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Mahend Gungapersad : «Notre priorité - faire aimer l’école et soutenir les élèves en difficulté»

4 août 2025, 10:00

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Mahend Gungapersad : «Notre priorité - faire aimer l’école et soutenir les élèves en difficulté»

■ Mahend Gungapersad, ministre de l’Éducation et des Ressources humaines

La promotion automatique au primaire sera abolie. Le but recherché : aider ceux en difficulté d’apprentissage à progresser. Ce sera mesure qui pourrait être mise en pratique dès 2026. Le ministre donne plus de détails sur la question.

🔵Pour l’enseignement primaire, vous affirmez que redoubler ne doit plus être perçu comme une punition mais comme une opportunité. Concrètement, quels mécanismes d’accompagnement seront mis en place pour soutenir les élèves en difficulté, afin que cette réforme ne devienne pas un facteur d’exclusion supplémentaire ?

Ce n’est pas un facteur d’exclusion, c’est le système actuel qui conduit à l’exclusion. Comment peut-on permettre à un enfant qui ne maîtrise pas les bases de l’écriture ou qui n’arrive pas à lire de passer des examens compétitifs à un si jeune âge ? Forcer cet enfant à passer des examens alors qu’il n’est pas prêt peut être considéré comme une punition. Cependant, leur permettre de rattraper leur retard avec d’autres enfants ayant le même niveau de compétences représente au contraire un avantage. Il n’est pas question de leur faire sentir qu’ils sont inférieurs par rapport à leurs camarades de classe qui sont passés à la classe supérieure.

Au contraire, imaginez la difficulté pour un enseignant de travailler dans une salle de classe avec, d’un côté, des enfants qui s’adaptent très vite au programme scolaire ; et de l’autre, ceux qui prennent du retard. Désormais, un enseignant pourra consacrer toute son attention aux élèves en difficulté. Ces enfants bénéficieront d’un suivi particulier. Les techniciens de mon ministère travaillent actuellement à peaufiner le mécanisme.

🔵Mettre fin à la promotion automatique revient à rompre avec une logique instaurée depuis plusieurs années. Comment comptez-vous préparer les enseignants, les parents et les élèves eux-mêmes à ce changement de culture éducative ?

Cette décision n’a pas été prise sur un coup de tête. J’ai rencontré beaucoup d’éducateurs et de pédagogues depuis que j’ai pris en charge le ministère. Par la suite, ce sujet a également été abordé lors des Assises de l’Éducation. Tous réclament l’abolition de la promotion automatique. Je suis conscient qu’il y aura des critiques, mais ceux qui sont dans le système éducatif connaissent l’importance de ce changement.

Je tiens aussi à préciser que cette mesure ne concerne pas les enfants du Lower Primary. D’ailleurs, ceux-ci n’auront pas d’examens, comme c’était le cas auparavant. Il faut que ces enfants, qui découvrent un nouvel univers, tombent amoureux de l’école – si vous me permettez l’expression. Qu’ils tombent amoureux des livres. Il est de notre devoir de les faire aimer l’école pour qu’ils s’épanouissent. Ils doivent acquérir les bases. Dans certains pays nordiques, les examens sont organisés après l’âge de sept ans. Cependant, il y a des systèmes d’évaluation qui sont menés pour permettre aux enseignants de mieux accompagner les enfants et de détecter leurs faiblesses.

🔵Plusieurs syndicats du secteur éducatif se disent déçus par l’absence de stratégie concrète pour faire face à la montée de la violence en milieu scolaire, qu’ils considèrent comme un frein au bon déroulement des apprentissages. Que répondez-vous à ces préoccupations ?

La violence scolaire ne date pas d’aujourd’hui. Il y a eu un laisser-aller. De plus, auparavant, il n’y avait pas de dialogue avec les syndicats. Les choses ont changé depuis mon arrivée. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai eu plusieurs réunions avec des syndicats. Aucun ne m’a dit être déçu par l’absence de stratégie pour contrer la violence scolaire. Au contraire, ils nous proposent des solutions. Ils veulent travailler avec nous. Si vous lisez le rapport de l’Audit pour le ministère de l’Éducation, vous verrez que le bureau de l’Audit blâme l’ancien gouvernement pour n’avoir pas pris de mesures afin de faire face aux problèmes qui affectent nos écoles. Nous travaillons actuellement sur plusieurs plans.

🔵Et quelles actions le ministère envisage-t-il à court et moyen termes ?

Je vous donne rendez-vous mardi au Mahatma Gandhi Institute pour le lancement d’une série de formations destinées aux recteurs, enseignants, membres du personnel non-enseignant, parents et élèves, afin de lutter contre le bullying et la violence scolaire. Nous avons pour objectif de former 10 000 personnes dans les mois à venir. Le ministère dispose déjà de deux programmes, le Rebound Programme et le Get Connected Programme, pour la lutte contre la drogue. J’ai exigé qu’ils soient rendus plus efficaces. La violence à l’école reflète malheureusement ce qui se passe dans notre société. Pourquoi tant d’agressivité ?

La violence scolaire ne concerne pas uniquement le ministre, le ministère ou les pédagogues. Il faut aussi la collaboration des parents. Lorsqu’un enfant quitte la maison le matin, les parents ont le devoir de vérifier ce que contient son sac. Malheureusement, il y a, je précise, quelques parents qui contribuent eux-mêmes à la violence scolaire. Je vous donne un exemple : dans une école primaire, tout récemment, un élève a eu un comportement déplacé. L’enseignant l’a réprimandé et le lendemain, la mère de cet enfant est venue à l’école pour agresser l’enseignant, qui ne faisait pourtant que rappeler à l’élève la bonne conduite.

🔵Une nouvelle réforme permet à des élèves avec 3 ou 4 crédits d’accéder au Grade 12, rompant avec des années de sélectivité. Quelles mesures concrètes sont prévues pour accompagner ces «late developers» afin qu’ils puissent non seulement intégrer le système, mais aussi réussir durablement ?

Soyons clairs sur ce sujet. Nous n’abolissons pas l’élitisme ! Nous avons besoin de l’élite. Mais pourquoi laisser chaque année entre 2 500 et 2 700 élèves sur le carreau ?

Ces enfants, qui ont obtenu 3 ou 4 crédits, méritent la chance d’accéder au Grade 12 s’ils le souhaitent. Si vous les appelez vous-même des late developers, cela veut dire qu’ils ont le potentiel d’atteindre une maturité intellectuelle au cours de leur année scolaire. Si un parent a un enfant ayant obtenu 3 ou 4 crédits, ne souhaiterait-il pas que son enfant poursuive en Grade 12 ? Je lance un appel aux élèves brillants : n’ignorez pas vos camarades de classe qui ont plus de difficultés. Prenez-les par la main. Encouragez-les.

🔵En élargissant l’accès au Grade 12, comment comptez-vous garantir que cette ouverture ne compromette pas la qualité de l’enseignement, ni ne surcharge les enseignants, déjà confrontés à des classes hétérogènes et des ressources parfois limitées ?

Ce n’est pas un nivellement par le bas. Expliquezmoi en quoi cela surchargerait les enseignants. Nous ne leur imposons pas d’activités supplémentaires. Si vous faites référence au manque d’enseignants dans les écoles, sachez qu’il était auparavant difficile de recruter en raison du critère du PGCE, que j’ai pris la peine d’abolir. Aujourd’hui, il est plus facile d’embaucher des enseignants. Nous n’avons pas de problème d’espace non plus, car il y a suffisamment de salles disponibles.

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