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Nouvel espoir avec l’arrivée au pouvoir de sir Keir Starmer

10 juillet 2024, 09:00

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La victoire sans appel du Labour Party a eu l’effet d’une onde de choc mettant fin à 14 ans de domination des Conservateurs sur la scène politique britannique. Un règne marqué surtout par le Brexit caractérisé par un durcissement de la politique migratoire, dont le projet controversé d’expulser un premier contingent de 5 700 demandeurs d’asile d’ici à la fin de l’année vers le Rwanda, et une volonté des Britanniques de négocier bilatéralement avec leurs partenaires commerciaux, y compris les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), parmi Maurice.

Étant donné les relations politiques pour le moins conflictuelles entre Port-Louis et Londres en raison notamment de l’acharnement du Petit Poucet qu’est Maurice pour faire respecter l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 25 février 2019, l’arrivée au pouvoir du Labour Party et de son Premier ministre, sir Keir Starmer, laisse entrevoir un apaisement des tensions diplomatiques.

Ces dernières années, on a eu droit à des hauts et des bas. Au chapitre des épisodes malheureux, l’on se rappellera que dans le sillage de l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’Union européenne, le Royaume-Uni avait enfoncé le clou en plaçant le pays sur sa propre liste d’États tiers à haut risque en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Certains acteurs du monde de la haute finance y avaient vu une forme de mesure de rétorsion à l’encontre de Maurice.

Plus tard, après le départ de Boris Johnson et du passage éclair de Liz Truss au 10 Downing Street, la situation s’est quelque peu décantée. La Première ministre promettra à son homologue mauricien, Pravind Jugnauth, que son gouvernement enclencherait le processus pour le retour des Chagos à la République de Maurice. Une promesse tenue par son successeur, Rishi Sunak. Valeur du jour, les deux pays ont tenu pas moins de sept rounds de négociations. Pour autant, l’incertitude ne s’est pas dissipée. Le malaise n’a fait que grandir depuis qu’une aile forte des Tories menée par l’ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères, David Cameron, qui, soit dit en passant, est proche d’Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a publiquement fait une sortie en règle contre le gouvernement mauricien, lui prêtant des intentions burlesques, notamment un projet secret de céder la base militaire de Diego Garcia à la Chine. Depuis, ces accusations chargées de jugements de valeur ont été réitérées par d’autres députés conservateurs, parmi Olivier Dowden et Grant Schapps, ce alors que les négociations d’État à État se poursuivaient.

Aujourd’hui, avec une nouvelle administration du Labour Party au pouvoir, l’espoir est grand qu’il y aura un assainissement des relations diplomatiques entre nos deux nations. Déjà, avant les élections législatives de 2019, le chef de file du Labour Party, Jeremy Corbin, se disait favorable à un retour des Chagos à Maurice.

Sur le plan de la coopération, force est de constater que le Brexit n’a pas eu d’impact majeur. Les échanges commerciaux entre les deux représentent plus de Rs 40 milliards par an. Mieux encore, les deux pays ont signé un Strategic Trade Partnership (STP) en avril 2023. Cet accord a été conçu pour promouvoir et stimuler le commerce dans une série de secteurs, à savoir les services financiers et professionnels, l’économie verte, l’éducation, les compétences et la formation, les soins de santé, la biotechnologie et les produits pharmaceutiques, la cybernétique et l’agro-technique.

Il faut savoir que la City de Londres, qui est la plus grosse place financière au monde, regorge de capitaux, avec plus de 11 000 milliards de livres sterling sous gestion. Ainsi, dans le cadre du STP, l’État britannique est en mesure de débloquer et d’investir dans des secteurs d’avenir comme la transition énergétique.

Il convient, par ailleurs, de faire ressortir que le STP est venu se greffer à l’accord de partenariat stratégique que le Royaume-Uni et l’Afrique orientale et australe (APE UK-ESA) ont signé en janvier 2021. Aux termes de cet accord, Maurice continue à bénéficier d’un accès en franchise de droits et de quotas pour l’exportation de produits comme le sucre, le thon, les vêtements, les produits agro-transformés.

Avec sir Keir Starmer aux commandes, une nouvelle ère de changement se profile dans un Royaume-Uni en proie à la crise économique avec une croissance quasi nulle et à une inflation persistante qui mine le pouvoir d’achat et réduit un nombre croissant de Britanniques à se tourner vers les banques alimentaires communautaires. S’il a promis une plus grande justice sociale, le nouveau Premier ministre sait pertinemment que c’est en renforçant la coopération internationale et en abattant les frontières qu’il pourra dynamiser l’économie britannique. Reste à espérer que dans ce contexte, les relations mauriciano-britanniques s’en trouveront renforcées.