À l’heure du tout à l’image et du buzz sans suite, «l’express» souhaite faire découvrir la plume de poètes, de chanteurs, d’écrivains et de tous ceux qui jettent leur âme sur le papier, et qui mettent en mots des réflexions profondes.

Mes jambes érigées

face aux périls

Se souvenant des injustices

commises à son corps fragile.

Sur la fleur de lys,

marqué aux fers, au dos,

Une oreille marquante,

châtiment de son bourreau.

Je naquis et fus élevé

en prisonnier

Comme un boeuf, entraîné

pour labourer et récolter

les terres immenses

de Mon détenteur.

Car aux enchères,

il fut déclaré Mon acheteur.

La force de mes muscles,

ma ténacité

bâties, dans l’adversité,

par le fouet.

Les arides journées,

ma gorge désaltérée

désirant, aux crépuscules,

être jeté et oublié

pour enfin être allongé sur le sol

et soupirer.

Ne pouvant plus subir l’atrocité,

de nouveau, la fuite je pris,

je me suis évadé.

Mes jambes à Mon cou,

sans relâche,

avant d’être épuisé.

Mais monté à quatre,

il m’a facilement rattrapé

À sa Vue, j’ai crié, désolé

de ne pas pouvoir lui échapper.

Il ria, il descendit pour

venir me récupérer.

Dans ma tête, la douleur

d’une autre oreille coupée

et le marquage,

d’une nouvelle fleur de lys,

me firent lamenter.

Angoissé, j’ai reculé

jusqu’au bout d’une falaise.

À la Vue de sa profondeur,

j’ai ressenti un malaise.

Tu es coincé marron,

monsieur m’a lancé

avant de prendre son arme,

son fouet.

Tout confus, mes mains sur la tête,

j’étais dépourvu de pensées.

Dans le vacarme, j’ai entendu

mon âme me disant :

Il est préférable

de mourir aujourd’hui

que de décéder quotidiennement

Avec cette foi, je laissai

mon pied glisser

Avant d’atterrir au sol, écrasé.

Le son du rompement de mes os

fut allégorique aux brisements

de mes chaînes.

Comme une femme

en douleur qui accouchait,

je libérais mon souffle en coupant

le cordon de l’esclavage

en poussant un grand cri,

avant de sombrer dans l’au-delà.

La mer me porta dans ses bras

me berçant aux chants de ses vagues

avant de me déposer au berceau

dans ses profondeurs.

Bio

Vikram Ballgobin

Morax Muerte is a poet turned slammer in 2022, with his first performance at an event organised by SlamUp Poésie. Currently working in the Procurement section, he still devotes his time to writing poetry. His motto is to make his audience ponder on issues and travel through his words. A keen participant of slam.mu, he has presented «Ene Fam Coolie» for International Women’s Day this year.