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Après des dégâts à l’environnement marin
One & Only Le Saint Géran obtient son permis EIA pour un autre projet
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Après des dégâts à l’environnement marin
One & Only Le Saint Géran obtient son permis EIA pour un autre projet
Un permis EIA demandé par le «One & Only Le Saint Géran» a été approuvé par le ministère de l’Environnement le 10 juillet pour des travaux de construction de digues, brise-lames, revêtements et reprofilage des plages. Cependant, des travaux précédents réalisés par l’hôtel ont suscité des préoccupations quant aux dommages infligés à l’environnement marin.
Le One & Only Le Saint Geran explique, dans son rapport Environment Impact Assessment (EIA) rendu public et basé sur des discussions l’année dernière entre différentes parties prenantes, l’importance de ce projet pour protéger sa plage de l’érosion, qui est devenue un problème grave. Le projet inclut la construction de 136 m d’un revêtement en roche et d’une digue le long de l’extrémité ouest de la plage principale, avec un niveau de crête fixé à 1,5 m, d’un récif artificiel de 41 m de long au large de cette plage et d’un revêtement en roche de 90 m en protection de dernier recours sur le côté est de cette plage. Un récif artificiel en forme de V, de 60 m de long, sera installé à 95 m au large de la plage de Villa One, avec une hauteur de crête de 1,5 m au-dessus du niveau moyen de la mer, ainsi qu’un revêtement en roche de 50 m devant Villa One comme protection de dernier recours.
Par ailleurs, pour protéger le rivage de la plage de l’héliport, un revêtement en roche enfoui de 115 m de long sera créé. Des travaux d’excavation seront réalisés pour retirer 16 000 m3 de sable du banc de sable. Par ailleurs, 12 000 m3 de sable seront déposés le long de la plage principale et à l’abri du nouveau récif pour réaligner la plage et former une saillie. Un dépôt supplémentaire de 4 000 m3 de sable sera effectué le long de la plage de Villa One pour former une saillie. Enfin, un entretien continu de la plage sera réalisé, incluant l’enrichissement localisé avec le sédiment accumulé sur les différentes saillies et le banc de sable. Tous ces travaux seront menés par la compagnie Arup.
Pour discuter du projet avec les autorités concernées, dont les ministères de l’Environnement et de l’Économie bleue, une réunion le 4 septembre 2023 dans la salle de réunion de l’hôtel, a révélé que les herbiers marins n’avaient pas poussé dans les lieux où les travaux avaient été menés en 2017. Selon le rapport, Arup a réalisé des travaux pour mettre en place un brise-lames de 90 m afin de protéger une partie de la plage en 2017. Un rapport avait été soumis aux autorités et une licence EIA obtenue. Ainsi, un récif de 90 m à une élévation de +1 m a été installé pour protéger une partie du littoral. Or, durant la conversation entre l’hôtel et le ministère de l’Économie bleue, l’officier du ministère avait souligné que* «we have noted that when we did the breakwater, this has caused damage on the seagrasses and as at today we haven’t seen any growth in that region of the sea»*. Malgré la réponse de l’hôtel que les herbiers marins poussent dans un autre endroit, cet officier avance que «this issue has been raised in various occasions and the authority have contacted the hotel for restoration program but since then to now nothing has been done». Il ajoute que cela pourrait expliquer pourquoi l’hôtel rencontre des problèmes de fortes vagues sur sa plage.
Le rapport mentionne que depuis les travaux effectués mi-septembre 2017 par Arup, il y a eu une «drastic fall in seagrasses in that area in October 2017 just after the work was implemented». Plus loin, l’hôtel est accusé par le même ministère de n’avoir fourni aucun effort pour la restauration du programme d’herbiers marins, qui dit-il, est très important. Pour le ministère, après un changement drastique dans la zone des herbiers marins, l’hôtel avait tenté une première replantation, qui a échoué en raison de la suppression du brise-lames et du changement radical dans l’état des herbiers. Dans sa licence EIA, il était convenu que si des dommages à l’écosystème étaient constatés, l’hôtel, en tant que promoteur du projet, s’engageait à réhabiliter les zones endommagées. Si cette première tentative échouait, d’autres efforts de réhabilitation devaient être entrepris. «Depuis 2018, il a été confirmé que le programme de replantation des herbiers marins a échoué», souligne l’officier, qui ajoute, «my concern is with the marine ecosystem, the works that you have done have affected this area».
