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Immigration : Menace ou réelle opportunité pour Maurice ?
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Immigration : Menace ou réelle opportunité pour Maurice ?

Cet article essaie de clarifier la notion d’immigré avant de décortiquer toutes les catégories d’immigrés présents à Maurice et leurs réalités de vie. Il fait ensuite une estimation du nombre d’immigrés en 2025 et une projection pour 2030. Il constate les impacts et conséquences d’une décennie d’immigration «débridée» et analyse les contributions réelles – ou non – des différentes catégories d’immigrés à l’économie. Finalement, il essaie de dégager les grandes lignes d’une éventuelle politique migratoire pour ces catégories d’immigrés, qui nous apporteront une «valeur ajoutée» et nous aideront à relever nos défis structurels («brain-drain», pénurie de main-d’œuvre, population vieillissante, décroissance démographique, etc.), par une intégration effective dans la société mauricienne.
Boulangeries, supermarchés, restaurants, stations-service, sites de construction, etc. Les travailleurs étrangers y sont omniprésents et, ces dernières années, de plus en plus dans toutes les sphères de la vie des Mauriciens. Et ils le seront davantage, à l’avenir : dans le Budget 2024-25, le ratio travailleurs étrangers/Mauriciens a été éliminé dans plusieurs secteurs et le salaire d’un travailleur étranger abaissé. Et dans le discours du Budget 2025-26, il est dit clairement : «We are expediting the recruitment of foreign labour and skills. This will be through a fast-track and simplified rules-based work permit system to be managed by the EDB.» Et les préjugés envers ces travailleurs – surtout les «banglas» ainsi surnommés sur les réseaux sociaux – ne seront que plus tenaces. Tout aussi révélateur dans le dernier sondage d’Afrobarometer 2024, au chapitre Tolérance envers les Immigrés, 48 % des personnes sondées ne souhaitent pas les avoir (comprenez, les travailleurs immigrés) comme voisins, chiffre qui augmente avec le… niveau d’éducation (52 % des universitaires).
Qu’est-ce qu’un immigré ?
Tout d’abord, ne faudrait-il pas remettre en perspective le mot «immigré» ? Étymologiquement, en français, il désigne une personne qui a quitté son pays d’origine pour s’installer et vivre dans un autre pays, de manière durable et presque définitive. Ainsi, nos «immigrés» devraient se référer non seulement à ces travailleurs immigrés mais aussi à ces étudiants et nombreux cadres-expatriés ou retraités venus s’installer avec leurs familles, voire ces richissimes étrangers venus profiter de notre soleil dans leurs gated communities dans le Nord et l’Ouest. Nos autorités semblent avoir oublié ce point. Dans notre précédent article publié, en juin 2024, dans l’express, Maurice : quelle politique migratoire ?, nous nous élevions longuement contre cette politique migratoire, au jour le jour, et souhaitions une vraie politique migratoire plus holistique. Il semble que la situation, à ce jour, n’ait guère changé…
Différentes catégories d’immigrés … quelques faits
Au fil des budgets de 2014 à 2024, différentes catégories d’immigrés furent chaudement invitées à venir à Maurice. Cette politique d’immigration, presque au jour le jour, fut gérée tant bien que mal par différents organismes (EDB) et ministères (PMO, PIO, Travail, Éducation et Sécurité sociale). Ainsi, vouloir connaître le nombre réel d’immigrés-résidents (at any one time) relève d’un vrai parcours de combattant : le nombre total de work permits du ministère du Travail n’équivaut pas au nombre d’étrangers, travaillant et vivant à Maurice. Statistics Mauritius a un gros travail de consolidation à faire. Le nombre de work permits (48 458 en mars 2025) n’inclut pas les autres cadres, étudiants, retraités et richissimes étrangers. Il est temps que ces données soient centralisées. Cette faiblesse institutionnelle a été soulignée dans le rapport de l’International Organisation for Migration (IOM) : Assessment of National Migration Data in Mauritius (Feb. 2022). Ceci pourrait expliquer notre incapacité à dégager une politique globale d’immigration.
Face à cet imbroglio, il serait judicieux de survoler ces catégories d’immigrés en commençant par les plus visibles en nombre. Ainsi, à mars 2025, les 48 458 travailleurs immigrés proviennent principalement du sous-continent indien : Bangladesh (46 %), Inde (32 %), Népal (7 %) ; d’Afrique : Madagascar (11 %) et Kenya (1 %) et autres pays (3 %) en se basant sur les work permits de 2023. Vu le manque de main-d’œuvre, ces travailleurs sont recrutés surtout pour le secteur manufacturier (55 %), la construction (29 %), le commerce (5 %), l’agriculture (4 %), les hôtels/restaurants (2 %), et d’autres secteurs (5 %).
