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Conflit Israël-Hamas

Nasser Hosenally, le Mauricien au chevet des Gazaouis en détresse

31 juillet 2024, 20:00

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Nasser Hosenally, le Mauricien au chevet des Gazaouis en détresse

• «Ici, personne ne parle de religion, car ces sinistrés sont aussi bien chrétiens que musulmans, mais avant tout des êtres humains»

Depuis février, Nasser Hosenally soutient activement la communauté des réfugiés de Gaza. Ce Mauricien, responsable de la Société solidarité pauvreté de Maurice, collabore avec SSP Humanitarian Global Aid pour fournir de la nourriture et de l’eau potable aux Gazaouis à la frontière d’El-Arich, dans le nord du Sinaï. Il partage avec nous son quotidien.

Lorsque nous avons réussi à joindre Nasser Hosenally par téléphone, il nous a expliqué qu’il est parfois difficile de se connecter avec le monde extérieur. Il doit régulièrement rassurer ses proches à Maurice, qui s’inquiètent beaucoup pour lui.

Basé à El-Arich, à environ 45 kilomètres de Rafah, il est habitué aux missions humanitaires. Pendant plusieurs années, il a apporté son aide aux Malgaches qui faisait face à la famine et au manque d’eau. Aujourd’hui, devant la détresse des réfugiés de Gaza, il ne peut rester insensible. «Ici, personne ne parle de religion, car ces sinistrés sont aussi bien chrétiens que musulmans, mais avant tout des êtres humains.»

«Il faut s’adapter», affirme Nasser Hosenally. «J’ai dû convaincre mon épouse de la nécessité de venir en aide à ces personnes, et elle me soutient chaque jour, même à distance.» Sur le terrain, il rencontre des visages meurtris et tristes.

La peur et la détresse font partie du quotidien de ces enfants et adultes. «Ils sont terrorisés et craignent l’avenir.» La majorité d’entre eux a perdu maison et emploi depuis le début de la guerre, le 7 octobre dernier. «Ils attendent la fin du conflit, résidant tous sous des tentes, y compris certaines personnalités.»

Il entend régulièrement les bombardements au loin. «Au début, j’avais peur, mais on s’y habitue. Le bruit des bombes ressemble à l’explosion d’une roue de camion. On sent le sol vibrer sous nos pieds.» Il essaye autant que faire se peut de rester loin des missiles et obus. «J’ai été bien accueilli parmi les autres membres de la communauté humanitaire.» Son quotidien consiste à préparer les repas pour les sinistrés. «Nous sommes passés de 3 000 à 25 000 repas par jour. Nous avons également construit cinq puits pour fournir de l’eau, et nous la distribuons via des camions-citernes. Nous avons aussi fait don de 50 réservoirs à Gaza.»

En collaboration avec le Croissant-Rouge égyptien, l’UNICEF et la World Food Association, il a obtenu des autorités égyptiennes un permis de séjour et de circulation pour porter secours aux sinistrés. Cependant, la distribution des repas nécessite parfois de contourner les autorités israéliennes.

«Nous devons souvent jouer au chat et à la souris avec elles, mais l’essentiel est que tous les réfugiés reçoivent de la nourriture.»

Nasser Hosenally remercie chaleureusement tous les Mauriciens qui ont contribué à cette louable entreprise par leurs dons. «Nous avons envoyé une quinzaine de conteneurs de vivres et de vêtements. Ceux qui souhaitent encore aider peuvent le faire via notre Société Solidarité Pauvreté : MCB / Juice 000442775067.» Quant à son retour à Maurice, il n’a pas encore pris de décision. «Avec tout le travail déjà accompli et ce qui reste à faire, je ne me vois pas quitter mes collègues. Je préfère les aider autant que possible.»

D’après l’organisation des Nations unies, plus d’un million de Gazaouis ayant fui les combats et les bombardements se sont réfugiés à Rafah, rejoignant ainsi les habitants de cette ville située à la frontière égyptienne. On estime désormais la population de Rafah à plus de 1,4 million de personnes.