs en pleine floraison, on dévale des yeux les flancs du Morne, pour tomber tête la première dans les pages manuscrites laissées par l’artiste (1902-1981). Dès jeudi, il sera à l’honneur au Blue Penny Museum. L’exposition intitulée Malcolm de Chazal restera visible jusqu’au 7 juin prochain.

Des fleurs se répondent d’un mur à l’autre. Un bateau tient dans la théière. Plus loin, la juxtaposition incongrue d’un poisson et d’un ananas. Le «culot» c’est que «cette exposition Malcolm de Chazal à Maurice n’est pas la même que celle montrée à Paris», affirme Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum. «Ce sont 40 autres tableaux qui n’ont pas été exposés à Paris.» Cela fait un mois que la grande exposition consacrée à Malcolm de Chazal, à la Halle Saint-Pierre à Paris, s’est achevée (voir hors texte).

À Port-Louis, place à l’illustration de la diversité de sujets et de genres auxquels de Chazal, le touche-à-tout s’est prêté. Par exemple, en admirant trois tableaux sur le Morne qui font bon voisinage. Le Morne c’est surtout l’un des endroits ayant inspiré l’artiste.

Le conservateur analyse : «Les gens disent que c’est de la peinture naïve parce qu’ils n’y connaissent rien. Quand on regarde bien, on voit un premier plan et puis tous les autres plans qui montent jusqu’au ciel. La perspective est très maîtrisée. Je crois que tout cela a été extrêmement pensé à l’avance.» Quand on suit le regard d’Emmanuel Richon, on voit les «cinq à six plans» dans un tableau qui semblait plat jusque-là. La «mer qui est noire, donc mystérieuse» est, pour lui, «très originale». L’utilisation de couleurs saturées dans des peintures à la gouache avec «un vrai rouge, un vrai jaune, cela fait du bien. On dit que Matisse est le peintre du bonheur, avec Chazal, il faut inventer le bonheur au carré. Il n’y a pas un seul tableau triste. Les seules peintures tristes que je lui connaisse sont les huiles réalisées au début de sa carrière». L’expo comprend une huile appartenant au conservateur. «Cela représente le moment où Chazal bascule vers le bonheur.» Et l’une des raretés de l’exposition : un pastel hélas un peu abîmé.

Le conservateur souligne aussi la façon qu’a Malcolm de Chazal de remplir l’espace, «jusqu’à la limite du cadre. C’est plein comme un œuf, à tel point qu’il en contorsionne sa signature dans le tableau».

L’exposition diffuse un film de Bernard Violet (auteur de deux ouvrages sur De Chazal aux éditions Philippe Rey) où l’on voit et entend l’artiste. Dans les vitrines, sont regroupées les nombreuses publications de l’artiste pluridisciplinaire. Parmi le Livre de conscience, les pièces de théâtre Iésou et Judas. Ou encore un livre sur les courses à l’occasion d’un anniversaire du Mauritius Turf Club.

Cette exposition n’est pas organisée en ordre chronologique, mais «aussi en fonction de nos goûts», confie le conservateur.


L’expo à Paris

Une expo «gigantesque» avec 160 tableaux, dont 80 de Maurice, s’est récemment achevée à Paris. Elle a eu lieu à la Halle Saint-Pierre, dans le 18e arrondissement. L’exposition a duré du 11 septembre 2024 au 19 janvier 2025. «Que Chazal ait été montré à la Halle Saint-Pierre pendant quatre mois, cela change pas mal de choses. Jusqu’à présent, on ne le prenait pas assez au sérieux. Chazal est à la fois très sérieux, spirituel et en même temps si on ne comprend pas qu’il a de l’humour», c’est passer à côté, souligne Emmanuel Richon. «Cela ne va pas se reproduire de sitôt». Le conservateur du Blue Penny Museum était commissaire de cette exposition avec Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre.

Le catalogue de l’exposition parisienne explique que «reconnu comme l’un des artistes mauriciens les plus importants du vingtième siècle, Malcolm de Chazal a été le visage emblématique de l’île Maurice largement diffusé en peinture. Mais il a aussi été son poète entre tous acclamé par des figures littéraires et artistiques majeures d’après-guerre».

Une exposition inimaginable à Maurice ? «On pourrait un jour. Le problème ce sont les moyens. On ne nous fait aucun cadeau.»

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