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Mandela, l’équité comme boussole

20 juillet 2025, 03:37

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Mandela, l’équité comme boussole

Dans le tumulte des postcoloniaux égarés, son souffle continue d’éclairer, surtout à Maurice, île polyphonique souvent muette face à l’injustice silencieuse.

Salué cette semaine par la communauté internationale et locale, qui célèbre son impact sur le monde, Nelson Mandela fut condamné à vie, le 12 juin 1964, pour avoir osé croire que les Noirs avaient droit au soleil. Il en sortit 27 ans plus tard, non pour se venger, mais pour tendre la main à ceux qui l’avaient tenu en cage. N’était-ce pas cela, le vrai leadership ? Non pas conquérir, mais guérir.

À Maurice, nous ne sortons pas de l’apartheid, mais nous vivons avec ses échos dissimulés : écoles aux vitesses inégales, codes postaux porteurs d’injustices, silences sur le mal logement, opacité des recrutements publics, quotas sans visage. Les inégalités, ici, ne sont plus raciales ; elles sont structurelles, économiques, sociales, mais leur violence n’est pas moindre. Or, le legs de Mandela, c’est justement cette capacité à désigner l’injustice sans haine, à nommer le tort sans désigner de coupable éternel. À parler de réparation sans obsession punitive. Il ne voulait pas l’effondrement d’un monde, mais la construction d’un autre.

Et c’est bien là que Maurice devrait entendre Mandela. Dans un pays qui se dit arc-en-ciel mais où les lignes de fracture s’entêtent, que fait-on concrètement pour garantir l’égalité des chances et l’équité ? À quoi bon scander inclusivité dans les discours si l’accès aux postes-clés reste tributaire des réseaux, des patronymes, de castes, des clins d’œil dans l’ombre ?

Mandela n’a jamais promis une société parfaite. Il a offert un cap : celui du dialogue et de la méritocratie réparatrice. Il a enseigné que la paix n’est pas l’absence de conflit, mais la gestion juste du désaccord. Que la dignité n’est pas un luxe, mais un droit. À nous, maintenant, de reprendre ce flambeau, non en mémoire d’un homme saint, mais pour honorer la politique dans ce qu’elle a de plus noble : l’émancipation de tous.

En ce Mandela Day 2025, souvenons-nous que l’équité n’est pas une affaire de fête, mais une discipline quotidienne, à enseigner dans nos écoles, à faire vivre dans nos administrations, à incarner dans nos nominations. Et que si un vieil homme a su, dans sa cellule, apprendre la langue de ses geôliers pour mieux les convaincre, alors rien n’excuse nos propres silences.

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