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Budget 2025-26

Pension à 65 ans : Une réforme dénoncée comme une attaque contre le contrat social

13 juin 2025, 05:00

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Pension à 65 ans : Une réforme dénoncée comme une attaque contre le contrat social

■ L’activiste Nishal Joyram (à g.) et l’avocat Sanjeev Teeluckdharry.

Le report de l’âge de la retraite de 60 à 65 ans, annoncé dans le Budget 2025-26, continue de susciter une vague d’indignation. Mercredi, lors d’une conférence de presse commune à Port-Louis, l’activiste Nishal Joyram et l’avocat Sanjeev Teeluckdharry ont exprimé avec force leur opposition à cette mesure, la qualifiant d’attaque frontale contre le contrat social. Ils ont dénoncé une décision brutale, imposée sans consultation ni consensus, qui risque de pénaliser lourdement des dizaines de milliers de Mauriciens, en particulier ceux issus de la classe moyenne. Selon eux, cette réforme constitue un recul social majeur, injustifié même dans un contexte de pressions budgétaires.

Pour Nishal Joyram, cette réforme revient à punir ceux qui ont contribué toute leur vie au système, notamment à travers la Contribution sociale généralisée (CSG). «Tout le monde contribue à la CSG. Donc, tout le monde a droit à cette pension. C’est une question de justice sociale», a-t-il insisté.

De son côté, Mᵉ Teeluckdharry a dénoncé une politique «cruelle et inhumaine», soulignant l’ironie de demander de tels sacrifices aux citoyens ordinaires, alors que les parlementaires et ministres conservent tous leurs avantages. Il a déploré que l’on fasse peser sur les épaules des travailleurs et des personnes âgées les conséquences d’une mauvaise gestion, sans toucher aux grosses fortunes ou aux entreprises fortement bénéficiaires.

Des propositions alternatives sur la table

Conscients des défis économiques auxquels fait face le pays, les deux hommes ne se sont pas contentés de critiquer. Ils ont proposé des alternatives concrètes pour garantir la viabilité du système de pension, sans sacrifier les droits des citoyens. Parmi les solutions évoquées : un investissement plus stratégique du fonds de pension, une taxation accrue des entreprises les plus rentables ou encore une remise en question des avantages fiscaux accordés aux grands groupes hôteliers.

Pour eux, la marge de manœuvre existe. «Il fallait aller chercher l’argent là où il est – auprès de ceux qui ont profité du système, pas chez ceux qui comptaient sur leur pension à 60 ans», a martelé Joyram.

L’avocat Sanjeev Teeluckdharry a confirmé que des actions légales sont prêtes à être lancées si le gouvernement ne revient pas sur cette réforme d’ici le 1er juillet. Ces poursuites pourraient inclure un recours constitutionnel fondé sur la protection des droits acquis et la lutte contre les lois injustes. «La pension, ce n’est pas une faveur. C’est un droit», a-t-il insisté, évoquant des articles de la Constitution mauricienne garantissant l’égalité et la dignité des citoyens.

Les deux intervenants ont appelé à un dialogue immédiat avec le gouvernement, en présence de syndicats et de représentants de la société civile, pour repenser cette réforme de manière équitable. En l’absence de concertation, une mobilisation populaire et un bras de fer judiciaire ne sont pas exclus.

Face à une opposition déterminée et organisée, la pression monte sur le gouvernement, sommé de reconsidérer une réforme perçue comme injuste, brutale et socialement destructrice.

N.M. & A.P

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