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Journée mondiale des animaux dans les laboratoires

Maurice épinglée pour son rôle dans le commerce mondial de singes

27 avril 2025, 15:00

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Maurice épinglée pour son rôle dans le commerce mondial de singes

À l’occasion de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires, observée le mercredi 24 avril, une coalition d’organisations de défense des animaux a rendu publiques des images exclusives provenant du centre de rétention de singes Camarney, situé en Espagne. Ces images mettent en lumière les conditions préoccupantes dans lesquelles vivent les macaques exportés de Maurice.

Selon l’organisation non gouvernementale (ONG), Monkey Massacre in Mauritius, ce centre appartient à Noveprim, désormais majoritairement contrôlé par le géant américain Charles River Laboratories. Depuis 2022, cette entreprise de tests contractuels est engagée dans une procédure judiciaire aux États-Unis pour avoir importé illégalement des singes capturés dans la nature au Cambodge, faussement étiquetés comme issus de l’élevage.

«Dans le même temps, des dizaines de pièges à singes, certains mesurant jusqu’à 30 mètres sur 30, ont été retrouvés un peu partout à Maurice, y compris dans des zones résidentielles et sur des terres de l’État, où ce type d’activité n’avait jamais été observé à une telle échelle», explique l’ONG. Les activistes estiment que cette recrudescence est liée à la pression croissante sur Maurice pour approvisionner le marché international. Le centre Camarney, situé à Camarles en Espagne, n’est pas le seul à accueillir des macaques mauriciens. D’autres infrastructures similaires existent aux États-Unis et en Europe, comme BC FL LLC en Floride, appartenant à Bioculture. Ces singes y sont souvent reproduits ou conservés, tout en étant présentés comme provenant de Maurice.

Des voix s’élèvent pour questionner les retombées financières réelles pour le pays. Les élevages locaux expédient en effet des macaques principalement capturés dans la nature (F0) vers des centres de reproduction à l’étranger. Les singes nés en captivité (F1) présentent en effet un faible taux de reproduction, en raison du stress, du manque d’activité physique et de problèmes de santé comme le diabète ou un taux de cholestérol élevé. D’après les chiffres disponibles, environ 182 000 macaques à longue queue ont été exportés depuis Maurice au cours de la dernière décennie, dont 30 000 à destination de Camarney. Début 2025, un lot de 200 singes y a été expédié depuis Noveprim – Charles River Laboratories. Peu après, un incendie s’est déclaré dans l’établissement, mais le nombre de singes morts ou euthanasiés à cause de l’inhalation de fumée reste inconnu.

Rs 500 millions

Le plan gouvernemental visant à promouvoir l’expérimentation animale à grande échelle à Maurice suscite également de vives inquiétudes. Les associations y voient une tentative de légitimer cette industrie, sans répondre aux problématiques éthiques et sanitaires. Même si des essais sont effectués localement pour réduire les coûts de transport, les exportations vers l’étranger devraient se poursuivre. En 2024, le Centre national de la recherche scientifique en France aurait attribué un contrat à une ferme mauricienne située dans un parc national pour fournir 500 femelles reproductrices pour un montant de Rs 500 millions.

Cette année, les ONG Monkey Massacre in Mauritius, One Voice (France) et Abolición Vivisección (Espagne) s’unissent pour dénoncer le sort réservé aux macaques mauriciens, tant sur le territoire qu’à l’étranger. Selon elles, alors que l’attention médiatique se porte souvent sur la présence de quelques singes errants dans certaines régions, le véritable enjeu est ailleurs. «Maurice est aujourd’hui le principal fournisseur mondial de singes destinés aux laboratoires», avance Monkey Massacre in Mauritius. Les associations appellent à une plus grande transparence, à une surveillance renforcée et à une remise en question du coût moral et économique de ce commerce encore peu connu du grand public.

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