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Portraits croisés
Persévérance et détermination… Clés de leur réussite
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Portraits croisés
Persévérance et détermination… Clés de leur réussite
Leur parcours académique n’aura pas été un long fleuve tranquille. Mais une main tendue ou le besoin de travailler les a poussés à s’accrocher et à se dépasser. Aujourd’hui maîtres de leur destinée, ils sont fiers de partager leur histoire pour que d’autres jeunes réalisent qu’il ne faut jamais baisser les bras devant l’adversité…
Noé Reddy, de l’échec au CPE… à architecte d’intérieur
En plus d’être l’image de la persévérance, Noé Reddy, 27 ans et habitant de Batterie-Cassée à Port-Louis, est l’exemple qu’un enfant bien encadré dans un écosystème propice, qui parvient à sortir la tête de l’eau. En 2022, il a été diplômé avec mention «très bien» de l’univer- sité. Un an plus tard, il a débuté comme architecte d’intérieur chez Visio Architecture. Si un bel avenir semble attendre ce jeune homme, ses débuts dans la vie n’ont pas été faciles. «Quand j’étais en CPE (fin du primaire), j’avais du mal à lire et à écrire le français ou l’anglais. J’avais beaucoup de difficultés avec les études et je n’arrivais pas à suivre le rythme imposé. J’ai fait deux fois le CPE mais malheureusement, je n’ai pas réussi les deux fois», raconte-t-il. Il se tourne alors vers l’école pré-vocationnelle (prévoc). «Mais c’était la même chose. Je n’arrivais toujours pas à suivre et c’était vraiment difficile pour moi», se souvient-il. Après six mois, il décide de jeter l’éponge. «J’étais totalement découragé. Je ne me voyais pas avancer. Je restais à la maison à regarder des films.»
Mais la vie décidera que ce n’était pas encore la fin pour lui. «Ma mère a découvert l’école de Julien Lourdes à Ste-Croix à l’époque. L’école était en association avec l’Adolescent Non Formal Education Network (ANFEN). Elle m’y a inscrit et là-bas, l’éducation était différente. C’était comme une famille. On apprenait chacun à son rythme. Et, petit à petit, j’y ai appris à lire. J’ai appris le français, puis l’anglais. L’apprentissage de l’anglais, je l’ai fait dans un dictionnaire car je devais pratiquement voir la définition de chaque mot. Au fur et à mesure, j’ai commencé à découvrir mon potentiel. Pour la fête de l’Indépendance, on devait construire un podium pour accueillir le spectacle et comme je faisais partie des élèves les plus âgés, j’avais la responsabilité de le mettre sur pied. C’étaient mes premiers pas dans le design. Mais je ne m’en rendais pas compte à ce moment-là», explique Noé Reddy.
Dans cette école, il va aussi s’adonner à l’art – le dessin et la musique. Il affirme que Julien Lourdes a été son mentor, son guide dans la vie. «Des fois, je l’accompagnais pour faire des dons aux personnes dému nies et cela m’a fait découvrir la vie. J’ai été touché au cœur. J’ai compris que je n’étais pas le seul en difficulté. - Et j’ai voulu aller plus loin.» Avec l’aide de son mentor, Noé Reddy va intégrer les écoles d’alphabétisa- tion d’ANFEN. «Là-bas, il y avait la même atmosphère qu’à l’école de Julien Lourdes et cela m’a beaucoup motivé. J’ai pu refaire le CPE. Et j’ai développé l’amour pour les études.»
Toutefois, après le CPE, il doit choisir, se tourner vers des formations professionnelles ou des études académiques. «J’ai décidé de poursuivre mes études et j’ai alors intégré un collège. Mais à cause de mon âge, je ne pouvais redoubler une classe. J’ai donc redoublé d’effort.» Toutefois, malgré sa bonne volonté, les difficultés demeurent. «Après le School Cetificate, le collège m’a fait savoir que je ne pourrai pas y faire mon Higher School Certificate à cause de mon âge. Mais la providence n’est jamais loin. Pour terminer mes études secondaires, je devais intégrer une école privée, mais mes parents n’en n’avaient pas les moyens. Je me suis donc tourné vers ANFEN et l’organisme m’a obtenu une bourse d’une entreprise privée. C’est ainsi que j’ai pu terminer le secondaire», raconte-t-il
Ayant obtenu de bonnes notes à ces examens, Noé Reddy veut aller encore plus loin. Toujours grâce à ANFEN et à l’entreprise privée, il s’inscrit à l’université et fait une licence en architecture d’intérieur. «J’ai quitté l’université avec les honneurs et j’en suis très fier.» Aujourd’hui, il veut partager son histoire pour que d’autres jeunes puissent réaliser leurs rêves. «Avec un peu de courage, de détermination et d’encadrement, on peut aller loin», explique-t-il. Et le parcours de Noé Reddy n’est pas prêt de s’arrêter car il envisage de poursuivre ses études à l’étranger.
