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Journée internationale de la femme

Parwisa Jeeva, ex-détenue: «Baro pa aret lavi, je garde toujours le sourire»

8 mars 2024, 09:30

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Parwisa Jeeva, ex-détenue: «Baro pa aret lavi, je garde toujours le sourire»

Les femmes derrière les barreaux incarnent une facette souvent méconnue et complexe de notre société. La vie en prison, déjà marquée par des défis inhérents, prend une dimension particulière lorsqu’elle concerne la population féminine. Ces femmes incarcérées, souvent reléguées dans l’ombre des préoccupations sociales, ont des histoires singulières qui méritent d’être entendues. Parwisa Jeeva (photo) avait été arrêtée en 2005 après la découverte d’une forte somme d’argent en devises étrangères chez elle. Une affaire en lien avec le caïd Peroomal Veeren. Elle a ensuite été condamnée à 16 ans de prison pour blanchiment d’argent. Le 30 mars 2019, elle a obtenu le pourvoi en grâce. En cette Journée internationale de la femme, elle a voulu nous partager son vécu derrière les barreaux.

Elle relate que «l’environnement carcéral expose des femmes à des réalités difficiles, où la séparation de leurs proches et la perte de liberté sont des fardeaux lourds à porter. Confrontées à des défis psychologiques et émotionnels uniques, nous cherchons souvent à maintenir des liens familiaux quand la famille vient nous visiter chaque quinzaine. Il faut trouver un équilibre entre le repentir, la réhabilitation et la perspective d’une réintégration réussie dans la société après». Elle ajoute qu’au départ, tout se joue dans la tête et qu’il faut positiver une fois qu’on est à l’intérieur de la prison où tout est différent. Il faut s’adapter, dit-elle, «à la vie quotidienne qui est marquée par des routines strictes, des interactions limitées et des conditions souvent précaires».

Parwisa Jeeva dit qu’elle a fait de nombreuses activités qui l’ont tenue occupée et qu’elle n’a pas eu le temps de stresser sur son manque de liberté. «Je suis restée jeune dans ma tête et je faisais du yoga, du taï-chi pour la maîtrise de soi. Je faisais de la pâtisserie et je comblais mes jours ainsi.» Elle se dit heureuse de n’avoir jamais eu affaire à de fortes têtes qui lui auraient nui. «En prison, nous n’avons pas le temps de nous faire des amies ; j’étais satisfaite du peu de femmes que je connaissais. Je m’étais mis en tête d’avoir une bonne conduite car je voulais au plus vite retrouver ma liberté et c’est ce qui s’est passé.» Elle dit avoir perdu une vingtaine de kilos car les repas n’étaient pas à son goût. «La plupart du temps, je ne mangeais que le pain, le beurre et le fromage. J’ai développé des complications de santé comme la thyroïde, mais après ma sortie, j’ai repris ma santé en main.»

Elle avoue avoir trouvé du travail comme carer car ce n’est pas facile sans un bon certificat de moralité. «Je voulais commencer quelque chose dans la pâtisserie, mais je n’ai pas réussi. Mon compte bancaire a été gelé et je ne peux pas prendre un emprunt bancaire pour commencer un business pour moi. On se retrouve comme des rejetées de la société. Je demande qu’il y ait un plan de réhabilitation après la prison afin que nous soyons à nouveau acceptées par la société. Un message que je veux faire passer, c’est que d’être derrière les barreaux, la vie ne s’arrête pas. Je demande à celles qui sont toujours en prison de prendre du courage. Je suis sûre qu’il y aura de meilleurs jours (...) Baro pa aret lavi, je garde toujours le sourire.»