Durant leur conversation, le ministère de l’Économie bleue avait révélé que d’autres espèces d’herbiers marins avaient remplacé une espèce qui existait avant le récif artificiel installé par l’hôtel. Cette espèce, avance le ministère, offrait une meilleure accumulation de sable. Pour le ministère, du fait que l’hôtel ait enlevé les gabions, un seul endroit a été régénéré. «We have seen that there was more loss than gain. Later on when we have observed the satellite imagery, we have observed that there are more losses in other areas as well. There has been one project that has been implemented and we have seen what effect it has had, and you will agree with me that about coastal erosion you have not found a solution to stop the beach from being eroded. It has been aggravated even if you have implemented those artificial reefs», peut-on lire dans le rapport.
Contactée par téléphone et courriel pour commenter les observations des ministères de l’Environnement et de l’Économie bleue sur les travaux effectués par l’hôtel en 2017, Kerzner International, qui gère l’hôtel One & Only Le Saint Géran, ne nous a pas répondu. Toutefois, sollicité, un préposé de la société Arup, qui avait entrepris les travaux à l’hôtel en 2017, nous assure que toutes les mesures sont prises pour protéger l’environnement marin. «Pour chaque travail effectué depuis 2017 jusqu’à présent, des suivis environnementaux ont été continuellement réalisés et des rapports soumis pendant ces sept ans de rapports», soutient-il. «Nous avons effectué plusieurs travaux autour de l’île sur plusieurs années. Tous ces travaux ont été approuvés, supervisés et inspectés par les autorités annoncées.» Il ajoute qu’après les travaux, des visites sont effectuées par les autorités pour constater de visu si les engagements pris ont été respectés.
Les pêcheurs «détruits»
Par ailleurs, à une autre réunion tenue le 1er septembre 2023 avec d’autres parties prenantes, Alain Andy, représentant des pêcheurs de Poste La Fayette et Poste de Flacq, avait avancé que les projets de l’hôtel «ont détruit» les pêcheurs. «Il n’y a pas d’avenir pour les jeunes dans la pêche», avait-il ajouté. Fort de son expérience en mer, il avait demandé à l’hôtel de ne pas construire un mur en mer. Malgré l’existence d’un mur avec l’hôtel, cela aurait causé l’accumulation d’algues alors que cela n’était pas le cas dans le passé. «Autrefois, la zone était riche en herbiers marins et abritait de nombreuses espèces de poissons, faisant de cet endroit un site crucial pour les pêcheurs locaux. Aujourd’hui, il ne reste plus que du sable. Bien que le projet en cours puisse apporter des avantages significatifs à l’hôtel, il a détruit les moyens de subsistance des pêcheurs.»
Extraction de 16 000 m3 de sable
Des travaux d’excavation seront réalisés pour retirer 16 000 m3 de sable du banc de sable pour ce projet. Selon l’hôtel, le banc de sable situé à l’extrémité ouest de la propriété est très actif. «Ce banc, qui se trouve à la fin d’un chemin sédimentaire, est une source idéale de sable pour les plages, sans effets négatifs sur les plages voisines», explique l’hôtel. En 2017, des travaux supplémentaires avaient été entrepris pour retirer les matelas de gabions et les trois brise-lames offshore. Ces interventions, dit-il, ont été accompagnées du rechargement de la plage et de la construction d’un récif artificiel relié à l’Îlot Banane. Cependant, l’accumulation de sable commence à combler le chenal pour les bateaux et provoque une érosion importante de la plage de l’héliport. L’hôtel indique que des travaux d’excavation sont nécessaires pour rouvrir le chenal. Ces travaux permettront aussi de fournir une partie du sable nécessaire pour le nourrissage des plages. «Si l’accumulation de sable continue, des extractions régulières seront probablement nécessaires à l’avenir», ajoute l’hôtel.
Le ministère de l’Environnement a imposé 35 conditions à l’hôtel dans l’accomplissement de ce projet. Parmi celles-ci, l’on note que le promoteur et son consultant seront tenus d’élaborer et de mettre en œuvre, à leurs frais, un nouveau plan de restauration des herbiers marins sur les dix prochaines années. Selon l’hôtel, entre 1996 et 2002, des travaux de réparation ont été réalisés pour lutter contre l’érosion de la plage, incluant la mise en place de petits récifs offshore, de matelas de gabions et le rechargement de la plage avec des sédiments importés. Toutefois, selon l’établissement, ces mesures n’ont apporté qu’une solution temporaire au problème d’érosion auquel le complexe hôtelier était confronté.
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