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Environnement
Manque d’hygiène publique et incivisme malgré les poubelles
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Environnement
Manque d’hygiène publique et incivisme malgré les poubelles
Entre déchets non triés et comportements inciviques, l’idéal de propreté et de gestion responsable s’évapore dans la pratique.
La responsabilité d’une telle situation revient tant aux foyers qu’aux collectivités locales. Le comportement de bon nombre de citoyens devant une poubelle laisse beaucoup à désirer. Le recours au tri des déchets préconisé aux termes de la promulgation par la Seine, ancien département français, des arrêtés du 24 novembre 1883 et du 7 mars 1884, est resté lettre morte dans la plupart de cas d’administration locale à Maurice.
S’il lui était possible de franchir l’infranchissable frontière qui sépare la vie spatio-temporelle de celle qui survient après la mort de quelqu’un, Eugène Poubelle, – à qui on doit l’existence de poubelles et l’obligation d’instaurer un système de tri des déchets ménagers – et qu’on lui donne la possibilité de visiter les sites où il existe un semblant de système de gestion des ordures ménagères, aurait été bien déçu. Il le serait davantage en constatant que dans huit cas sur dix, le système de tri qu’il a préconisé pour bien séparer les déchets ménagers est resté lettre morte 116 ans cinq mois et 16 jours après sa mort.
Il ne faut pas visiter une armada de poubelles pour s’en rendre. Qu’est-ce qu’on peut voir dans les poubelles un 2 janvier, voire le premier jour de l’an ? Une situation qui ne suit pas la logique des années qui consiste à faire de la place à ce qu’il y a de nouveau. Vous voulez vraiment y faire un petit tour ? La poubelle est une structure semblable à une maisonnette en dur, construite dans le but d’accueillir des déchets ménagers en provenance des immeubles, un peu dans les mêmes conditions qui ont amené Eugène Poubelle, alors préfet de la Seine pour tant soit peu améliorer le niveau d’hygiène à Paris. Ouvrez la porte. Mais surtout, portez un masque autour de la bouche et du nez. On ne vend pas de parfum dans une poubelle.
Tri des déchets : une pour les matières putrescibles, une pour le papier et les chiffons et une autre pour le verre, la faïence et les coquilles d’huître, dans un esprit d’améliorer l’hygiène publique comme Eugène Poubelle l’a préconisé. Un peu plus de 116 ans après sa mort, dans une grande partie des poubelles situées surtout au niveau des agglomérations où les gens vivent en immeuble, cette mesure est ignorée. Si les déchets sont mis dans un sac en plastique, on risque fort de le trouver sans que l’ouverture ait été fermement attachée.
Autrement, les ordures, même les restes de nourriture, sont jetées à même le sol. «Que voulez-vous que je fasse ?» déclare un des résidents d’un immeuble pris en flagrant délit. «Je suis un pensionné et ne compte que sur la pension de vieillesse pour vivre. Je n’ai pas les moyens d’acheter des sacs en plastique pour déposer mes déchets à chaque fois que je viens ici pour les déposer. D’ailleurs, cela ne sert à rien. Car ces poubelles reçoivent régulièrement la visite de personnes étrangères aux lieux qui sont à la recherche de je-ne-sais-quoi. Elles déchirent les sacs en plastique et répandent à même le sol nos déchets.»
C’est une situation qu’Eugène Poubelle n’avait pas prévue. En effet, ils sont nombreux ceux qui, à la tombée de la nuit ou durant les heures ouvrables, envahissent les poubelles. À mains nues, ils fouillent tout ce qui s’y trouve. On aurait pu volontairement se faire illusion en estimant que ce sont les acteurs de la première phase de ce modèle économique, dit économie circulaire, en raison de son ambition à produire des biens et des services de manière responsable avec un esprit de combattre la consommation. Et surtout limiter son impact sur l’environnement en mettant en place un système de recyclage. Il n’y a rien de tel.
Les poubelles que nous avons visitées n’appartiennent pas à des immeubles où vivent les gens riches. Cependant, en examinant les types de produits qu’on y trouve, on peut s’offrir l’idée que ce petit monde ne reste pas indifférent aux attraits d’une société de consommation. Il n’est pas rare de tomber sur l’emballage qui a protégé un écran géant entre son site de production et la maison de son nouveau propriétaire.
Elle est longue la liste de produits que l’on peut voir dans une poubelle le 2 janvier. Ce sont entre autres : de vieux livres ou articles d’un autre temps, comme des magnétophones ; des jouets qui ont fait leur temps ; de vieux vêtements que les propriétaires n’ont pas pris la peine de remettre à associations caritatives ; des restes de repas et les charançons qui les accompagnent ; des bouteilles de boissons gazeuses ; des canettes de bière ; des bouteilles de bière, de vin et de whisky ; de vieux matelas ou encore réfrigérateurs ; des couches pour bébé et adultes ; des restes de matériaux de construction ; un nombre impressionnant de cartons d’emballage qui contiennent d’autres types d’ordures ; de vieux ustensiles de cuisine de vieux meubles ; du plastique contenant des restes d’enveloppes de papier ayant protégé la charge des pétards contre tout risque d’explosion, et des mégots de cigarettes.
En examinant les emballages, on se rend compte que les personnes ont acheté des produits de consommation, la célébration des fêtes de fin d’année ayant dans une grande mesure incité certains à s’offrir un petit surplus de plaisir. Ces poubelles sont ni plus ni moins que le reflet d’une société où la hantise de consommer tout ce qui bouge s’est installée pour de bon, mais qui ne tient pas compte des effets que ce système de consommation peuvent avoir sur la vie sociale si rien n’est entrepris pour en limiter l’impact.
Rares sont les cas où un système de nettoyage s’accompagne parallèlement d’un souci pour créer un environnement où règne la propreté. Que dire des dégâts causés par des chiens errants parce que quelqu’un a oublié de refermer la porte derrière lui après y avoir déposé ses déchets. Il y a toute une liste de… comportements qui s’affiche aux alentours des poubelles. Ce sont, entre autres attitudes, le «foutpamalisme», le peu d’égard pour l’environnement et les autres, et le manque de civisme qui se manifeste lorsqu’un individu préfère jeter ses ordures dans la rue au lieu d’aller les déposer dans une poubelle.
Qu’à cela ne tienne, les concitoyens avec de très bonnes intentions veulent apporter leur contribution pour garder leur environnement immédiat propre, ou font des efforts pour mettre de l’ordre dans les poubelles. Hélas, ils ne sont malheureusement pas nombreux face à l’attitude de ceux qui pensent qu’une poubelle n’existe pas pour contribuer à l’amélioration du niveau de propreté, tant des foyers que de la société en général, mais un lieu où le public consommateur peut donner libre cours à des comportements qui ne sont ni plus ni moins que la manifestation d’un manque de civisme aigu. À contraindre Eugène Poubelle à se retourner mille fois dans sa tombe. Et devant des autorités qui laissent pourrir la situation.
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