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Manoj Bucktowonsing: Un maire mauricien chez les British
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Manoj Bucktowonsing: Un maire mauricien chez les British
Spelthorne Borough, district anglais adjacent à Londres, a un maire mauricien depuis le mois de mai. Mais Manoj Bucktowonsing n’a pas attendu qu’il accède à ce poste pour s’intéresser au travail communautaire. D’ailleurs, dès qu’il a atterri en Angleterre il y a 25 ans, il s’est engagé auprès de plusieurs organisations pour essayer de rendre la vie des citoyens plus agréable. En vacances à Maurice, il a accepté de parler de son parcours.
Il ne dira pas son âge. «Pa pou met sa dan piblik» plaisante-t-il, entre deux rires. Il est très loquace sur tout le reste. Surtout lorsqu’il parle des projets qu’il a pour son district, qui compte un peu plus de 95 000 habitants. «Le maire doit présider les réunions des élus du conseil de district, et il est crucial d’être impartial. Mon appartenance politique doit rester en dehors des décisions prises, surtout que j’ai un droit de vote sur celles-ci», dit-il. Et il doit aussi s’assurer que les habitants soient bien lotis. «Par exemple, nous prenons un soin particulier des personnes âgées qui sont seules et qui ont des difficultés à être autonomes. Il y a plusieurs aides qui leur sont accordées.» Parmi celles-ci, un aide-ménager une heure par jour. Puis, une compagnie s’occupe de leur préparer leurs repas et les dépose chez eux.
Il n’y a pas que les seniors. Manoj Bucktowonsing s’assure aussi de l’avenir des jeunes de son district. Il en faut pour pérenniser la région. Une des mesures est le financement de leurs projets. Pour illustrer ce qu’il fait, il cite l’exemple de Shark Tank. «Ils viennent présenter leur projet. Et les quatre gagnants ont une somme d’environ £ 4 000. Le grand gagnant, lui, a un peu plus. Cela les aide à développer l’esprit d’entrepreneur», souligne l’édile. Le soutien ne s’arrête pas là. Ces jeunes sont soutenus dans toute la partie administrative de mise en place de leur business, ils sont des aides financières, des facilités pour contracter des prêts, des aides pour obtenir leurs permis nécessaires, entre autres. En 10 ans, plus de 100 projets ont ainsi vu le jour dans le district, et c’est un programme que Manoj Bucktowonsing entend bien faire durer encore longtemps.
Quant aux démunis, la région a aussi mis en place une banque de nourriture à partir de dons du public. Par la suite, des ONG s’organisent pour en distribuer aux nécessiteux. «Il ne faut pas croire qu’en Angleterre, ou en Europe d’ailleurs, que tout le monde roule sur l’or», rappelle le maire.
Long parcours communautaire
Avant de se lancer en politique, Manoj Bucktowonsing était à la présidence de HealthWatch, une organisation qui agit comme chien de garde concernant la santé publique. Dans le domaine, il en connaît un rayon, puisqu’il y travaille. Actuellement, il est directeur des services du National Health Service, le secteur de santé publique. «HealthWatch est une organisation indépendante qui a un statut légal. Elle est reconnue par l’État», précise-t-il. Cette instance s’occupe d’effectuer des visites surprises dans les établissements de santé gérés par le gouvernement et soumet des rapports et des recommandations, du point de vue des utilisateurs des services, sur la qualité des soins. «Ce qui est bien, c’est que nous nous intéressons aux choses basiques, comme la liste d’attente», dit-il. Il a aussi été dans d’autres service clubs, comme le Rotary, où il a aussi été jusqu’au poste d’*Assistant Governor *de la branche londonienne.
Le travail communautaire le suit jusque dans son job. Pendant la pandémie, il était responsable du Surrey Heartlands Clinical Commissioning Group et a géré l’administration de plus de 1,5 million de doses de vaccins contre le Covid-19. «J’ai toujours été animé par la passion du travail communautaire. À un moment, je me suis dit que je pouvais et devais faire plus. J’ai donc rejoint le Labour Party en 2018. Puis, à un moment, j’ai eu l’occasion d’être candidat pour les élections de Spelthorne Borough. J’ai été élu comme conseiller en 2023. Chaque maire a un mandat d’un an. Cette année, ma candidature a été proposée pour le poste, et j’ai été élu maire.» Manoj Bucktowonsing confie que ce n’est pas nouveau, car le travail de maire, c’est justement de créer et maintenir les liens entre les habitants de son district. «Nou souvan dir dan Langleter, bann dimounn pa konn zot vwazin. Li pa tro vre. Si sakenn fer sa zefor koz ek lot la, ban lien la kre.» Et lui, il aide à cela. Un des exemples est la mise en place des associations de résidents pour parler du bien-être des villes du district. Ou encore, des questionnaires qu’il envoie aux habitants pour recueillir leurs doléances et entamer le dialogue avec eux.
Traditions
Être maire est certainement un rôle qui marque à vie. Un de ses plus beaux souvenirs est son élection. Déjà, l’épouse du maire est aussi flanquée du titre de mayoress.«C’est un pays très attaché à la tradition et aux protocoles. À l’élection, le maire porte tout l’attirail, de la cape au collier», raconte-t-il. Puis, peu après son élection, il a participé à un autre événement hautement traditionnel. «Jadis, les représentants du roi voyageaient dans le pays pour vérifier les pierres marquant les délimitations des bourgs. Cette tradition est maintenue jusqu’à présent. Récemment, le maire de Londres y a participé. Il vient en bateau pour voir la pierre marquant la délimitation de Spelthorne Borough.» La pierre originale, ajoute-t-il, a été déplacée dans le musée du district pour la mettre à l’abri de potentiel actes de vandalisme, et une réplique trône désormais sur le lieu de délimitation.
Impossible de ne pas aborder la question politique avec un homme politique. Il prend alors le ton de la fonction. «En Angleterre, la population a accepté le programme du Labour Party. Maintenant, le défi est d’être à la hauteur des attentes.» Et que pense-t-il de la politique de Maurice ? Pas grand-chose car il n’a pas suivi les récents développements.
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