Le tourisme haut de gamme de Maurice pourrait bien bénéficier d’une initiative diplomatique et économique prise par le Premier ministre indien, Narendra Modi, à l’encontre des Maldives.

Modi a choisi un moyen spectaculaire pour lancer un message des plus forts au nouveau gouvernement des Maldives élu sur la base d’une intense campagne d’India-bashing. En effet, Modi s’est rendu dans l’archipel indien de Lakshadweep le 4 janvier dans le cadre d’une visite hautement médiatisée. Le Premier ministre indien a ainsi démontré au monde entier la beauté insaisissable de ces îles indiennes qui n’ont rien à envier aux Maldives.

Les dirigeants du nouveau gouvernement maldivien se sont aussitôt lancés dans de virulentes et méchantes attaques contre Modi et les Indiens, ce qui a fait le jeu de New Delhi. En effet les prises de position maldiviennes ont déclenché de vives protestations en Inde, ce qui a amené d’éventuels clients à annuler leurs réservations aux Maldives.

Ces annulations ont sans doute plu à New Delhi car le nouveau gouvernement maldivien se retrouve au centre d’un paradoxe économique et diplomatique. En effet, ce sont les Indiens qui constituent le plus fort contingent de touristes à visiter les Maldives suivis des Russes et des Chinois. D’après les chiffres fournis par les Maldiviens eux-mêmes, 209 198 Indiens ont visité l’archipel, ce qui les classe avant les Russes (209 146) et les Chinois (187 118). Les Indiens qui se rendent aux Maldives font partie de la jet-set de ce pays et cela comprend les célébrités de Bollywood. Il ne s’agit pas de touristes krever, sac-à-dos.

Si la réaction de boycott de Maldives par les Indiens se confirme, Maurice et les Seychelles pourraient bien en bénéficier. Car les archipels indiens, surtout Lakshadweep, ne sont pas encore développés pour attirer un grand nombre de touristes. Maurice et les Seychelles pourraient ainsi se présenter en alternative aux Maldives mais Maurice disposerait de meilleurs atouts. Car Maurice offre aussi, en raison de ses dimensions plus conséquentes que les Maldives et les Seychelles, des attraits irrésistibles de tourisme intérieur en sus de ses plages et lagons et des excursions dans les petites îles et l’océan même. De plus, Maurice coûte moins cher que les deux autres archipels. Sur le plan des attraits culturels et gastronomiques, Maurice reste imbattable.

Reste à savoir si les autorités mauriciennes pourraient vraiment exploiter les nouvelles donnes en leur faveur. Il est vrai que nous ne vivons plus à l’ère de Cyril Vadamootoo et de sir Gaëtan Duval. Ce dernier avait tellement joué dans la cour de la jet-set indienne qu’il avait presque épousé une princesse de ce pays.

Pour ne pas trop se fier aux fonctionnaires inefficaces, les barons hôteliers pourraient euxmêmes lancer une campagne de marketing ciblée en Inde. Pour commencer, pourquoi ne pas organiser une manifestation de soutien à Narendra Modi devant le haut-commissariat indien à Ébène ? Pour que l’évènement ait des répercussions internationales, les manifestants pro-Modi n’auront qu’à se draper d’un dhoti et se munir de drapeaux mauricien et indien pour exprimer leurs sincères et profonds remerciements. Car si un dhoti en toile écrue ne coûterait que quelques dizaines de roupies, les bénéfices supplémentaires générés par Modi se chiffreraient en milliards de plus pour nos barons.