L’impact économique de ce groupe d’immigrés semble relativement considérable sur le pays : pour 2024, selon les chiffres de la Banque de Maurice, les travailleurs du sous-continent indien (Bangladesh, Inde, Népal) ont envoyé à leurs familles des fonds d’une valeur de Rs 2,4 milliards. Il est acquis désormais que sans ces travailleurs immigrés, certains secteurs économiques seraient à l’arrêt. Moins visible (aux yeux des Mauriciens), une catégorie d’immigrés – les richissimes étrangers – est bien présente, dans leurs gated communities. Dans les budgets des précédents régimes, plusieurs schemes ont été mis en place, avec un certain succès, pour promouvoir le Real Estate Investment à leur intention: Integrated Resort Scheme (IRS) 2001, Real Estate Scheme (RES) 2007, Property Development Scheme (PDS) 2015, Invest Hotel Scheme et Smart City Scheme (SCS) 2015. Il ne faudrait pas oublier le Senior Living Residence Scheme qui visait à promouvoir une Silver Economy, attirant des seniors étrangers pour de très longs séjours, boostant tant l’immobilier que les services gériatriques et médicaux.
Les bénéficiaires de ces schemes obtenaient de facto avec leur villa/ appartement haut de gamme, un Occupational Permit, un Residence Permit, voire après plusieurs années une Permanent Residence. On peut noter sur le website de l’Economic Development Board (EDB, 2025) que 17100 expatriés, venant principalement de la France, l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, en ont bénéficié ces dernières années. Dans la foulée, il serait intéressant de noter ce que la firme internationale de consultants Henley & Partners (Wealth Management), dit de Maurice dans son rapport annuel The Africa Wealth Report 2024. En 2023, le pays comptait 5 100 millionnaires en dollars et 15 centi-millionnaires en dollars. Le petit village de Grand-Baie comptait, à lui seul, 900 millionnaires en dollars et 5 centi-millionnaires en dollars, sur une population de 12 000 habitants. Il est considéré comme la… ville africaine ayant eu la plus grande croissance de millionnaires (en dollars) sur la période 2013-2023 (+95 %). Il semblerait donc que ces divers schemes aient porté leurs fruits…
Une autre catégorie d’immigrés relativement discrète sur le sol mauricien car quelque peu immergée dans certaines villes ou villages côtiers du Nord ou de l’Ouest : celle des cadres intermédiaires, venus avec leurs familles. Recrutés de l’Inde, de la France, ou de l’Afrique du Sud pour leurs compétences spécifiques dans certains secteurs – Santé (médecins, infirmiers), ICT/ BPO, Finance, Hôtellerie (chefs) ou Commerce – ils viennent pallier un manque de ressources humaines à ce niveau. Soumis au même régime d’Occupational Permit, ils se distinguent des richissimes étrangers par un niveau de vie bien plus sobre. Cela dit, il est dommage de constater que ces cadres étrangers se mélangent peu aux Mauriciens, du point de vue social…
La dernière catégorie, relativement plus jeune, est celle d’étudiants étrangers. Selon le blog de l’EDB (en août 2024), il y aurait environ 4 800 étudiants étrangers (juillet 2024) venant principalement de l’Inde (43 %), de Madagascar (15 %) et de pays africains, de France et des Seychelles. Les filières d’études sont essentiellement : Médecine (39 %), IT (13 %), Management (10 %), Marketing (10 %), Tourisme (7 %) Ils se répartissent sur nos principaux campus : UoM, Uniciti, Curtin, African Leadership College HE, entre autres. Un scheme – le Young Professional Occupation Permit (YPOP) – leur est dédié : après la licence, ils peuvent travailler jusqu’à un maximum de 3 ans, renouvelable. Et dans le Budget 2025-26, les autorités envisagent de doubler leur nombre d’ici 3 ans.
Estimation osée du nombre total d’immigrés : 2025 et 2030
Il est assez énigmatique, quand il s’agit de migration, que les autorités ne se réfèrent qu’au chiffre de Work Permits des travailleurs immigrés (ministère du Travail uniquement), oblitérant les Occupation Permits des immigrés moyens et haut de gamme. Oubli ou méconnaissance ? Un État qui se respecte, devrait considérer le nombre TOTAL d’immigrés, dans sa politique migratoire globale, s’il en a une. Ainsi, si nous osions une estimation du total d’immigrés en 2025, avec les chiffres susmentionnés, nous aurions environ 70 358 immigrés (48 458 +17 100 + 4 800) selon l’estimation la plus faible.
