Publicité
Portrait
Navin Ramgoolam : Une longue traversée du désert qui s’achève
Par
Partager cet article
Portrait
Navin Ramgoolam : Une longue traversée du désert qui s’achève
Navin Ramgoolam, 77 ans, a été reconduit hier comme Premier ministre du pays après avoir été hors du Parlement pendant 10 ans.
Il est né le 14 juillet 1947. Pendant que son père, sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) régnait comme Premier ministre de 1967 à 1982, peu de Mauriciens savaient quelque chose de son fils Navinchandra, aka Navin, qui a passé beaucoup de temps au Royaume-Uni pour des études en médecine et travailler comme médecin. C’est lors du décès de son père, en décembre 1985, que Navin Ramgoolam fera des apparitions publiques et se fait découvrir par de nombreux Mauriciens. Mais il restera dans l’oubli quand il repart au RoyaumeUni pour poursuivre sa carrière de médecin.
La première fois que le nom de Navin Ramgoolam est associé à la politique remonte à août 1987 peu avant les élections de cette année-là. Il est annoncé qu’il fera un pacte avec le Mouvement militant mauricien (MMM) par le biais du Mouvement travailliste démocrate (MTD), dont le leader était Anil Bachoo, un ancien secrétaire général du Parti travailliste (PTr). Mais il n’en fut rien, car Navin Ramgoolam reste loin de la politique.
C’est trois ans plus tard, soit en 1990, que Navin Ramgoolam s’intéresse vraiment à la politique. Sir Anerood Jugnauth et son parti, le Mouvement socialiste militant (MSM), qui sont au pouvoir, décident de faire une alliance avec le MMM qui était le parti de l’opposition après les élections de 1987. Une des conditions de cet arrangement électoral était que ces deux partis qui disposeraient d’une majorité de trois-quarts au Parlement viendraient avec un projet de faire Maurice une République.
Le PTr, dirigé alors par sir Satcam Boolell, s’oppose farouchement à ce projet. Navin Ramgoolam, en dehors du Parlement, arrive à Maurice. Il tient un meeting à La Louise à QuatreBornes peu avant la présentation du projet de loi au Parlement pour propulser Maurice au rang d’une République. À ce meeting, il dira que, comme un lion, il fera avorter ce projet. Il tient sa promesse et déjoue l’intention de sir Anerood Jugnauth et de Paul Bérenger. Le projet de loi ne bénéficie pas d’une majorité de trois-quarts des parlementaires.
Il se présente pour la première fois à des élections générales en septembre 1991. Le PTr est en face du MSM-MMM. Le PTr et ses alliés sont battus à plate couture mais Navin Ramgoolam est un des trois élus du PTr dans la circonscription n°5 (Pamplemousses-Triolet) où son père a connu des succès électoraux. Navin Ramgoolam devient le leader de l’opposition. Un an après les élections, soit en octobre 1992, Navin Ramgoolam décide de quitter Maurice pour poursuivre ses études en droit. Il est vivement critiqué, surtout par le MSM. Le leader de ce parti sir Anerood Jugnauth tente en janvier 1993 de le faire perdre son siège pour longue absence au Parlement car il n’avait pas été autorisé par le speaker d’un congé parlementaire.
Une séance du Parlement est fixée en moins de deux jours. Toutefois, sir Anerood Jugnauth et le speaker subissent un revers, car le juge de la Cour suprême qualifie leur intention d’un colorable device pour rayer Navin Ramgoolam comme parlementaire. Paul Bérenger, ministre dans le gouvernement, n’était pas d’accord avec cette stratégie de sir Anerood Jugnauth. D’où son rapprochement avec Navin Ramgoolam et en août 1993, il quitte le gouvernement emportant avec lui plusieurs députés de son parti dans l’opposition où se trouvait le PTr.
Une alliance est contractée entre le PTr et le MMM, qui survolera les élections de décembre 1995 et Navin Ramgoolam devient pour la première fois Premier ministre. Il y aura une cassure entre ces deux partis deux ans plus tard. Navin Ramgoolam demeure Premier ministre jusqu’à septembre 2000. Le PTr et ses alliés sont balayés par un remake du MSM-MMM. L’électorat n’avait pas apprécié son règne comme Premier ministre entre 1995 et 2000, période marquée par des émeutes, durant laquelle sa gestion de la situation avait été vivement critiquée. Il y a eu aussi l’affaire Macarena. Navin Ramgoolam est toutefois réélu au n°5 aux élections de 2000.
On assiste à un retour en force du leader du PTr aux élections générales de juillet 2005, battant le duo MSM-MMM. Il a gagné en maturité et fait mieux comme Premier ministre que pendant la période 1995-2000. Aux élections de 2010, le PTr de Navin Ramgoolam est en alliance avec le MSM et après le scrutin, il est reconduit Premier ministre. Un an après son allié, le MSM, dirigé par Pravind Jugnauth quitte le gouvernement.
Aux élections générales de décembre 2014, le PTr est de nouveau en alliance avec le MMM. Le mandat de Navin Ramgoolam entre 2010 et 2014 est marqué par sa vie privée avec Nandanee Soornack. Mais surtout par des contrats alloués à sa protégée qui est vivement critiquée. Le projet d’une deuxième République pour Maurice est présenté à la population. Navin Ramgoolam sera le président de la République avec des pouvoirs accrus tandis que Paul Bérger sera Premier ministre avec des pouvoirs réduits. Ce projet est rejeté par une grande majorité de Mauriciens. Pire, Navin Ramgoolam perd même son siège de député, battu dans son fief par trois néophytes en politique, notamment Soodesh Callichurn, Sharvanand Ramkaun et Sanjeev Teeluckdharry.
La traversée du désert de Navin Ramgoolam se poursuivra après une nouvelle défaite aux élections générales de novembre 2019 bien qu’il ait changé de circonscription pour briguer les suffrages dans la circonscription n°10 (Montagne-Blanche– Grande-Rivière-Sud-Est). Dix ans hors de pouvoir et surtout, hors du Parlement, cette décennie a été marquée par son arrestation en février 2015 pour possession de deux coffres-forts. Il y avait 11 charges contre lui. Toutes ont été rayées. Mais dans un cas, le Directeur des poursuites publiques a fait appel. L’affaire continue.
Publicité
Les plus récents