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Pamplemousses-Triolet

Même «returning officer» qu’en 2019 au no 5 : le spectre du T-Square effectue un retour en règle

13 octobre 2024, 20:05

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Même «returning officer» qu’en 2019 au no 5 : le spectre du T-Square effectue un retour en règle

Medaven Armoogum, magistrat «returning officer» en 2019 au no 5, a de nouveau été désigné pour superviser le scrutin de 2024 dans cette même circonscription.

Les élections générales de 2019 ont été marquées par une controverse inhabituelle dans la circonscription no 5 (Pamplemousses/ Triolet), où l’utilisation d’un T-Square pour «ranger» des bulletins de vote a suscité de nombreuses interrogations, donnant naissance même au challenge #lareg. Medaven Armoogum, returning officer en poste lors de cet épisode, a de nouveau été désigné pour superviser le scrutin dans cette même circonscription pour les élections générales de novembre 2024. Cette décision soulève des inquiétudes, alors que certains craignent que les mêmes polémiques ne resurgissent.

«Pour l’affaire du T-Square, plusieurs questions demeurent sans réponse. Le bureau électoral fournit-il réellement ces outils ? Et si un officier ouvre et referme une urne, comment les agents des partis présents dans la salle peuvent-ils ne rien voir ?» lâche un professionnel de la construction qui habite dans la circonscription no 5. Selon lui, le T-Square est «l’arme du crime» et, puisque «le coupable» a reconnu son acte, il serait légitime de le confronter publiquement. «Nous savons qui a utilisé cette règle, mais aucune démonstration n’a été faite pour montrer comment elle a été employée pour organiser les bulletins. Cela a semé le doute, qui n’a fait que croître», déplore-t-il. Pour lui, si le vote est sacré, quelle est la légalité de l’usage d’un T-Square pour manipuler des bulletins ?

Commentant cette fameuse affaire, Krishna Virahsawmy, proche du Parti travailliste, avance que «physiquement, il est impossible que les bulletins soient rangés parfaitement de A à Z dès l’ouverture d’une boîte. Même si chaque bulletin était plié de la même manière, c’est un travail de magicien». Il accorde toutefois le bénéfice du doute à Medaven Armoogum, soulignant qu’il doit accomplir son devoir correctement. Cependant, il estime qu’il aurait été plus judicieux de le nommer dans une autre circonscription. «Cela ressemble à une provocation», dit-il, d’autant que le chef de file du Parti travailliste, qui a maintes fois fait part de ses craintes quant à «bann eleksion kokin», sera candidat dans cette circonscription.

Lors d’une conférence de presse après la controverse des dernières législatives, le returning officer avait expliqué avoir demandé aux fonctionnaires de ranger les bulletins pour économiser de l’espace. Une semaine plus tard, la polémique a éclaté et un challenge a été créé sur les réseaux sociaux, avec une récompense de Rs 100 000 promise à ceux qui pourraient reproduire l’exploit… Le magistrat de profession, qui exerce à la cour intermédiaire, avait été précisé qu’il ne s’agissait pas d’un seul fonctionnaire, mais de plusieurs agents ayant participé à cette tâche, utilisant T-Squares, de longues règles et même de gros bâtons pour réaliser ce rangement.

Medaven Armoogum avait reconnu comprendre le scepticisme croissant des Mauriciens. Il avait affirmé qu’il n’avait rien à gagner en mentant, et avait insisté sur le fait que le système électoral en place était conçu pour prévenir toute forme de fraude. Selon lui, des agents de tous bords assistaient à l’exercice de dépouillement pour en garantir le bon déroulement. Le returning officer avait également défendu la faisabilité de ranger les bulletins de vote de la manière décrite, affirmant que cela n’était pas du «tampering». Car il n’avait aucunement changé le contenu de la boîte ou manipulé les votes.