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Manifestes, mesurettes et mesures
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Manifestes, mesurettes et mesures
Depuis des décennies, à chaque échéance électorale, nous assistons au déferlement d’une communication bien rodée, où brochures et programmes sur papier glacé, tout en couleurs et en photos soignées, défilent sous nos yeux. Mais derrière cette vitrine léchée se cache un autre visage : celui d’une politique statique et calculée, conçue non pas forcément pour faire avancer notre pays, mais pour maintenir en place un système usé.
Nous restons insulaires dans notre vision tournée sur nous-mêmes et notre immobilisme politique (le Best Loser System devenu une farce reste d’actualité) et tradition dynastique. Nous oblitérons, dans notre empressement de manifester notre programme miracle, notre positionnement sur la mappemonde d’antan. Nous ne nous focalisons pas suffisamment sur le monde qui se transforme, en particulier sur notre continent africain, l’Asie et le Moyen-Orient, qui vont conditionner nos politiques et notre développement économique, en parallèle aux loyers sur les Chagos.
Les mesures promises jusqu’ici par les grands blocs politiques, qui reposent beaucoup sur le loyer en devises (rétroactif plus annuel) ne sont que des rustines apposées sur une machine rouillée, sans vision véritable de transformation. Elles ne font que recycler les vieilles recettes ethniques et perpétuer les mêmes inégalités socio-structurelles, sans oser prendre les taureaux par les cornes. Certes, pour reprendre le terme de XLD, il y aura un nivellement vers le haut (l’Alliance du changement propose une pension universelle à Rs 21 500 - Rs 1 500 de plus que le gouvernement sortant), tandis que celle de Lepep ferait passer le revenu minimum garanti à Rs 25 000 (et chaque enfant de 0-18 ans rapportera Rs 5 000 à ses parents ! et les femmes au foyer toucheront Rs 2 000, si Lepep reste au pouvoir).
L’express, dans sa mission, au jour le jour, contre vents et marées, a longtemps dénoncé ces manœuvres politiciennes qui misent sur le court terme au lieu de focaliser sur le long terme. Plutôt que de faire la simple promotion de ces demi-mesures, nous poussons en avant des idées et des réformes audacieuses, en oblitérant le sectarisme et la démagogie. C’est une bataille d’idées et de projets, pas une guéguerre de personnes ou de personnages.
Les chefs de partis traditionnels parlent souvent de «rupture». Mais qu’ont-ils fait de concret pour provoquer cette rupture qu’ils invoquent avec tant de désinvolture ? Rien. Ils préfèrent se complaire dans l’immobilisme, alignant leurs candidats selon des quotas ethniques soigneusement calculés, et maintenant ainsi un ordre social dépassé. Ce système, qui encourage le clientélisme et étouffe la créativité politique, ne fait que retarder l’émergence d’une société véritablement égalitaire et moderne.
Mais la rupture ne se fera pas par des promesses sans lendemain, ou des manifestes sur papier plastifié. Elle viendra par une refonte en profondeur de notre cadre politique, notamment à travers une révision radicale de notre Constitution, dont les détails doivent être communiqués et discutés durant la campagne.
L’express propose donc d’aller au-delà des simples ajustements cosmétiques. Notre pays mérite mieux. Ce que nous proposons, à travers nos diverses prises de position, c’est une deuxième Constitution, 100 % Made in Moris, qui donnerait enfin un sens à notre démocratie, un texte qui ne serait plus l’annexe d’un document colonial, mais bien le reflet des aspirations modernes et réelles des Mauriciens.
Cette nouvelle Constitution
Depuis 1963, nous avons réclamé des partis nationaux qui transcendent le découpage ethnique de notre société. Aujourd’hui, il est impératif de revoir en profondeur notre système électoral pour éliminer le Best Loser System, vestige d’une époque révolue. Nous proposons une Constitution où chaque Mauricien pourrait se présenter dans n’importe quelle circonscription, non en fonction de critères communautaires, mais en tant que citoyen égal parmi ses pairs. Il est temps de replacer la compétence citoyenne au cœur de la politique, et de marginaliser les dynasties familiales qui continuent de s’accrocher au pouvoir, en casant tous les autres esprits.
Un autre pilier de cette nouvelle Constitution serait la limitation des mandats pour le Premier ministre, les ministres et les députés. Deux mandats maximum, et puis basta. Ceux qui souhaitent encore servir leur pays pourront le faire à travers des engagements sociaux, mais il est grand temps de laisser place à de nouvelles idées, de nouvelles générations.
La représentativité féminine, jusqu’ici négligée, doit également être au centre de cette réforme. La politique mauricienne ne peut plus continuer à exclure la majeure partie de la moitié de sa population des instances décisionnelles. Nous plaidons pour une parité intégrale, afin que les voix des femmes soit enfin entendue au sein de notre Parlement et dans tous les autres espaces de pouvoir. Avoir un quota imposé ne veut, bien évidemment pas, dire que le mérite, l’empathie et l’intégrité de nos candidates ne seront pas considérés !
Enfin, cette nouvelle Constitution doit répondre aux défis contemporains. Il est impératif d’y inclure des engagements clairs en matière de justice climatique, de protection de l’environnement et de développement durable. Maurice doit se doter des moyens de faire face à l’urgence écologique. La préservation de notre biodiversité et la lutte contre les énergies fossiles doivent figurer parmi les priorités nationales, et être inscrites dans la Constitution.
On ne se contentera pas d’accompagner des réformes superficielles. Nous exigeons une transformation radicale, à la hauteur des défis que Maurice doit relever. La refonte de notre Constitution est un impératif, et elle doit s’accompagner d’un changement profond dans nos pratiques politiques. Nos propositions ne sont pas des demi-mesures. Elles sont la clé pour ouvrir une nouvelle ère de gouvernance, basée sur la compétence, l’égalité et l’engagement citoyen. Il en va de l’avenir de notre nation. Et de nos enfants.
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