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Révocation du ministre Vikram Hurdoyal

«Mo pé rétourn dan mo karo trap mo pios»

13 février 2024, 12:08

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«Mo pé rétourn dan mo karo trap mo pios»

La nouvelle est tombée dimanche soir sur la page Facebook du Government Information Service. Le ministre de l’Agro-industrie Vikram Hurdoyal a été révoqué de son poste. Pourquoi ? La raison officielle n’a toujours pas été évoquée et elle est si bien gardée que même le principal concerné n’était pas au courant à sa descente d’avion hier matin.

«Je viens d’apprendre la nouvelle. Dès que je suis arrivé à Maurice, j’ai allumé les données mobiles sur mon téléphone. J’ai vu des milliers de messages sur mon téléphone me disant ‘bon courage’. Je n’ai pas compris cette décision. Comme tout le monde, j’ai été choqué. Personne ne m’a parlé pour me dire que j’ai été révoqué d’autant que je reviens d’une visite privée pour des raisons médicales. J’en ai profité pour visiter les membres de ma famille en France et des connaissances», nous dira l’ex-ministre d’une voix tremblante. Ses privilèges VIP, il les a laissés pour prendre le passage normal comme tout citoyen. Sa voiture, la belle VH115 (reprise dès hier) ou encore son tout dernier Range Rover, il les a rangés chez lui et se déplace en taxi.

Pourquoi est-il triste, au bord des larmes ? «Mo tousel minis ki kapav travay san lapay, san sofer pou mo péi. Tou séki mo’nn fer tou dévélopman, sakrifié mo fami, mo lasanté. Mo bien tris kan mo aprann sa.» Marchant en poussant à bout de forces ses valises, Vikram Hurdoyal prendra le temps de nous parler, ne ratant pas du regard les agents du National Security Service (NSS) postés ici et là qui le surveillent, mais aussi d’autres hommes peu commodes qui ne manquent pas une scène de la situation. «Je ne dirais pas que c’est injuste car j’ai un immense respect pour le Premier ministre et sa famille qui m’ont accueilli, soutenu. Je ne dirais pas que je faisais de la politique, mais plus du social. Après le district council, je me suis présenté comme candidat face à Navin Ramgoolam et si vous vous en souvenez, je l’ai battu par plus de 6 000 voix d’écart. Croyez-moi, c’est très triste ce qui se passe aujourd’hui. J’ai mal au cœur.»

Le ministre révoqué estime que cette décision ne reflète en rien la reconnaissance qu’on lui devait pour tout ce qu’il a fait. «J’ai travaillé corps et âme pour la circonscription no 10 . Tout mon salaire allait dans le social et j’ai même vendu une partie de mon terrain pour financer des dons aux plus démunis. J’ai fait tout ça pour avoir un résultat comme ça. Dan sa péi-la, bon dimounn pa gagn rézilta. Apré set-an mo al fer private visit mo gagn sa. Sé bien, mo ava aret fer politik ek sosial. Mo pé retourn dan mo karo. Kapav PM éna so bann rézon pou li pran enn désizion koumsa», explique Vikram Hurdoyal.

Questionné sur le fait qu’il ait rendu visite au leader du Parti travailliste (PTr), Navin Ramgoolam, Vikram Hurdoyal éclatera de rire, ajoutant que c’est faux et qu’il ne sait même pas où habite le leader des Rouges. Il précise qu’il a toujours eu de bonnes relations avec tous les politiciens, qu’il n’a pas de haine envers personne et travaille avec tout le monde. Il explique qu’il n’avait pas l’intention de revenir en politique, ayant assez donné. «J’ai vendu mon terrain à Bel-Air et le terrain de ma femme pour faire des dons pour Durga Puja et à toutes les religions. Je vais expliquer en temps et lieu cette décision. Je n’ai rien à me reprocher et c’est un blessing in disguise. J’ai retrouvé la paix maintenant mais je ne la voulais pas par une révocation. Si je suis là, c’est le fruit de bénédiction des gens qui ont voté pour moi. Quand ils viennent chez moi, ils sont bien traités et je les aide. Je ne pense pas qu’il y a quelqu’un comme moi encore dans le pays.»

Quant à rejoindre le PTr, Vikram Hurdoyal nie timidement et préfère, dit-il, retourner «dan so karo trap pios» parce qu’en politique, «enough is enough». «Mo tousel minis ki finn éna zis 96 roupi lor mo kont. Mo kapav montréstatement mo biznes tou, mo viv sinp parski pli ou doné pli ou gagné», dira-t-il, en essuyant difficilement ses larmes avec l’écharpe orange qu’il porte autour du cou.

Il se dit étonné d’avoir vu le NSS à son départ de Maurice et son arrivée. «Mo larm koulé, léker fermal apré ki mo’nn fer tousala pou péi. Mo dir mersi tou dimounn kinn fer mwa konfians sa dernié onz-an la. Mo’nn dormi avek douler lev avek douler. Lavi kontinié, démin mo rétrap mo pios béta. Pa néséser vinn minis pou amenn lavi. Sinplisité, onetté sé koumsa ki mo été. Mo enn dimounn mo kapav tonb dan lipié enn dimounn osi mwa. Sé lavi, bizin aksepté non?» dira-t-il, avant de regagner son taxi pour chez lui.

Vikram Hurdoyal ne s’est pas prononcé sur l’idée de démissionner du Parlement et explique qu’il préfère en parler à ses amis et sa famille d’abord. Pour marquer le coup, il a organisé une dernière rencontre hier à son bureau au bâtiment Renganaden Seeneevasen, à Port-Louis.