Avec la nouvelle politique fast-track du nouveau gouvernement en matière de Work Permits, on pourrait estimer que d’ici 2030, la barre des 100 000 immigrés serait largement dépassée. Avec une population de 1 244 477 (déc. 2024), sur un déclin constant, en raison d’un taux de fertilité en baisse combinée à une population vieillissante et une émigration croissante (malheureusement, sans de vrais chiffres officiels fiables) de nos meilleurs éléments, Maurice semble être assis, pour les années futures, sur une vraie bombe sociale, qui n’a pas encore explosé… Impacts et conséquences d’une décennie d’immigration débridée La politique d’immigration de ces dernières années, sans réelle vision d’ensemble, semble avoir eu des impacts et conséquences socio-économiques non seulement sur les locaux mais aussi sur les immigrés.
⦁ Discrimination institutionnelle travailleurs immigrés vs cadres/expats/ richissimes étrangers
Le dernier atelier de travail du Charles Telfair Centre, en mai 2025, sur la politique migratoire de Maurice, (avec la participation du gouvernement, du secteur privé, de la société civile, d’universitaires, d’organisations internationales) a bien souligné la différence de traitement institutionnel des travailleurs immigrés comparé aux cadres /expats. Iniquité en matière de droits, lenteur bureaucratique pour un permis de travail, règlements arbitraires pour les travailleurs immigrés alors que les cadres /expats sont valorisés comme des assets pour l’économie et bénéficient d’un fast-track pour leurs démarches administratives. «High-skilled migrants are granted the right to both live and work in Mauritius. In contrast, low-skilled migrants face a more restricted reality: they live under employer control, are tied to company-provided housing, and have little room for economic or social mobility.» Blin et Fraser (2025).
⦁ Un cadre légal défaillant en matière migratoire
Sous la pression de la demande de travailleurs immigrés pour des secteurs en manque de main-d’œuvre, Maurice a quelque peu négligé l’aspect légal. Ces dernières années, le pays a souvent été épinglé par la presse étrangère et certains organismes de contrôle (rapports du Dept. d’État américain) pour les maltraitances subies (exploitation, logements insalubres…). Profitant du fait que ces travailleurs sont peu organisés (faible couverture syndicale), les employeurs font souvent du lobbying pour une séparation légale dans nos lois (Workers Rights Act) pour les travailleurs immigrés. Il est réconfortant que le nouveau ministre du Travail semble conscient de cela et qu’un comité interministériel travaille déjà pour une meilleure protection de ces travailleurs.
⦁ Faible intégration sociale effective des immigrés
Malheureusement, presque toutes les différentes catégories d’immigrés s’intègrent difficilement dans la société mauricienne. Des immigrés haut de gamme dans leurs gated communities aux cadres intermédiaires, en passant par les travailleurs immigrés, les barrières sociales et culturelles freinent la mixité. Il faut reconnaître que les autorités n’ont rien fait pour favoriser une meilleure intégration des uns et des autres. Cette ségrégation spatiale risque de s’accentuer davantage avec la venue de plus d’immigrés, dans les années à venir.
⦁ Hausse du prix des terres et de l’immobilier
En 2015, les autorités décidèrent de revamp les IRS et autres RES à travers le PDS et lancèrent aussi le fameux SCS, qui se basant sur le concept Live, Work, Play, voulait créer de nouvelles «villes intelligentes» avec de généreuses exonérations fiscales aux promoteurs. Aux investisseurs étrangers, le scheme promettait des avantages attractifs en matière d’exonérations d’impôts et de permis de résidence. Les Smart Cities de Beau-Plan, Mon-Choisy, Savannah Connected Countryside et Moka, entre autres, sortirent de terre… Alors que le prix des terres et de l’immobilier étaient déjà élevés, leur construction les a rendu quasiment exorbitants pour le Mauricien moyen. Nos jeunes, s’ils pouvaient se permettre le luxe d’un emprunt bancaire, devraient s’endetter à vie pour une simple maison et évidemment, les Smart Cities sont inaccessibles pour 80 % de Mauriciens : cet exercice purement foncier n’étant fait qu’au profit de quelques-uns. Il est heureux de constater que le Budget 2025-26 a supprimé les incitations fiscales aux Smart Cities et augmenté la taxe sur la vente des terres aux étrangers : de revenus substantiels au pays pour les 3 prochaines années. Mais, le mal est déjà fait : les prix des terres et de l’immobilier ne vont plus baisser…
⦁ Des immigrés en compétition avec les Mauriciens pour certains postes
Dans les derniers budgets de l’ancien régime, le quota d’étrangers a été graduellement aboli dans certains secteurs : port franc, ICT-BPO, bijouterie et secteur manufacturier. Inévitablement, cela a créé une certaine peur parmi les syndicats qui pensent que les employeurs pourraient préférer des travailleurs étrangers… Il est vrai que cette «concurrence» se pose pour les emplois peu qualifiés (transport, nettoyage…) et dans certains secteurs, pour des postes de cadres (managers étrangers qui viennent diriger, alors que des compétences existent en interne). Si cette tendance continue, il y a des risques que cela exacerbe davantage les tensions industrielles et sociales existantes. Est-il donc étonnant, d’après le Sondage d’Afrobarometer 2024, que 50 % des personnes interrogées considèrent «l’impact économique» des travailleurs étrangers «très mauvais» ?
