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Manière de voir
Notre société: La famille implose et explose
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Notre société: La famille implose et explose
Notre société se plaint souvent de ne pas changer, de ne pas évoluer et de rester figée. Moris pa pou sanze! Cependant, ces dernières années, un grand changement s’opère au niveau du noyau central même de notre société : la famille. Plus rapidement que nous ne voulons l’admettre, la famille, socle de notre société, implose de l’intérieur et explose aussi de l’extérieur. Un simple exemple qui dit tout : un fils menace d’étriper son père pour payer sa dose.
Fin de la famille traditionnelle ?
Ces changements s’opèrent sous nos yeux mais, pris par de nouveaux modes de vie, nous ne nous arrêtons pas pour y réfléchir. Une famille aujourd’hui ne compte que deux enfants en moyenne. Terminées les grandes familles avec quatre ou six enfants, voire plus. Le père et la mère travaillent. Ils ne font généralement d’enfant qu’à un âge avancé. Le parcours professionnel prime.
Maurice connaît un vieillissement de sa population et c’est tant mieux. Auparavant, il n’était pas question que le grand-père ou la grand-mère ne finisse pas ses vieux jours au sein d’une famille aimante. Ils jouaient même un rôle important dans l’éducation des petits-enfants. De nos jours, les parents de la classe moyenne sont en quête de homes qui pourraient accueillir ces vieux. Mais ce n’est pas donné à tout le monde de régler la facture. On sauve la face en allant les visiter de temps à autre. Et puis, il y a home et… mouroir !
Plus question de recourir aux membres de la famille élargie : oncle, tante, cousin… les liens maintenant distendus ne sont plus tout à fait les mêmes. Les parents fournissent l’essentiel sur le plan matériel (scolarité, vêtements, gîte et couvert) mais ils n’ont plus le temps de dialoguer vraiment avec leurs enfants ? Sans oublier la plaie que sont les smartphones. Certains parents comptent même sur les professeurs qui ne sont là que pour instruire, inculquer des savoirs, et non éduquer.
De toute façon, les rôles sont maintenant inversés. En cas de problème scolaire dans le passé, les parents s’en prenaient à leur progéniture. Maintenant, ils s’en prennent au corps enseignant. Le collégien bien plus averti des choses de la vie qu’auparavant profite de ce statut d’enfant-roi. Il ne se confie plus à un frère ou une sœur (les liens se sont là aussi distendus) mais s’en remet aux incontournables copains qui prétendent tout connaître.
Frapper ses parents
Cette indispensable éducation brille par son absence dans les familles défavorisées. Les parents se sentent dépassés. Les enfants assistent aux violentes disputes conjugales. Pris dans l’engrenage, ils auront tendance à répliquer le même comportement plus tard. De mauvaises fréquentations peuvent les mener à la drogue. Des fumettes pour s’initier, et après, des drogues plus dures. On assiste même à un nouveau phénomène. Des fils qui frappent leurs parents pour leur extorquer de l’argent destiné à leurs fréquentes doses.
Cette absence de vraie vie familiale peut aussi être à la base du nombre inquiétant d’échecs scolaires. Seule une minorité atteindra des études supérieures après le secondaire. Que deviennent ces laissés-pour compte? Des centres de formation professionnelle sont mis en place. Il faudra analyser les premières conséquences et redoubler de vigilance. Cette rupture s’opère aussi dans d’autres couches sociales. Les fils de petits agriculteurs refusent de prendre la pioche et ne sont attirés que par les lumières de la ville où se trouvent les métiers à col blanc.
La vie de couple
Avant on se mariait pour toujours. Ce pacte ne résiste pas aux coups de boutoir d’une évolution des mœurs. Le pourcentage de divorces augmente. Certaines femmes ne veulent plus s’astreindre à une vie de second rôle à côté d’un mari généralement machiste. La loi facilite maintenant le divorce.
Les mariages arrangés subsistent, mais diminuent en nombre. D’ailleurs, pour se marier, on y réfléchit à deux fois. Les mariages fastueux, c’est bien, mais après la noce, tinta noce (passer à la caisse). Maryaz pa enn badinaz. L’organisation d’un grand mariage coûte cher. Des prestataires peuvent se charger de tout, mais à quel prix ? Ces derniers se plaignent malgré l’organisation de salon du mariage. Parfois, le jeune couple ne peut payer un loyer et encore moins acheter un terrain pour y construire leur nid. Bonjour les emprunts et les taux d’intérêt.
Un bon nombre continue à habiter sous le même toit que les parents. Ce n’est pas l’idéal, le provisoire devient permanent, et il y a les bellesmères ! Des casse-têtes pour de jeunes mariés. Une minorité, mais elle fait des adeptes en ville, choisit le concubinage. Vivons sous le même toit et on verra si ça marche ou pas. Chez les classes moyennes, on assiste même au phénomène de la femme assurée d’un bon salaire et divorcée, qui s’en va habiter seule et mener sa vie à sa guise. Un état qui ne profitait qu’à l’homme jusqu’à présent.
La sexualité
Tout de go, il faut savoir que la vie sexuelle des jeunes filles commence plus tôt que ne le croient certains parents. On voit même quelques adolescentes enceintes assises sur les bancs du collège. L’éternelle question de l’éducation sexuelle reste encore dans des limites trop pudibondes. Des parents ferment les yeux en priant que l’adolescente sache ce qu’est un préservatif. Deux mondes, deux générations.
Quant à nos dirigeants, ils écartent d’un revers de main le problème de la légalisation de l’avortement pour lutter contre le backyard abortion et ses conséquences. Ne nous mettons pas à dos des religions, des associations de parents bien-pensantes, des empêcheurs de tout progrès dans ce domaine. Des parents dans l’extrême pauvreté vendent même leurs enfants en bas âge à des touristes en quête de fantasmes exotiques. Encore une fois, nous allons faire comme si… Notre société connaît donc des remous dont il faut tenir compte. Des lames de fond ?
Ena enn moutouk dan nou latet?
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