C’est sous un beau soleil, au rythme des pas de danse et au son de l’accordéon que la 9ᵉ édition de la Journée de la culture rodriguaise s’est ouverte au Centre Nelson Mandela pour la culture africaine et créole, ce dimanche 6 juillet matin.

La cérémonie protocolaire s’est tenue devant un parterre d’invités composé du Premier ministre, Navin Ramgoolam, du Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, ainsi que de plusieurs membres du Parlement, de Franceau Grandcourt, Chef commissaire de Rodrigues, de Jean Margéot Ravina, président du mouvement Solidarité Rodrigues, et d’Olivier Bancoult, entre autres.

Cet événement tant attendu par les Mauriciens comme par les Rodriguais est, comme l’a souligné le directeur du Centre Nelson Mandela, Stéphan Karghoo, dans son discours, «une reconnaissance envers la culture rodriguaise» et reflète l’engagement du centre dans «la promotion et la préservation» de cette culture.

Jean Margéot Ravina a, lui, mis en avant les revendications des Rodriguais. Son discours a été ponctué par l’arrivée d’un défilé composé de plusieurs personnes portant des pancartes illustrant les thèmes forts de son intervention, dont la demande d’une parcelle de terrain pour la mise sur pied de Lakaz Rodrigues – une maison d’accueil pour les Rodriguais qui servirait aussi de centre de formation. Jean Margéot Ravina a également demandé au Chef commissaire de Rodrigues de renouveler le Grant Memorandum dont bénéficiait chaque année le Mouvement Solidarité Rodrigues.

Davantage de Rodriguais à Maurice qu’à Rodrigues

Franceau Grandcourt a rappelé que le nombre de Rodriguais vivant à Maurice est plus important que ceux vivant à Rodrigues : 60 000 à Maurice contre 45 000 à Rodrigues. Il a encouragé les Rodriguais à s’engager davantage dans la construction de la République de Maurice.

Il a expliqué que Rodrigues fournit déjà Maurice en légumes et que cela pourrait être le cas également pour le poisson, à condition de disposer des infrastructures nécessaires, comme l’aéroport actuellement en projet.

« Fode pa Rodrig perdi so lam. Nou anvi Rodrig vinn konplemanter a Moris. Nou pou ranforsi sa kpnplemantarite-la ek nou pou devlop Rodrig. »

Il a notamment invité le Premier ministre, le Deputy Prime Minister et les autres ministres à se rendre à Rodrigues dans le cadre de la fête de l’Autonomie, prévue le 8 octobre prochain.

De son côté, le ministre Mahendra Gondeea a fait ressortir que depuis 2018, aucun accord n’a été signé avec Rodrigues pour le développement des arts et de la culture.«Se enn insilt, me nou pou travay avek zot. Biento, nou pou vinn avek enn MOU pou amenn bann artist rodrige lor bann gran lasenn.»

État archipel

Le Deputy Prime Minister a, lui, fait référence à Maurice en tant que «vaste État archipel». Il a rappelé que «nou napa enn ti pei kan nou pran lil prinsipal, plis Rodrig, St Brandon, ena enn sinkantenn ti zil otour Moris, ek ankor plis kan nou azout bann Chagos. Ek demain, nou pou regagn nou souvrennte lor Tromelin osi».

Il a aussi fait ressortir qu’un projet visant à étendre le plateau continental de Rodrigues est en cours. Paul Bérenger a souligné que ce vaste État archipel dispose d’une richesse et d’un «potentiel de développement extraordinaire». Le Deputy Prime Minister s’est dit fier d’avoir fait en sorte, dès 1978, que Madagascar ne revendique pas la souveraineté sur Tromelin, pour que ce soit Maurice qui le fasse.

Parlant de Rodrigues, il a félicité la Rodrigues Regional Assembly qui travaille à faire entrer la langue kreol au Parlement rodriguais. Malgré les ressemblances entre Maurice et Rodrigues, Paul Bérenger reconnaît que des différences existent.

«Fode pa ki sa bann diferans-la diviz nou ; zot bizin anrisi nou. Fode pa ki lotonomi diviz Rodrige zordi. Fode amelior sa lotonomi-la ek aprofondi li.»

Répondant à l’invitation de Franceau Grandcourt, Paul Bérenger a fait ressortir que le gouvernement se rendra certainement à Rodrigues en octobre.

Etendre l’aéroport de Plaine Corail

Tout en soulignant l’importance de la culture et en affirmant que Rodrigues ne doit pas perdre son âme, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a également fait référence à Maurice comme un «État océanique» : «Dimounn pa realize ki nou napa enn ti pei. Nous sommes un État océanique qui comprend Rodrigues, Agaléga, Chagos, et j’espère bientôt Tromelin. Nou pli gran ki plizier pei eropeen ensam. Nou ena enn gran lavenir ladan. C’est pourquoi il nous faut toujours rester unis. Nous devons garder nos spécificités, mais il nous faut nous rappeler que nous avons un grand avenir ensemble.»

En ce qui concerne Rodrigues, il s’est dit touché par le sens de l’accueil et le respect de l’environnement des Rodriguais. Il a également souligné la nécessité d’étendre l’aéroport de Plaine Corail.

« Il y a aussi un CT-Scan à Rodrigues qui ne fonctionne plus. C’est un outil important pour la santé. Nous allons le remplacer. »

Lors de son allocution, le Premier ministre a notamment fait rire l’assistance par diverses anecdotes.

Visite en Inde

Répondant aux questions de la presse, il a expliqué qu’à l’invitation de l’Inde, une visite dans la Grande péninsule était en préparation.

Le Premier ministre, accompagné du Deputy Prime Minister et des invités, a ensuite visité les divers étals mis sur pied pour l’occasion : piments confits, achards de toutes sortes, tournes, gâteaux pistache et coco, riz, maïs, haricots rouges… n’attendaient que le public venu nombreux célébrer la richesse du patrimoine rodriguais.