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Cadre légal souhaité
Organisation de concerts : Que l’État règle la cadence
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Organisation de concerts : Que l’État règle la cadence

■ Le stade Germain-Comarmond de Bambous est parmi les lieux cités comme étant appropriés pour la tenue de concerts en plein air. © Stephanie Domingue
Un concert qui finit au poste de police de Bambous. Fausse note jouée le samedi 1er mars dernier, au Festival du zouk 2025. Selon la police, ce concert au training ground du stade de Bambous était autorisé jusqu’à 23 heures. À 1 h 10 du matin, un sergent a cherché l’organisateur sur les lieux. Comme il était introuvable, la police l’a appelé et lui a envoyé un message, pour l’informer qu’il était en infraction à la Public Gathering Act. La police affirme qu’à 1 h 40, le concert se déroulait toujours. Et qu’une foule «d’environ 8 000 personnes» était sur place.
«Cela fait longtemps que je n’ai pas vu un concert qui finit dan kler», réagit Jimmy Veerapin, de Culture Events et gérant du Café du Vieux Conseil, après avoir vu des vidéos du concert qui circulent sur les réseaux sociaux. Elles montrent que le concert se serait poursuivi jusqu’à matingra. Et certains commentaires soulignent des dysfonctionnements dans l’organisation.
Jimmy Veerapin dit ne pas comprendre pourquoi, dans le cas d’un autre festival qui s’était aussi déroulé au stade de Bambous, «la police a ordonné l’arrêt immédiat du concert une fois que l’horaire prévu avait été dépassé. Cela n’a pas été le cas pour ce festival. La police dit qu’elle a appelé l’organisateur et l’a cherché en vain. Mais pourquoi le concert a-t-il continué jusqu’aux petites heures ? L’autorité n’est-elle pas entre les mains de la police ?».
Le producteur s’insurge contre ceux qui, en ne respectant pas les règles, «gat travay». Il appelle à la règlementation officielle de ce secteur en se demandant si, «une personne qui ne fait qu’un événement par an est un organisateur ? Est-ce qu’un organisateur de bals peut prendre en charge une foule de 8 000 personnes ?»
Pour lui, le stade de Bambous, ou plus exactement le training ground à côté du stade n’est pas approprié pour les manifestations culturelles. Il déplore les problèmes de parking, la configuration routière avec une seule voie d’accès et de sortie et les risques d’inondations s’il y a des intempéries. «En cas de problème, y a-t-il un plan d’évacuation pour une foule de 8 000 personnes ?»
À l’inverse, le mois dernier, le regroupement de Professionnal Events Organiser (PEO) a soumis une liste de propositions au ministère des Arts et de la culture. Elle mentionne les lieux appropriés pour les concerts en plein air. Une quinzaine de sites sont cités dont le stade GermainComarmond de Bambous, le stade Anjalay-Coopen, celui de Côte d’Or mais aussi des lieux privés, tels le Green Village au Morne, le Château Labourdonnais et le parking de certains malls.
Jimmy Veerapin – qui précise qu’il est en retrait du PEO «faute de temps»- souligne que, «l’État doit aussi donner le bon exemple. Pour le Festival International Kreol 2024, il y a eu un all-nite concert jusqu’à 4 heures du matin, alors que cela n’est pas permis aux autres organisateurs». C’était le samedi 14 décembre 2024 au Cruise Terminal, Les Salines. L’organisateur propose que les horaires soient adaptés selon le jour du concert (si c’est en semaine ou le week-end), selon le lieu (s’il y a des habitations autour), etc. «L’événementiel ce n’est pas que les organisateurs et les artistes. Il y a des équipes de techniciens, les véhicules qui assurent le transport, le service traiteur, ziska magazin kot artis ek piblik al aste linz. Et sur chaque activité, l’État touche des taxes.»
De son côté, Bruno Raya, artiste-producteur, souligne avec force qu’il est plus que temps de mettre de l’ordre dans l’industrie musicale, «pour qu’on ne se retrouve pas à chaque fois avec ce type de problème». Membre du PEO, il souligne que ce regroupement demande, «un règlement qui s’applique à tous les organisateurs, indistinctement». Et pour élaborer le règlement, «nounn fatige dir bizin asiz otour enn latab». Il estime que les réformes ne doivent pas uniquement être dans le judiciaire ou la santé, mais dans tous les secteurs, y compris dans la culture. Pour lui, la mise en place d’un one-stop shop pour l’obtention des permis d’organiser des concerts, «c’est ce qui va régler tous les problèmes. Samem ki pou touy koripsion dan lindistri mizikal».
Ally’s Entertainment : Organisateur d’occasion
Ally’s Entertainment est l’organisateur du Festival du zouk, qui suscite une vague de réactions depuis samedi. A son palmarès, une soirée «All White Everything», le 30 décembre 2022, au stade Germain-Comarmond. Il est revenu avec la soirée «All Black Everything», le dimanche 29 décembre 2024.
A noter que le 15 novembre dernier, cinq jours après les élections du 10 novembre 2024, un député de la majorité a posté sur sa page une autorisation obtenue du «Mauritius Sports Council (MSC)». Feu vert accordé à Ally’s Entertainment pour une soirée au «training ground» du stade de Bambous, le vendredi 6 décembre 2024. La lettre du MSC disait explicitement que le terrain avait été mis à disposition du vendredi 6 décembre 2024 «at 20 00 hours to end at 04 00 hours on Saturday 7th December 2024». Commentaire du député : «Le changement est là ! Dédié à nos amis artistes ! J’ai insisté pour qu’on mette à votre disposition les infrastructures pour l’organisation de vos événements». Nous avons cherché la version de l’organisateur, mais il n’a répondu à aucun messages ni appels.
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