Soofyan Boodhun, L’homme aux trois pizzerias florissantes
Le parcours du directeur de Pizza-King Ltd, 30 ans, témoigne de sa résilience et de sa volonté à réussir malgré les obstacles et les difficultés.Soofyan Boodhun, un Vacoassien marié et père de famille, a commencé à travailler à 17 ans. Ses résultats peu satisfaisants au School Certificate (SC) ne l’ont pas empêché de poursuivre son chemin vers le succès. Décidant de quitter le collège à cause de ses résultats qui ne lui permettaient pas de continuer en Higher School Certficate, il a débuté comme plongeur dans un coffee shop. Les longues heures de travail et les tâches difficiles n’ont pas entamé sa détermi nation. - «Apré dé mwa lakaz kouma somer monn gagn travay dan enn coffee shop Phoenix Mall. Monn komansé kouma plonzer avek enn lapey Rs 4 500 par mwa, monn pran kouraz monn manz ar li. Monn fer dézan ek monn komans kontan travay dan restorasion, tou lézour nouvo klian enn ti dialog», confie-t-il.
Après deux ans d’efforts acharnés comme plongeur, Soofyan Boodhun change d’emploi et devient kitchen helper dans une pizzeria. «Au début, ce n’était pas facile du tout. J’étais le petit nouveau, je n’avais pas d’amis et j’avais des problèmes d’adaptation. À un moment donné j’avais envie d’arrêter. Chez moi, il y avait aussi mon frère et ma sœur. Ce n’était pas facile du tout pour moi avec trois enfants et ma mère femme au foyer. Mo ré al manz ar li ek mo met dan mo latet ki kan mo travay mo pou ed mo fami ek mo papa pou gagn enn gro soulazman», poursuit Soofyan Boodhun. Son dévoue ment et son travail assidu lui vaudront une ascension rapide. Après cinq ans, il est promu - Cette expérience lui offre une plateforme pour absorber les tenants et les aboutissants de la gestion manager. d’entreprise, aux côtés de personnes inspirantes.
Fort de ses expériences, Soofyan Boodhun prend ensuite la décision audacieuse d’ouvrir son propre snack. Deux années de dur labeur plus tard, il inaugure le premier Pizza-King Vacoas. Ce sera le début d’une aventure entrepreneuriale fructueuse. Mais ce qui le distingue vraiment, à La Caverne, c’est son engagement à travailler main dans la main avec son équipe. Malgré son statut de patron, il ne rechigne pas à mettre la main à la pâte, travaillant côte à côte avec ses employés. «Nou travay ek mo komans hire dimounn pou travay avek mwa mé zamé mo ti met dan mo latet ki mo enn patron mo bizin asizé ek lezot pou travay pou mwa, monn touzour met lamin ensam pou fer li ensam.»
La réussite de son premier établissement incitera Soofyan Boodhun à élargir ses horizons. Il réussit ainsi à ouvrir deux autres Pizza- King à Goodlands et à Port-Louis. «Mo fier de mwa mem zordi kan mo get dérier kouma monn ariv a sa. Bondié li inik tou létan krwar dan li, avan li avoy ou lor later linn fini ekrir ki pou éna pou ou nou bizin zis koné kouma pou pran li. Zordi kan mo tand mo papa dir so dé garson sakenn ena zot biznes sa rann nou bien éré. Mo frer Ansaar propriéter enn lafarmasi. Nou tou lé dé ti ena mem lanvi séki nou papa aret fatigé ek so travay.» Le parcours de Soofyan Boodhun, ponctué de sacrifices et de défis, a porté ses fruits. Après une décennie de travail acharné, il se retrouve à la tête de trois entreprises florissantes à travers l’île.
Son message aux jeunes est de ne jamais se décourager. «Croyez en vous et non à l’argent facile car il ne dure jamais longtemps. La joie que tu ressens quand tu trouves quelque chose que tu as réussi est incomparable. Et toujours, quand tu as quelque chose, n’oublie jamais de donner un peu à ceux qui n’ont rien, car ce que tu donnes à Dieu, il te le rend dix fois plus. C’est mon expérience que je partage.» Soofyan Boodhun demande de ne jamais baisser les bras si l’on n’a pas réussi dans son parcours académique car cela ne signifie pas que qu’on ne peut pas réussir dans la vie. «Zordi avek enn simp résilta SC mais avek boukou lapenn monn réisi ena mo biznes.»
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