Le Mystik Festival devait être une soirée de musique trance, pour faire vibrer les spectateurs jusqu’au bout de la nuit. Mais une soirée dans les ruines de Balaclava, au Maritim Resort & Spa, au son des mixes de DJs d’origine israélienne qui se produisent dans de plus grands événements, comme Tomorrowland en Belgique, a pris une tout autre tournure depuis mercredi. En effet, trois jours avant le Mystik Festival, prévu pour le samedi 7 décembre, la police a informé les organisateurs qu’elle leur retirait l’autorisation déjà obtenue. Il ressort que le feu vert des Casernes centrales avait été accordé au Mystik Festival la veille, le mardi 3 décembre. L’organisateur n’aurait donc profité de son autorisation même pas 24 heures.

Pourquoi la police a-t-elle changé d’avis ? Dans son courrier officiel, le bureau du commissaire de police explique que l’accord initial a été révisé et l’autorisation retirée «on ground of public safety and public order». Résultat : l’organisateur a interdiction depuis le 4 décembre d’organiser le Mystik Festival le samedi 7 décembre à Balaclava. À hier après-midi, l’un des organisateurs, Pratyush Nobeen, avait seulement indiqué que des démarches étaient en cours pour «sauver le Mystik Festival».

Parmi les solutions proposées : changer le line up et faire venir d’autres artistes, «de gros calibres qui ne sont pas problématiques». «C’est un cas de force majeure, mais nous allons respecter la loi. Nous n’allons pas laisser tomber le public.» La position des autorités est maintenant attendue sur les alternatives proposées par le Mystik Festival. Certains ne manquent pas de faire ressortir que le duo Vini Vici s’est déjà produit à Maurice au moins trois fois, «sans aucun problème».

Le Mystik Festival, qui devait être animé par ces grands noms de la trance music, n’est pas passé inaperçu auprès de ceux qui soutiennent ardemment la cause palestinienne à Maurice. Un comité ad hoc de soutien à la Palestine a vu le jour au sein de Lalit, après le rapport soumis par l’un de ses membres, Ragini Kistnasamy, sur la situation à Gaza (voir plus loin).

D’autres voix ont rejoint ce comité. Notamment celles des syndicalistes Reeaz Chuttoo pour la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, Haniff Peerun du Mauritius Labour Congress et Deepak Benydin de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions. Lindsey Collen de Ledikasyon Pu Travayer et Rajni Lallah du Muvman Liberasyon Fam sont solidaires de cette cause. Tout comme Mubashir Chitbauhul du Centre de documentation sur l’Islam. De son côté, le Muslim Citizens’ Council s’est exprimé contre la tenue de cette soirée de deejaying dans le contexte international actuel, avec référence en particulier à la situation humanitaire alarmante dans la bande de Gaza.

Depuis plus de deux semaines, ce collectif mène une campagne systématique et orchestrée contre le Mystik Festival. En sus d’une lettre ouverte publiée dans la presse, diffusée via les réseaux sociaux et les groupes WhatsApp, des courriers ciblés ont été envoyés non seulement au sommet du gouvernement fraîchement sorti des urnes, mais aussi au Maritim Resort & Spa, lui demandant de «cancel your invitation on the grounds that it is potentially complicit with this genocide, unless, of course, the two groups have taken a clear and public stand against the genocide being perpetrated». L’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice a aussi été alertée.

Sur le plan international, depuis les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas, suivi des représailles de l’État hébreu, notamment à Gaza, le monde artistique a connu son lot d’annulations. Dans divers pays, dont la France, des expositions et des festivals ont été non seulement déprogrammés, mais ont aussi subi des dégradations de matériel.