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Transport maritime et importations

Menace sur les prix: Notre roupie compte pour du beurre

30 juin 2024, 19:00

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Menace sur les prix:  Notre roupie compte pour du beurre

Les coûts du transport maritime, amplifiés par des tensions géopolitiques et des perturbations logistiques, continueront à peser sur le coût de la vie à Maurice. Les récentes attaques des Houthis (groupe armé appartenant à un courant de l’islam chiite, le zaydisme, très répandu au Yémen) ont gravement perturbé le transit par la mer Rouge, voie maritime essentielle reliée au canal de Suez, qui voit passer entre 10 et 15 % du commerce mondial. Cette situation a intensifié les défis pour les chaînes d’approvisionnement mondiales, entraînant une augmentation des tarifs de fret (prix du transport des marchandises) depuis mai, maintenue jusqu’à aujourd’hui. Si l’on compare les données de novembre 2023 à juin 2024, l’on peut constater la hausse drastique des prix du fret (voir tableaux comparatifs de novembre 2023 et mai/juin 2024 ci-contre) – source : Association des professionnels des transitaires).

«L’industrie maritime fait face à une multitude de problèmes. Et cela devrait durer encore quelque temps. Dans le meilleur des cas, nous attendons un retour à la normale vers début août. Dans le pire des cas, cela pourrait être en février 2025», estime Yousouf Delbar, porte-parole de l’Association des professionnels des transitaires. Cette hausse des prix du fret vient s’ajouter au fardeau des consommateurs. L’augmentation du coût du fret se répercute déjà sur les prix déjà élevés. Parallèlement, la dévaluation de la roupie mauricienne implique que les importateurs doivent payer plus cher en roupies pour importer les produits de consommation. À titre comparatif entre juin 2022 et juin 2024, il faut compter Rs 2,49 de plus pour acheter un dollar américain. Cela représente une dépréciation de la roupie de 5,48 % par rapport au dollar américain (voir tableau).

Ainsi du côté des points de vente, il est observé que pas moins de 90 % des consommateurs souffrent de ces augmentations constantes. «Il y a trois catégories de clients : ceux qui ne considèrent pas le prix (en minorité), ceux qui réduisent leurs achats habituels comme le fromage Kraft pour des marques moins chères, et ceux qui rencontrent des difficultés constantes et ne peuvent même pas acheter les produits essentiels en quantité suffisante», cite comme exemple Yusuf Sambon, directeur de Lolo Hypermarket et importateur.

Outre la hausse des prix, un manque de certains produits est notable sur le marché. Les déviations des lignes maritimes dues à la perturbation du transit par la mer Rouge font que les navires doivent emprunter des routes beaucoup plus longues. Cette perturbation cause des engorgements dans les ports de Singapour, de Malaisie, de Shanghai en Chine et de Barcelone en Espagne, peut-on lire dans la presse internationale. Cela entraîne non seulement des retards mais aussi des annulations de départs prévus pour les navires.

Ces retards dans l’arrivée des navires, causant des délais de deux à trois semaines voire d’un mois, créent le manque de certains produits qui sont ainsi en rupture sur le marché, souligne Yusuf Sambon. «Nous pouvons constituer un stock pour deux à trois mois, mais pas pour six mois. Nous ne pouvons pas engager autant de trésorerie. De plus, avec les milliers de produits importés, nous manquons d’espace de stockage.» Par ailleurs, l’importateur souligne que le plus gros problème réside dans le manque de devises. «Nous ne recevons pas les montants nécessaires en devises demandées. Cela nous affecte car nous avons besoin de devises pour payer nos produits. Lorsque nous ne pouvons pas effectuer ces paiements, nos fournisseurs nous jugent différemment. Ce problème se répercute à tous les niveaux.»

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