Les fausses alertes émises pour Candice et l’absence de promptes alertes pour Belal ont fini par faire croire que ce n’est plus la station météo qui décide du temps qu’il fera. D’ailleurs, l’amendement apporté en 2019 à la Mauritius Meteorological Act confère au ministre de tutelle l’autorité pour donner des instructions au directeur de la station météo. Certains sont d’avis que l’intervention du ministre à la télévision pour annoncer le mauvais temps (ou le beau temps) ne vise qu’à occuper l’espace médiatique, d’autant que toute la population est tout yeux, tout oreilles, lorsqu’il s’agit de cyclone ou de pluies torrentielles. Ces nouvelles, rappelons-le, s’accompagnent normalement de l’annonce d’un congé…

Avec Candice, qualifiée de cyclone avant l’heure, on a eu droit à une nouvelle alerte : une prévision d’une prévision. Ainsi, le National Crisis Committee (NCC) qui en parlait, «prévoyait» que la météo passerait en alerte III le lendemain. Métro Express aussi, qui faisait une prévision sur celle de la météo, a annoncé mardi qu’il n’y aurait pas de tram mercredi. Or, hier matin, la météo prenait tout le monde de court, y compris le métro, en maintenant l’alerte II.

Un météorologue mauricien établi à Singapour ne comprend pas pourquoi l’on a été aussi catégorique en prévoyant qu’on allait passer en alerte III le lendemain. Il demande que l’on laisse faire les professionnels et qu’il n’y ait plus d’ingérence politique à la station météo. S’adressant aux ministres, il lance : «Arrêtez de mettre la pression sur les techniciens et de les stresser ! Et arrêtez de leur jeter le blâme quand vous avez fauté.» Il propose que les MMS achètent un drone pour aller voir le cyclone «les yeux dans les yeux et ainsi faire de bonnes prévisions. Sinon, Maurice devra continuer à vivre entre la peur ou la négligence».

Cet expert demande enfin que l’on n’émette plus de bulletins météo par émotion ou par psychose. «Il y aura toujours des cyclones et d’autres intempéries. Il n’y a qu’à changer la façon d’interpréter les données et de gérer les risques.» Selon lui, c’est la façon de «recevoir» la pluie qui compte. C’est vrai, il n’y a eu ni plus de pluies, ni de cyclones plus puissants. C’est notre pays qui s’est bétonné et asphalté tous azimuts ces derniers temps. Et le gouvernement qui propose de régler le problème en bétonnant encore plus ! Nous reviendrons sur cet aspect.