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Oscillations parlementaires…

6 juillet 2024, 08:45

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Une forme de collaboration parlementaire, est-ce du domaine du possible chez nous ?

Conscient que le gouvernement ne dispose pas de la majorité des trois quarts pour mener à bon port le Constitution (Amendment) Bill visant à augmenter les pouvoirs de l’Electoral Supervisory Commission et de l’Electoral Commissioner tout en introduisant le tard venu Political Financing Bill sur fond de campagne électorale, Pravind Jugnauth a besoin de l’opposition pour faire aboutir ses ambitions législatives.

«Ces deux projets de loi historiques démontrent que le gouvernement a accompli encore une fois un des engagements majeurs qu’il a pris en 2019. La présentation de ces deux projets est sans équivoque de l’intention du gouvernement de sauvegarder la confiance du public dans le système démocratique du pays», a affirmé le Premier ministre au Parlement cette semaine, non sans faire remarquer que le gouvernement avait, en 2019, tenté d’introduire pratiquement les mêmes Constitution (Amendment) Bill et Political Financing Bill. «Toutefois, ces projets de loi avaient été rejetés par les membres de l’opposition alors que le pays attendait impatiemment des législations appropriées pour réglementer le financement des partis politiques. Au lieu de soutenir cette initiative fort louable du gouvernement pour promouvoir une culture d’intégrité dans l’arène politique, cette opposition avait choisi de jouer aux Petty Politics. La plupart de leurs arguments étaient vides.»

Alors que les coffres-forts du leader du Parti travailliste étaient remplis de billets de banque, explicite le gouvernement de Pravind Jugnauth à l’encontre de son rival.

En rappelant les Rs 220 millions de Navin Ramgoolam à chaque occasion qui se présente, le gouvernement fait en fait tout pour faire avorter toute tentative de collaboration avec l’opposition, qui se sent, alors, sur la défensive ou singulièrement embarrassée.

Ismael Rawoo est allé bien plus loin en remuant le passé. Il a longuement cité une interview de Paul Bérenger, diffusée en fevrier 2016 du plateau de lexpress à Riche-Terre, dans laquelle le leader du MMM se montrait superbement persifleur par rapport aux deux coffres-forts saisis à RiverWalk chez son voisin «Nuvin».

On ne peut que deviner les intentions réelles du pouvoir en remettant sur la table des discussions ces projets de loi éminemment politiques et électoralistes, mais gageons que cela ne peut qu’être perçu par les stratèges du Sun Trust comme étant à l’avantage de la majorité et forcément, au désavantage de l’opposition qui doit, en peu temps de temps et de moyens, faire feu de tout bois et expliquer pourquoi ils vont voter contre...

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L’opposition a subi le redécoupage électoral ; elle est dans le flou quant aux listes électorales qui seront en vigueur, et maintenant, sans crier gare, on leur jette à la figure un amendement constitutionnel et un projet de loi sur le financement politique sans que l’on sache quand le Parlement sera dissout. Un véritable imbroglio.

Ces derniers dix ans, les mêmes acteurs et partis ont repris la danse inachevée de la réforme électorale. La cadence a changé, mais certains faits têtus et intérêts tenaces demeurent inchangés.

En mai 2014, nonobstant la lutte de Rezistans ek Alternativ (ReA), du Blok 104, le «pronouncement» des Nations unies et la pression de la Cour suprême pour l’élimination de la déclaration ethnique des candidats aux législatives, Navin Ramgoolam, Premier ministre, et Paul Bérenger, leader de l’opposition, mettaient en avant que la réforme électorale – un véritable serpent de mer dans le débat public – s’avère être une lutte aussi ardue que l’aura été, par exemple, l’accession de Maurice à l’Indépendance. Donc, le travail en amont d’une éventuelle réforme de notre système électoral était tellement complexe que le Parlement ne pouvait même pas siéger pendant de longs mois. Le Premier ministre et le leader de l’opposition trouvaient cela tout à fait normal.

Dans le jeu de Ramgoolam et de Bérenger, tout était presque réglé comme du papier à musique. Le script, rédigé depuis plusieurs mois par Ramgoolam et Bérenger, pour réformer le système électoral – à leur avantage – avait un objectif bien précis en cette année 2014 fatidique : proposer un seuil de représentativité proportionnelle de 10 % pour se débarrasser du Parti socialiste social démocrate (PMSD) et du Mouvement socialiste militant (MSM).

Acculés par ce seuil trop haut pour leur servir de perchoir, les Bleus avaient poussé le bouchon trop loin et Ramgoolam en avait profité pour leur rabattre le caquet. Sauf qu’en utilisant un bazooka (ce seuil de 10 %) pour tuer les Jugnauth et les Duval, le leader du Parti travailliste (PTr) et celui du Mouvement militant mauricien (MMM) (qui pensaient, à tort, détenir à eux deux 80 % de l’électorat) anéantissaient aussi tous les autres petits partis qui auraient pu apporter d’autres perspectives au débat national, comme ReA, avec qui ils négocient ces jours-ci.