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Océan Indien
Pêche au thon: la transparence au centre des débats
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Pêche au thon: la transparence au centre des débats
La Sustainable Tuna Association a organisé une conférence sur la lutte contre la pêche illégale et la durabilité des stocks de thon, au «Ravenala Attitude Hotel», à Balaclava, le 17 avril.
La Sustainable Tuna Association a organisé une conférence sur la lutte contre la pêche illégale et la durabilité des stocks de thon, au «Ravenala Attitude Hotel», à Balaclava, le 17 avril. «Transparency in the Indian Ocean Tuna Fishery.» Tel était le thème de la conférence organisée par la Sustainable Tuna Association (STA), le 17 avril au Ravenala Attitude Hotel, à Balaclava. L’objectif était de promouvoir une approche collaborative pour lutter contre l’«Illegal, Unreported and Unregulated (IUU) fishing», garantir la durabilité des stocks de thon, tout en protégeant l’économie de l’océan Indien.
La conférence a réuni plusieurs représentants des ministères régionaux et internationaux de la pêche et de l’industrie. Les sujets abordés lors de la conférence comprenaient la durabilité à long terme des stocks de thon dans la région, la nécessité de protéger ces stocks, l’importance de la transparence dans le secteur de la pêche avec un accent sur les normes sociales et environnementales ainsi que l’alignement et la collaboration pour atteindre des objectifs communs. Compte tenu des divisions ou des conclusions peu concluantes des réunions annuelles de l’Indian Ocean Tuna Commission (IOTC), la STA a utilisé sa plate-forme pour encourager tous les membres de l’IOTC à une coopération et à un partage des responsabilités en vue de la réunion de l’IOTC en Thaïlande prévue en mai.
La STA a souligné que la préservation à long terme des stocks de thon et la prospérité économique des acteurs de l’industrie des produits de la mer dans toute la région de l’océan Indien requièrent non seulement une vision partagée sur le long terme mais également une empathie accrue.
«La durabilité à long terme. C’est ce que nous voulons construire et ce que nous voulons réaliser en tenant compte de tous les défis auxquels l’océan Indien a été confronté, est confronté et sera confronté. Nous souhaitons mettre en lumière la transparence et développer le dialogue vers des approches coopératives et collaboratives», a déclaré Cougen Purseramen, président de la STA.
Il souligne par ailleurs que la transparence est un élément important pour l’avenir. «Nous parlons souvent de durabilité, mais pour mesurer la durabilité, il faut être transparent. C’est pourquoi nous apportons la transparence aujourd’hui. (…) Pour lutter contre l’IUU fishing, il faut que toutes les têtes s’alignent afin que nous travaillions tous à la réalisation d’un objectif commun.»
En effet, l’IUU fishing reste un problème majeur dans l’océan Indien, causant des pertes de plus de 95 millions de dollars par an rien que pour le thon. Le manque de surveillance efficace permet à la pêche illégale de se développer à grande échelle, épuisant ainsi les ressources locales et exerçant une pression sur des stocks déjà surexploités (voir hors-texte).
Certaines flottes de l’Union européenne fournissant l’industrie de transformation de Maurice et des Seychelles respectent les réductions de captures, tandis que d’autres les augmentent. Il est considéré impératif que les flottes, les ports et les chaînes d’approvisionnement respectent rigoureusement les règles existantes. Des sanctions sont recommandées pour punir les contrevenants reconnus coupables de pêche illégale.
Autre sujet abordé lors des réunions de l’IOTC : l’utilisation des dispositifs de concentration de poissons par les senneurs et ce sujet pourrait encore faire débat cette année car des propositions sur les périodes de fermeture sont attendues. Ces propositions sont soutenues par les États côtiers mais posent problème aux États ayant une industrie de transformation. Il est relevé que les senneurs utilisant ces dispositifs ne capturent que moins de 25 % du thon dans l’océan Indien.
Ainsi, a fait ressortir le président de la STA, il semble illogique de blâmer uniquement les senneurs pour la surpêche. Il est soutenu que les senneurs sont accusés à tort, alors que d’autres types d’équipements de pêche sont également en cause. Toutefois, les membres de la STA, bien qu’ils dépendent des senneurs utilisant ces dispositifs, soutiendraient une période de fermeture bien planifiée, basée sur des données scientifiques, et des mesures pour gérer l’impact de toutes les activités de pêche. Il est considéré que pour faire face à ces défis, il faut tenir compte des responsabilités de toutes les parties pour mettre en place des mesures appropriées.
Pour sa part, Sudheer Maudhoo, ministre de l’Économie bleue, a soutenu que Maurice s’engage fermement à être transparent et à se conformer aux règles. Il a affirmé que la préservation du thon et des stocks sont des priorités de l’île. Dans ce contexte, en 2023, lors de la réunion de l’IOTC, Maurice a proposé une fermeture volontaire de la pêche pour protéger les stocks qui a été acceptée à l’unanimité. Ainsi, Maurice appliquera cette mesure du 15 mai au 15 juin 2024.
En outre, a indiqué Henry Jardine, ambassadeur des États-Unis à Maurice et aux Seychelles, les États-Unis sont déterminés à collaborer avec des partenaires du monde entier, y compris les pays de l’océan Indien occidental, pour lutter contre l’IUU fishing. Il explique que son ambassade travaille en étroite collaboration avec le gouvernement mauricien, les organisations de la société civile et les associations industrielles non seulement pour l’IUU fishing, mais aussi pour protéger la biodiversité marine et promouvoir des pratiques de pêche durables.
Les stocks restent un problème majeur
Le secteur de la pêche, qu’il soit artisanal ou industriel, est confronté à des défis communs. Selon Cougen Purseramen, président de la STA, il est crucial que les dirigeants politiques délaissent les pensées à court terme et les intérêts personnels pour garantir la durabilité à long terme de cette ressource naturelle, ainsi que des communautés et des économies qui en dépendent. Car les stocks de thon dans l’océan Indien posent toujours des problèmes majeurs. Un accord a été conclu en 2023 pour renforcer la conservation du thon obèse (BigEye) mais d’autre part, le thon albacore (Yellowfin) est classé rouge depuis 2015, démontrant la surexploitation. De plus, le listao (Skipjack), bien qu’actuellement classé comme durable, est toujours pêché à des niveaux dépassant sa capacité de renouvellement.
Quant aux principaux acheteurs européens de thon albacore et listao, ils ont exprimé leur inquiétude du manque de gouvernance efficace de l’IOTC et la faible participation des États membres importants de l’IOTC aux plans de reconstitution des stocks de thon albacore. L’année dernière, le gouvernement mauricien a proposé d’interdire volontairement les activités de pêche pendant 31 jours, rappelle Cougen Purseramen. Il estime que cette approche équitable pourrait améliorer la situation du thon dans l’océan Indien, en impliquant toutes les flottes industrielles et semi-industrielles, tout en exemptant les petits navires artisanaux et la pêche de subsistance.
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