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Dr Renganaden Padayachy

«Maurice sera une ‘Rs1 trillion economy’ en 2029»

1 juin 2024, 17:00

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«Maurice sera une ‘Rs1 trillion economy’ en 2029»

Dr Renganaden Padayachy, Ministre des Finances.

• «L’Article IV Staff Report confirme aussi que notre PIB a dépassé son niveau d’avant la pandémie»

• «En un mot, le FMI valide notre politique socio-économique centrée sur l’humain»

• Le FMI rappelle que le chômage total est tombé à 6,3 % au troisième trimestre 2023, son niveau le plus bas depuis 27 ans.

• «Je suis confiant en notre capacité à dépasser les prévisions du FMI et ainsi réaliser une croissance de 6,5 % en 2024»

• «Le Budget 2024-2025 sera empreint de la philosophie de ce gouvernement – c.-à-d. une politique économique qui crée de la croissance, réduit les inégalités et nous permet de lutter contre le changement climatique»

Après la réunion du board du FMI le 15 mai dernier pour examiner le cas de Maurice, le très attendu «Article IV Staff Report» a été publié. Ce document de 74 pages retrace la trajectoire économique post-Covid de Maurice et propose des recommandations pour que le pays retrouve le rang de «high income country». Le Grand Argentier, Dr Renganaden Padayachy, répond en exclusivité aux questions de «l’express» à une semaine du discours du Budget 2024-2025.

Que retenez-vous du rapport de l’Article IV du FMI ?

C’est à mon sens un Article IV équilibré, qui résulte de consultations détaillées et étendues sur plus d’un mois entre les autorités et les représentants du FMI.

Cet Article IV reconnaît clairement l’efficacité de la stratégie économique du gouvernement et salue les mesures de soutien mises en place depuis le Covid-19. C’est d’ailleurs ce qu’écrit le FMI dans les tout premiers paragraphes du rapport, qui indique, je cite, «les politiques de soutien ont également facilité la forte reprise, y compris les mesures fiscales». Le rapport confirme aussi que notre PIB a dépassé son niveau d’avant la pandémie. Le FMI prévoit même que Maurice soit une «Rs 1 trillion economy» en 2029. Ce n’est pas rien !

Autre sujet qui me tient à cœur, celui de la réduction des inégalités comme levier de croissance. C’est la base de la philosophie du gouvernement de notre Premier ministre, l’Hon. Pravind Kumar Jugnauth. Conformément à cette stratégie visant à promouvoir une croissance inclusive, le FMI, en se basant sur la diminution du coefficient de Gini de 0,392 en 2017 à 0,304 en 2022, évalué par Maurice Stratégie, reconnaît que l’inégalité et d’autres indicateurs sociaux se sont améliorés, reflétant une croissance robuste et les programmes sociaux publics. En un mot, le FMI valide notre politique socio-économique centrée sur l’humain.

Bien entendu, l’un des grands apports de ce tandem vertueux croissance-égalité mis en avant par le FMI est celui d’un chômage historiquement bas. Je partage l’analyse du FMI qui souligne que le taux de chômage à Maurice a baissé, soutenu par des mesures proactives, telles que la Prime à l’Emploi. Le FMI rappelle ainsi que le chômage total est tombé à 6,3 % au troisième trimestre 2023, son niveau le plus bas depuis 27 ans.

Pour 2024, le FMI table sur une croissance à 4,9%, alors que vous avancez le chiffre de 6,5 %. Comment expliquez-vous cet écart ?

Churchill avait pour habitude de dire que «plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur». Regardez dans le rétroviseur les prévisions du FMI pour Maurice de 2022 et 2023 et vous comprendrez vite où je veux en venir pour 2024.

Durant ces deux dernières années, le FMI a dans ses projections largement et systématiquement sous-estimé la croissance du PIB de Maurice. Dans son World Economic Outlook d’avril 2022, le FMI projetait une croissance de 6,1 % en 2022 pour Maurice, nous avons clôturé l’année à 8,9 %. Même chose en 2023. Le FMI ne croyait pas non plus à la projection des autorités mauriciennes d’une croissance de 7 % en 2023, ne prévoyant que 5,1 % de croissance dans son World Economic Outlook d’octobre 2023. Nous y sommes pourtant à nouveau parvenus. Force est de constater que le FMI a, dans cet Article IV, revu à la hausse ses chiffres initiaux pour s’aligner avec ceux des autorités locales. Je suis donc confiant en notre capacité à dépasser les prévisions du FMI et ainsi réaliser une croissance de 6,5 % en 2024. Le premier trimestre de 2024 a d’ailleurs très bien démarré avec des entrées de FDI, des recettes touristiques et des ventes de voitures neuves à un excellent niveau.

Le FMI avance plusieurs recommandations pour assurer la résilience et la durabilité de l’économie mauricienne, en lien avec la dette publique, le changement climatique et le vieillissement de la population. Comment les accueillez-vous ?

Du côté de la consolidation fiscale, le FMI note avec satisfaction que «la dette publique a diminué au cours de l’exercice 2022-2023» et indique que cette baisse doit être poursuivie. Je crois que la baisse du ratio de dette publique sur PIB depuis 2021 parle d’elle-même. Ce gouvernement a mis en place une stratégie de consolidation fiscale qui fonctionne, en misant sur une croissance robuste et inclusive. Maurice est l’un des seuls pays au monde à avoir réussi à diminuer son ratio de dette publique par près de 20 %. De 91,9 % en juin 2021, nous avons pour objectif qu’elle baisse à 75 % en juin de cette année et en dessous des 60 % au moyen terme.

Pour ce qui est du changement climatique, le FMI indique que construire la résilience de Maurice aux chocs climatiques doit être une priorité nationale. Cela ne fait aucun doute, nous nous accordons sur ce point. Il nous faut poursuivre le verdissement de notre économie et déployer les moyens nécessaires pour nous adapter à un dérèglement climatique dont nous souffrons déjà.

Enfin, en ce qui concerne la démographie, il est clair que Maurice doit continuer à s’ouvrir pour augmenter la taille de sa population, et notamment ses forces vives pour soutenir une croissance économique robuste assortie de progrès social pour tous les Mauriciens. Singapour, que beaucoup considèrent comme un modèle intéressant pour Maurice, a fait de l’ouverture à l’international une des raisons de son succès.

Le Budget 2024-2025 prendra-t-il en compte les pistes du FMI ?

Ce que je peux vous dire du Budget 2024-2025, c’est qu’il sera empreint de la philosophie de ce gouvernement. C’est-à-dire une politique économique qui crée de la croissance, réduit les inégalités et nous permet de lutter contre le changement climatique.

Pour le reste, vous le découvrirez dans le détail dans quelques jours. Les équipes du ministère sont pleinement mobilisées. Nous sommes dans la dernière ligne droite avant la présentation du discours du Budget à l’Assemblée le 7 juin prochain. Je suis confiant et serein.