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Questions à… Philippe Hao Thyn Voon
«Nos chances de podiums sont minimes à Paris»
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Questions à… Philippe Hao Thyn Voon
«Nos chances de podiums sont minimes à Paris»
Le président du Comité olympique mauricien (COM), Philippe Hao Thyn Voon, aura vécu une année parfaite sur le plan sportif selon ses dires. Pourtant, plusieurs dossiers demeurent en suspens, comme la Commission des athlètes ou le Sports Act 2016. Dans l’interview qui suit, il revient sur les faits marquants de 2023 et met en lumière les projets de 2024 dont les Jeux olympiques de Paris.
Comment résumez-vous l’année 2023 ?
Après le lot de problèmes qu’a apporté le Covid-19, il était important que le mouvement sportif reparte sur de bonnes bases en 2023. Cela a été le cas. Déjà, l’état de forme de nos athlètes a été impressionnant. J’en veux pour preuve les performances réalisées aux JIOI. C’était vraiment formidable. C’est tout ce qui a compté pour moi. Je voulais que le sport mauricien continue à briller et c’est ce qui s’est passé.
Et du côté du Comité olympique mauricien ?
Là encore, je suis pleinement satisfait. Nous avons réalisé 18 projets sur l’année. Nous avons essayé de toucher tous les aspects et en particularité ceux liés au sport. Nous avons abordé plusieurs thèmes comme le développement de soi, la responsabilité des dirigeants ou encore l’environnement. Si l’on entreprend une comparaison par rapport aux années précédentes, c’est un record.
Philippe Hao Thyn Voon en compagnie de Andry Rajoelina, Président de Madagascar.
Quels seront les projets phares pour 2024 ?
2024 sera évidemment une année importante dans le sens où il y aura les Jeux olympiques (JO). Qui dit JO, parle forcément de la course à la qualification. C’est une étape importante pour les athlètes. Nous avons 11 boursiers qui travaillent dur actuellement et il y a la possibilité de décrocher une dizaine de qualification pour 2024. Je peux sans peine affirmer que le COM a apporté sa pierre à l’édifice et bien sûr, nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. D’autre part, il y aura les Jeux d’Afrique. Le COM n’y est pas vraiment impliqué. C’est plutôt une affaire d’État. Nous nous concentrons sur les athlètes qui cherchent leur qualification pour les JO. Je pense que ce sont les JO qui vont monopoliser toute notre attention et nous allons aider les athlètes dans cette aventure.
Dans quelle mesure ?
Des fois, ils manquent d’argent pour aller disputer des compétitions à l’étranger. Ce sera à nous de trouver les moyens pour les aider. On va les soutenir du mieux que l’on peut.
Qu’est-ce qui vous a le plus touché cette année ?
J’avais dit durant la conférence de presse organisée par le ministère de l’Autonomisation des Jeunes, des Sports et des Loisirs (MAJSL) après les Jeux des îles que c’étaient justement ces Jeux à Madagascar qui m’avaient le plus touché. D’un côté, nos athlètes se sont surpassés. On a quand même récolté 91 médailles d’or. Mais il y a une chose dont je me souviendrai toujours, c’est la cérémonie protocolaire lorsque l’haltérophile Ketty Lent s’est vu remettre sa médaille d’or. La sonorisation était en panne et le public, dont le ministre Toussaint, a entonné le Motherland en choeur avec les athlètes. Ce fut un moment solennel. Ça m’a fait chaud au coeur. Ce fut un moment extraordinaire.
Philippe Hao Thyn Voon et Kate Foo Kune, badiste.
Et s’il y a quelque chose qui n’a pas marché, c’est quoi selon vous ?
Je n’ai aucun regret pour cette année. Nous avons essayé d’apporter notre soutien à tout le monde. Nous avons été présents pour toutes les fédérations sportives. Et nous avons répondu à l’appel de tous les athlètes. J’ai vécu d’excellents moments cette année.
Pourtant, il y a toujours cette épine que constitue la Commission des athlètes ?
La Commission des athlètes ne fonctionne pas et nous allons organiser de nouvelles élections en 2024. Nous allons essayer de mettre sur pied une nouvelle formule, car il est clair que la précédente ne fonctionne pas comme il se doit. En fait, la Commission en elle-même n’a jamais fonctionné. Le problème, c’est que plusieurs membres de ce comité sont à l’étranger où ils peaufinent leur préparation ou participent à des compétitions. La présidente a démissionné et personne ne parvient à se réunir. J’ai l’impression que cette Commission se repose trop sur le COM. Après les élections, ce n’est pas le COM qui doit dire aux membres de la Commission des athlètes ce qu’il faut faire. Nous ne pouvons pas leur mettre la pression ni leur donner des directives.
Est-ce que cette commission a toujours sa raison d’être ?
Oui. Elle a toujours sa raison d’être pour peu qu’elle soit active. J’ai l’impression que certains de ses membres ne s’occupent que de leur propre intérêt. Je ne sais s’il faut modifier le système. Je rappelle qu’il a été très difficile de convaincre les athlètes de venir dans cette commission. La dernière fois, on a vu voir le peu d’intérêt manifesté par les anciens athlètes et ceux qui sont toujours dans le circuit.
Vous étiez très impliqué dans le dossier foot cette année, et vous avez même fait office de rempart, lorsque le MAJSL avait pris les rênes du football local…
Pour suspendre une fédération, il faut avoir beaucoup de raisons, et, surtout, des raisons solides. Je n’ai pas vraiment vu l’utilité de suspendre la MFA quand le Sports Act comporte lui-même plusieurs lacunes. Dans ce document, il existe plusieurs clauses et la majorité des fédérations sportives à Maurice ne parviennent d’ailleurs pas à s’y conformer. Si elles y parviennent, c’est avec beaucoup de difficultés. Le Sports Act possède beaucoup de lacunes et ce n’est pas à la MFA de payer les pots cassés.
Hedley Han (à g.), membre du comité olympique mauricien, aux côtés de Philippe Hao Thyn Voon.
Mais vous avez vous-mêmes plusieurs fois répété que cette fédération était loin d’être exemplaire dans sa gestion…
Je suis d’accord, mais je pense surtout qu’il y a un autre moyen de procéder. La suspension n’en est pas un. Il y a d’autres moyens de rappeler cette fédération à l’ordre, alors il faut les utiliser. Il y a beaucoup d’autres fédérations qui ne sont pas en conformité avec le Sports Act. Selon moi, le plus important, c’est d’apporter les amendements nécessaires. J’espère aussi qu’il y aura une profonde réflexion de la part des dirigeants sportifs. Ils doivent arrêter d’être à couteaux tirés. Il y a ce problème dans presque toutes les fédérations. Je pense que cela freine les performances. Il faut mettre cela de côté.
Quelles sont vos attentes pour les JO 2024 ?
Honnêtement, ce sera très compliqué pour nos athlètes. Je ne veux surtout pas décourager qui que ce soit, mais à Paris, tout le monde cherchera le meilleur aux JO et tous les athlètes qui y participent ont du niveau. Mais si je devais faire un pronostic, je dirais que nos chances de podiums sont minimes à Paris. Dans un premier temps, il faudra viser le maximum de qualifiés et ensuite redoubler d’efforts. Mais je le dis toujours, rien n’est impossible dans le sport.
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