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Enquête judiciaire sur les dialysés

«Mo pou mor» : les derniers mots de Keerpanand Beedassy à son neveu

18 juin 2025, 14:00

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«Mo pou mor» : les derniers mots de Keerpanand Beedassy à son neveu

Rajesh Soodhoo, le neveu de feu Keerpanand Beedassy, a témoigné des dernières heures de son oncle en quarantaine à l’hôtel Tamassa. ©RISHI ETWAROO

Il ne s’attendait pas à ce que sa présence devienne un élément central dans l’enquête judiciaire sur la mort de douze patients dialysés en 2021, en pleine pandémie de Covid-19. Rajesh Soodhoo a pourtant vécu les dernières heures de son oncle, Keerpanand Beedassy – premier patient décédé – à l’hôtel Tamassa, transformé alors en centre de quarantaine.

Interrogé lundi par Mᵉ Jean Michel Ah Sen, représentant le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), Rajesh Soodhoo a raconté comment il s’est retrouvé au chevet de son oncle. «Je ne savais pas qu’il était en quarantaine. C’est le 27 mars que ma tante m’a demandé de rester avec lui, car elle avait trois enfants à charge. J’ai accepté.»

Ce n’est qu’en arrivant sur place qu’il découvre l’ampleur de la situation : son oncle, récemment amputé d’une jambe, était isolé, souffrant et sans assistance. «Il n’arrêtait pas de se plaindre. Il souffrait énormément.» À trois reprises, Rajesh s’est rendu à la réception pour demander de l’aide médicale. En vain. «On me disait qu’on allait venir, mais personne n’est jamais venu. Les douleurs de mon oncle s’intensifiaient. À un moment, il m’a dit : ‘‘Mo pou mort.’’ J’ai tenté de le rassurer, lui disant que ce n’était pas pour maintenant.»

Le 28 mars, lorsqu’il entame sa quarantaine à ses côtés, il le trouve assis sur le lit, position qu’il gardera jusqu’à son transfert. «Depuis son arrivée le 27, personne ne l’a aidé.» Aucun traitement de dialyse ne lui a été administré durant son séjour.

C’est aux petites heures du 29 mars qu’il est informé que son oncle, testé positif au Covid-19, sera transféré à l’hôpital. «J’ai préparé ses affaires. Vers 1h du matin, il a été emmené sur une civière jusqu’à une ambulance.» Ce n’est qu’après 7 h 30 que la tante de Rajesh lui annonce le décès de Keerpanand Beedassy à l’hôpital.

Pour Rajesh, la responsabilité est claire : «Il aurait dû y avoir un médecin en permanence dans ce centre. Quand on accepte une mission, il faut l’assumer pleinement.»

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