**Quelle contribution réelle des catégories d’immigrés au pays… **
Il serait important de voir l’apport réel des différentes catégories d’immigrés, en fonction des besoins du pays à moyen et long termes. Cela permettrait de dégager les grandes lignes d’une éventuelle politique migratoire globale… En revoyant les différentes catégories, il serait judicieux d’identifier ceux qui ont positivement contribué à l’avancement du pays et d’autres qui n’y ont rien contribué, voire ont été même parfois néfastes à notre économie. Dans cette dernière catégorie, il semble approprié de revoir totalement la contribution des trois catégories d’immigrés sous-mentionnées qui n’auront pas vraiment aidé au développement du pays :
⦁ Richissimes étrangers : À part d’avoir booster ces dernières années l’Investissement direct étranger (IDE) à l’item Real Estate, en acquérant leur résidence à des dizaines de millions de roupies, ces investissements n’ont malheureusement pas eu d’effet multiplicateur, en termes de création d’emplois et autres activités annexes. Pire, cela a fait «flamber» le prix des terres et de l’immobilier pour les Mauriciens. On comprend ainsi les mesures pour ce secteur (Budget 2025-26) : la priorité économique est autre, du moins pour l’instant.
⦁ Retraités : Les seniors étrangers ne sont pas venus en masse pour développer cette fameuse Silver Economy, qui n’a pas vraiment décollé. Indirectement, ils ont aussi fait «flamber» le prix de l’immobilier, avec leurs acquisitions.
⦁ Cadres étrangers : Certains cadres (français et sud-africains surtout, au Nord et à l’Ouest) ont simplement fui leur pays et leurs compétences ne sont pas vraiment recherchées car ils en existent déjà dans le pays. Quant aux auto-entrepreneurs, genre digital nomads, on aimerait comprendre leur contribution réelle à notre économie. Par contre, le pays devrait ouvrir les bras davantage aux cinq catégories ci-dessous, après études des cas, car non seulement ils apportent de la réelle «valeur ajoutée» à notre économie mais ils pourraient aussi compenser (à moyen et long termes) notre déficience en main-d’œuvre, la diminution de la population active, le vieillissement de la population, voire la décroissance démographique :
⦁ Investisseurs : Notre IDE devrait comporter davantage d’investissements productifs, Greenfield Investments, avec à la clé : création d’emplois et autres activités relatives. Encourager ce type d’investisseurs serait plus bénéfique à notre économie qu’inciter la venue de richissimes étrangers passifs.
⦁ Cadres : Certains secteurs économiques (finance, médical, ICT/ BPO…) manquent toujours drastiquement de personnel d’encadrement. Les autorités devraient recruter rigoureusement ces cadres étrangers dont les compétences manquent justement à notre économie et qui pourraient s’intégrer avec leurs familles dans la société mauricienne à moyen et long termes.
⦁ Travailleurs migrants : Ils sont sans doute les plus demandés dans plusieurs secteurs (construction, boulangerie, agriculture…) qui font face à un manque persistant de main-d’œuvre. Certains travailleurs résident et travaillent déjà à Maurice depuis cinq, voire dix ans, sans leur famille. Est-ce vraiment humain ? Ne serait-il pas envisageable que ces immigrés avec cinq à dix ans de résidence, de les intégrer, avec leur famille, à la société mauricienne. Ils n’en seront que davantage productifs, entourés de leur famille.
