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Questions à… Guillaume Jauffret, co-fondateur de la House of Digital Art

«Nous souhaitons que la Dome Experience devienne itinérante»

22 juillet 2024, 21:00

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«Nous souhaitons que la Dome Experience devienne itinérante»

Le dôme à Bagatelle intrigue les visiteurs du mall. Ceux qui ont eu la chance de le visiter en parlent sur les réseaux sociaux, incitant davantage à la curiosité. Guillaume Jauffret, co-initiateur de ce projet, nous en parle.

Avec Dome Experience by HoDA, vous sortez de la capitale. Expliqueznous votre démarche et ce que vous proposez de différent par rapport à ce que l’on découvre à la House of Digital Art (HoDA), à Port-Louis ?

Le dôme est ouvert depuis le 11 juillet. Ce projet s’est réalisé assez rapidement. Nous avons lancé cette idée en avril et confirmé avec Bagatelle en mai. Avec ce projet, nous ouvrons une branche en dehors de Port-Louis. Nous avons créé cette cellule pour pouvoir expérimenter. Nous avons toujours voulu aller à la rencontre du public. C’était notre souhait de départ. Nous ne savions pas sous quelle forme, et ensuite, du point de vue artistique, j’ai eu envie d’une autre approche. À la HoDA, nous marchons dans la lumière, nous nous déplaçons dans un espace immersif ; ici, j’ai voulu renverser le propos. C’est-à-dire être allongé sur des bean bags et regarder la voûte céleste. Nous sommes immobiles, mais nous voyageons à travers notre esprit, dans les histoires que les artistes nous racontent.

Pourquoi avoir choisi Bagatelle ?

Nous sommes proches des gens et du public. Nous sommes venus à la rencontre des Mauriciens. Les malls sont des lieux de vie, et Bagatelle en est un principal. À la base, nous sommes amoureux de Port-Louis, de la capitale, de l’histoire, du patrimoine, mais c’est une nouvelle phase que nous avons décidé de mettre en avant. Cette Dome Experience se pose proche des gens et offre une belle expérience d’immersion au public.

Pourquoi avoir choisi le concept du dôme ?

En tant que Mauriciens, nous regardons toujours le ciel. Le ciel et la mer sont deux éléments qui nous entourent. À Maurice, on a un très beau ciel, une belle nature. Comme nous sommes dans l’expérimentation, et qu’il y avait ce dôme qui existait à Maurice, nous avons décidé de tenter l’expérience. Ce dôme, actuellement à Bagatelle, vient de Green Village. Il est normalement posé là-bas, où des cours de yoga et de musique ainsi que des concerts, entre autres, y sont offerts. Le dôme a une résonance spéciale. Je disais un jour à Agathe Desvaux de Marigny (NdlR, propriétaire de Green Village) que je rêvais de travailler avec un dôme. Elle m’a alors proposé le sien. À l’étranger, il y a beaucoup de projets qui se font dans des dômes. Ce sont souvent des planétariums. Les artistes ont collaboré avec des scientifiques pour créer des univers qui permettent d’interpréter le monde et d’avoir un apprentissage ludique de l’espace. Une fois que j’ai mis les pieds dans ce projet, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup d’artistes expérimentés en dôme, que ce soit avec le dessin ou le graphisme, entre autres.
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Que présentez-vous pour cette première expérience ?

Nous avons conçu une programmation très éclectique. Les séances durent 20 minutes et comprennent cinq films de trois à cinq minutes chacun. Ce programme éclectique, comprenant divers voyages, a été proposé durant la première semaine. À partir de cette semaine, la programmation sera thématique. Nous proposerons trois thèmes : explorer l’espace, explorer la terre, et adrénaline. Cette dernière catégorie est un projet qui éveille les sensations. La programmation thématique comprendra également deux nouveaux films, d’une durée de dix minutes chacun.

Comment avez-vous choisi les artistes qui proposent leurs films dans le dôme ?

Nous avons lancé un appel à projets pour les thématiques abordées à la HoDA, notamment sur les volcans et les arbres. Nous avons reçu de nombreux projets venant du monde entier. Parmi eux, un artiste digital français, Jérémy Oury, spécialisé dans les dômes, nous a contactés. Nous l’avons donc contacté en avril et il a accepté de partager avec nous son réseau d’artistes. C’est ainsi que nous avons découvert de nombreux films sur les dômes. Ensuite, avec l’équipe de la HoDA, nous avons fait une sélection. Jérémy Oury s’est également rendu à Maurice où il a formé des techniciens mauriciens. Ce qui fait que, maintenant, on est autonome sur le dôme et que même si on doit bouger, on sait comment faire maintenant.

Jusqu’à quand comptez-vous proposer cette Dome Experience ?

