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Parlement

Même à l’ajournement, la parole est supprimée

11 juillet 2024, 20:30

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Même à l’ajournement, la parole est supprimée

Le speaker avait prévenu, le 2 juillet : les questions concernant les collectivités locales seront interdites. Sooroojdev Phokeer avait expliqué qu’il avait dû prendre cette décision car il avait remarqué qu’il y en avait trop venant de l’opposition et de la majorité. C’est vrai que ces derniers en abusent alors que l’opposition se concentre plus sur les sujets nationaux. Toujours est-il que Sooroojdev Phokeer a réalisé tardivement que le standing order 21 (2) n’était pas respecté. L’ennui, c’est qu’il sera parfois difficile de dire si une question est d’importance nationale même si elle concerne un endroit spécifique.

En tout cas, les questions, adressées, par exemple, au ministre des Infrastructures nationales par un backbencher du gouvernement et qui visent en fait à permettre au ministre de faire la propagande des travaux dans une circonscription, ne seront plus autorisées pour le peu de temps qu’il reste avant les élections législatives.

C’est pourquoi, lors de la conférence de l’opposition mardi, Osman Mahomed a regretté cette décision du speaker, tout en ajoutant que les sujets régionaux ne pourraient être soulevés que deux fois par mois lors de l’ajournement des travaux. Or, le même mardi au soir, lorsque ce député travailliste a voulu évoquer les problèmes rencontrés par ses mandants sous les adjournment matters, le speaker a trouvé une autre parade pour l’en empêcher. En fait, Sooroojdev Phokeer avait commencé la scène dès le discours de Reza Uteem sur le Water Resources Bill. À la fin des débats sur ce projet de loi, le speaker se préparait à quitter l’Assemblée nationale lorsque la clerk lui a rappelé qu’il fallait rester car c’était l’heure des adjournment matters. On l’a alors vu rebrousser chemin d’un pas lourd pour regagner son perchoir. Il paraissait fatigué et semblait vouloir rentrer. Il faut dire que Sooroojdev Phokeer était au poste depuis 11 h 30 et il n’a pas laissé Zahid Nazurally le remplacer, comme cela se faisait auparavant.

Pas de «standing order»

Quand Joanna Bérenger a levé la main pour soulever le problème d’évacuation d’eau à la route Granum à Vacoas, Sooroojdev Phokeer a fait remarquer à la députée mauve, d’un ton badin, qu’elle ne s’était pas mise debout le matin à l’arrivée du speaker. Et d’exiger des excuses, que la députée n’a pas présentées. On a entendu, confusément, quelqu’un répondre que l’opposition refuse depuis longtemps de se mettre debout à son arrivée. S’est ensuivie une longue discussion entre la députée et le speaker qui ne s’est cependant point énervé. Pourquoi ? On l’ignore. Il a fait la même remarque à Osman Mahomed. Celui-ci lui a répondu qu’il n’y a aucun standing order qui contraint un député à se lever devant le speaker. «Par contre, les adjournment matters figurent bien dans les standing orders.» Privé d’argument, Sooroojdev Phokeer lui a répondu, toujours d’un air enjoué, que c’est la pratique que de se mettre debout devant le speaker. Pendant ces échanges, Joanna Bérenger lui a rappelé qu’ils étaient en train de perdre du temps et qu’il fallait laisser les députés faire leur travail. Se mettant debout et titubant légèrement, le speaker a alors pris la direction de la sortie. Il n’y a pas eu d’adjournment matters. On pouvait entendre un député lancer : «Li sou. Li sou.»

Pour un député de l’opposition, «Sooroojdev a agi en bon agent du MSM : il ne veut pas que les députés de l’opposition s’occupent des problèmes de leur circonscription et cela, à la veille des élections. C’est pour cela qu’il a interdit les questions relatives aux affaires régionales au gouvernement et c’est pour cela qu’il a aujourd’hui trouvé un prétexte pour ne pas considérer les requêtes de l’opposition lors de l’ajournement.»

Xavier-Luc Duval a réagi hier : «Le speaker s’emporte et s’excite à la moindre provocation. Les députés de l’opposition se sentent opprimés et trouvent que l’espace démocratique au Parlement rétrécit de séance en séance. La situation devient insupportable. Il faut absolument trouver une solution.»