⦁ Étudiants : Après l’obtention de leur first degree, les étudiants peuvent, sous le YPOP, travailler un maximum de trois ans dans le pays. Ne serait-il pas souhaitable d’inviter ceux qui le désirent à continuer l’aventure, en s’intégrant pleinement dans la société mauricienne. Ils pourraient, à moyen terme, remplacer nos jeunes talents qui partent. ⦁ Diaspora mauricienne: Un groupe qu’il faudrait accueillir à bras ouverts, sans restriction aucune, en toute priorité, eu égard à nos affinités et leurs compétences. En espérant que le Diaspora Scheme du Budget 2025-26 soit, suffisamment attractif pour les inciter à revenir plus nombreux au pays natal.
Bref, une nouvelle politique migratoire devrait effectuer un judicieux ciblage de ceux et celles qui nous apportent de la «valeur ajoutée» à court terme et qui nous permettent à moyen et long termes de répondre aux défis de pénurie de main-d’œuvre, de vieillissement de la population et de décroissance démographique.
Le dernier rapport d’AXYS – The hands that build Mauritius : Challenges, Opportunities and the future of Labour (mars 2025) – indique que depuis 2010, 3 500 personnes émigrent chaque année mais que la population active devrait baisser de 11,7% en 2038, voire 36,8 % en 2063. L’urgence est de mise. Donc, une immigration ciblée des cinq catégories d’immigrés et leur intégration graduelle et effective dans la société mauricienne devraient permettre de répondre aux défis structurels susmentionnés.
Développer une véritable politique migratoire globale
Une politique migratoire doit être globale et tenir compte non seulement des catégories d’immigrés mais aussi des aspects socio-économiques, politiques et culturels. Il serait souhaitable que le travail du comité interministériel sur les «travailleurs étrangers» dépasse ce simple cadre et analyse le problème migratoire dans son ensemble. Il faudrait trois conditions préalables pour développer une veritable politique migratoire globale :
- Une étude pluridisciplinaire sur l’immigration des dernières années à Maurice
Depuis une décennie, l’immigration a été surtout faite d’une façon débridée, au gré des lobbys économiques. Néanmoins, en tant que puissant outil de croissance économique, elle doit être davantage réfléchie et règlementée. Une étude pluridisciplinaire approfondie serait nécessaire pour déterminer l’impact socio-économique actuel des différentes catégories d’immigrés sur l’économie (coûts/bénéfices, contribution au PIB…) et dessiner l’ébauche d’une immigration ciblée sur des communautés d’immigrés qui n’apporteraient que de la «valeur ajoutée» à notre économie.
- Un département dédié rattaché à un ministère (PMO ou Travail).
Ce département de l’Immigration coordonnerait les activités de tous les organismes ou départements liés à l’immigration, centraliserait toutes les données (en lien avec Statistics Mauritius) et planifierait nos besoins en main-d’œuvre des divers secteurs. Les permis de travail et éventuellement de résidence pour tous les immigrés seraient du ressort de ce département, qui évaluerait, au préalable, les besoins du pays.
3.Un plan d’intégration à moyen terme des migrants
Un plan d’intégration est primordial afin que les migrants s’intègrent plus rapidement et contribuer au plus vite à l’avancement de leur pays d’accueil. Les grandes lignes comporteraient :
⦁ Accès aux ressources : logement décent, services de santé, éducation des enfants, loisirs.
⦁ Soutien à l’adaptation : cours de langues, orientation, interaction sociale.
⦁ Participation à la vie citoyenne : infos sur les droits civiques.
⦁ Suivi et évaluation régulière de la situation des migrants.
Conclusion
Selon le rapport d’AXYS (mars 2025), la population mauricienne va décroitre de 5,8 % en 2038, voire 27 % en 2063… Il y aurait donc urgence. Et si une immigration ciblée et une intégration effective des immigrés étaient la solution à nos défis structurels ? brain-drain des meilleurs talents (étudiants étrangers de YPOP), pénurie de main-d’œuvre (travailleurs immigrés et cadres), diminution de la population active (travailleurs immigrés et cadres), vieillissement de la population (jeunes étudiants étrangers), une décroissance démographique (nouveaux cadres, travailleurs immigrés, jeunes étudiants étrangers et diaspora). Angela Merkel semblait l’avoir bien compris : «L’immigration n’est pas le problème. C’est une partie de la solution.»
SOURCES :
Charles Telfair Centre juin 2025): «Mauritius’ New Migration Dynamics: Strategies for Shared Prosperity». (CTC National Workshop).
Henley &Partners: «The Africa Wealth Report 2024». www.henleyglobal.com
IOM (UN Migration). Feb. 2022: «Assessment of National Migration Data in Mauritius».
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