Normalement, le dôme est prévu de rester à Maurice avec cette programmation jusqu’en décembre. Il restera à Bagatelle jusqu’au 31 août. Ensuite, nous souhaitons nous rendre dans le Nord. Nous sommes actuellement en discussion. Nous aimerions que le dôme soit itinérant et aille là où il y a du monde. J’adorerais aussi qu’il soit à Mahébourg et dans l’Ouest. L’idée est de couvrir le Nord, l’Ouest et Mahébourg.

À la HoDA ou au dôme, quel est le public attiré par les expériences digitales que vous offrez ?

Nous recevons des familles, des jeunes, et des personnes de toutes générations. Le public est varié et c’est fascinant. Mon objectif principal était d’attirer les jeunes, car je trouve qu’à Maurice, les jeunes ont besoin d’activités enrichissantes, qui leur ouvrent la vision sur différents univers et qui favorisent les rencontres. Il n’y en a pas beaucoup à Maurice. Le milieu culturel est encore en développement.

Au-delà du dôme, comment se porte la HoDA, puisqu’elle est le cœur de ce projet ?

La HoDA est notre raison de vivre. C’est un lieu artistique et d’expérimentation qui permet de travailler avec une plateforme d’artistes très divers. Aujourd’hui, à la HoDA, nous avons aussi bien de la vidéo projection, avec la salle immersive, que des projets autour de la mécanique. La HoDA est tout un monde qui réunit plusieurs univers, et cela, nous ne l’arrêterons jamais. Nous en sommes actuellement à notre deuxième saison, qui se poursuit jusqu’au 31 juillet. Onze artistes y exposent leurs travaux de grande qualité. Cela inclut la robotique, l’architecture, et la nature, soit comment l’humain se développe dans cette nature que nous souhaitons préserver. Aujourd’hui, l’ingénierie et la créativité se marient. Pour moi, un projet artistique est réussi si la technique l’accompagne. L’ingénierie et la créativité sont essentielles à une belle réussite. Pour la troisième saison, nous pensons lancer notre appel à projets en octobre.
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Quel est actuellement le taux de fréquentation de la HoDA ?

L’intérêt des gens est toujours là. Toutefois, de mon point de vue personnel, j’espérais un peu plus, car je trouve que c’est une chance d’avoir accès à ce genre d’outil à Maurice. Nous avons reçu beaucoup d’écoles. Notre volonté était aussi de reconnecter les gens à la capitale, mais il y a toujours un frein, je pense.
lexp - 2024-07-22T152527.594.jpg Qu’est-ce qui, selon vous, «freine» les gens ?

On se pose des questions sans avoir de réponses concrètes, mais pour moi, c’est un faux «frein». Les gens disent qu’il n’y a pas de parking ou encore que la ville est dangereuse le soir. On entend ces choses-là, alors que, pour moi, nous sommes à quatre minutes à pied de l’Urban Terminal, et c’est agréable de marcher dans les rues de Port-Louis, surtout en cette saison. Marcher dans Port-Louis, c’est aussi marcher à travers des siècles d’histoire. Je pense que c’est aussi une question de curiosité, que, malheureusement, nous avons tendance à mettre de côté. Nous ne nous provoquons pas suffisamment. Nous nous contentons de rester dans notre confort. Pourtant, c’est tellement enrichissant quand on fait le pas. On a l’impression d’avoir grandi.

La HoDA propose aussi des soirées…*

Nous ouvrons les portes de la HoDA. Nous aimerions aussi que les créateurs mauriciens sachent que la HoDA est une plateforme où ils peuvent proposer leurs projets, que ce soit pour des événements ou des conférences. Nous avons un système en place avec de la vidéo projection, du son et de la lumière.

Et pour la Dome Experience, avez-vous été soutenu ?

Nous avons reçu un sponsoring, mais la HoDA vit de ses ressources propres. Nous avons été financés au départ pour le lancement du projet, mais aujourd’hui, nous vivons de nos ressources.

Comme vous le dites, les dômes se prêtent aussi à différentes activités. Comptez-vous, dans un deuxième temps, outre des films, y proposer d’autres expériences ?

Il est vrai que dans les dômes, il y a beaucoup de performances qui se font à l’étranger. Cela se prête beaucoup à la danse et à la musique. En effet, nous pensons proposer d’autres activités, probablement dans une prochaine phase pour octobre-décembre. Par ailleurs, nous sommes à la recherche d’artistes qui pourraient créer des films pour le dôme.


Infos pratiques

La «Dome Experience» peut accueillir 50 personnes par séance. Des séances qui se tiennent toutes les 30 minutes et durent 20 minutes. Les heures d’ouvertures sont du mardi au vendredi de 14 à 21 heures, les samedis de 11 à 23 heures, et les dimanches de 11 à 17 heures. Les billets sont en vente à Rs 250 sur place ou sur la billetterie en ligne : http://tickets. houseofdigitalart.io.