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Pire que prévu !

Une éducation qui ajoutera de la valeur ?
Les Assises de l’Education ont été les bienvenues comme, semble-t-il, la plupart des initiatives du nouveau ministre jusqu’ici. Cependant, en voulant brasser large, elles se sont peut-être trop éparpillées. Quatre mille participants pendant trois jours au MGI, cela en fait vraiment beaucoup trop. Le résultat en est que les discussions étaient relativement superficielles et que de nombreux participants en sont ressortis convaincus que l’exercice était plutôt un passage obligé de relations publiques, plutôt qu’une réflexion véritable et une discussion profonde. En effet, dans les réflexions thématiques, par exemple, il fallait répondre à trois questions et formuler cinq solutions en 60 minutes; qui étaient d’ailleurs trop souvent des minutes de moins de 60 secondes…
Pressurisées par le temps, les analyses et les discussions furent forcément télescopées et les rapporteurs de groupe avaient beau jeu d’inscrire ce qui leur convenait personnellement dans leur rapport de synthèse. Quand, en plus, nombre de ces rapporteurs étaient apparemment du sérail du ministère, défendant le statu quo ou le Blue Print à venir déjà largement convenu; plus d’un participant s’étonnait de voir des idées ayant pourtant réuni consensus et approbation être mises de côté et négligées. Ce qui poussait bon nombre de participants à se demander si le document final ne serait pas largement malaxé pour favoriser l’establishment, ses thèses et son parcours ! Le ministre aurait intérêt à ne pas se laisser berner, une fois encore, par sa bureaucratie. Comme certains de ses prédécesseurs.
Que dès la rentrée du prochain trimestre, les recteurs auront, enfin, plus de discrétion pour piloter leurs écoles est néanmoins un pas positif. Comme le sont les initiatives extrascolaires et sportives renforcées, la valorisation des études techniques et une emphase possible pour promouvoir la réflexion et l’intelligence critique aux dépens de la mémorisation à œillères qui ne développe ni curiosité, ni horizons dégagés… Il reste à passer du ‘possible’ au ‘probable’ et de là, éventuellement, à la ‘concrétisation’.
Aux États-Unis ça sent le brûlé !
Aux Etats-Unis, le clan Trump est de plain-pied dans un exercice qui accélère, au nom d’une loyauté sans faille au chef, la partisannerie dans les services publics. Pourtant, les services d’Etat américains ont longtemps été perçus comme plutôt efficaces, justement parce que largement jugés neutres et indépendants. Il a suffi que Trump se dise outré que ses frasques, pourtant documentées, aient mené à diverses poursuites et mises au pas pour qu’il établisse, puis enracine de plus en plus, l’idée que le ‘deep state’ en avait contre lui personnellement, les républicains et les MAGA et qu’il fallait donc fortement sévir et redresser la situation !
Cependant, les décisions qui s’accumulent depuis le 20 janvier dernier suggèrent largement que les mesures dites ‘correctives’ cachent un jeu bien plus dangereux. Quand 17 inspecteurs généraux qui auditent l’usage de l’argent public sont licenciés quatre jours après sa prise de fonction, on peut lui donner l’absolution au moins partielle, puisqu’il y a, après tout, 72 inspecteurs généraux et que Reagan (16), Bush (Tous, alors qu’ils étaient moins nombreux ! Mais il reculait finalement face à la pression du congrès d’alors) et Obama (1) l’ont fait avant lui. Cependant, parmi les remarques accompagnant ces derniers licenciements, un en particulier donnait le ton : «He is not a big Trump fan», disait le président nouvellement élu. Depuis, le directeur de la Stock Exchange Commission (SEC) a sauté, ainsi que celui de l’IRS (Internal Revenue Service), où l’on licenciait d’ailleurs 6 700 employés – ce qui ne facilitera certainement pas la tâche de finaliser les dossiers fiscaux des milliardaires. Ce qui pourrait d’ailleurs en être l’idée ? De son côté, le directeur du FBI, Christopher Wray, un républicain nommé pour son terme statutaire de 10 ans en 2017, par Trump lui-même, démissionnait sous la menace, ayant déplu à Trump, notamment pour son investigation du rôle de celui-ci dans l’insurrection du 6 janvier 2021 au Capitol et pour son ‘landing’ à Mar-a-Lago pour retrouver des documents fédéraux ‘Top Secret’ cachés par Trump après des mensonges répétés. On peut, de plus, estimer que Trump aurait aussi déjà licencié, comme il le souhaitait publiquement, Jerome Powell à la Réserve Fédérale, pour le remplacer par quelqu’un de pliable, si les marchés n’avaient frissonné d’effroi à cette nouvelle idée impériale !
Le fin mot de l’histoire semble être que Trump, une fois de plus au pouvoir, VEUT de la partisannerie qui lui assure une loyauté personnelle totale. Cela ressemble à du Pravind Jugnauth noyautant toutes les institutions du pays et cela aura sans doute des conséquences semblables ! L’intégrité professionnelle et l’indépendance de réflexion ne semblent pas beaucoup l’intéresser. On peut même craindre que certaines décisions prédisposent à faciliter certaines opérations, voire certains dévergondages. Ainsi quand Trump lançait un message invitant à acheter des actions à la Bourse alors en chute libre après son annonce dévastatrice de ‘tarifs pour tous’ ; des doutes sérieux ont émergé que des ‘initiés privilégiés’ avaient bénéficié de la reprise boursière subséquente, le 11 avril, grâce à sa suspension des tarifs pour 90 jours. Or, le nouveau chef de la SEC n’aurait jusqu’ici nullement enquêté, avec la transparence établie jusqu’à maintenant, les transactions qui pourraient indiquer du ‘insider trading’. Les amis seraient ainsi protégés et Trump ne s’est d’ailleurs pas caché de féliciter, à la Maison Blanche même, quelques amis milliardaires qui avaient ‘gagné’, l’un $ 2,5 milliards et l’autre, $ 900 millions ce jour-là…
Dernièrement, même le judiciaire subit. Si un jugement est contraire à la volonté ou à l’avantage de M. Trump, le juge, qu’il soit démocrate, indépendant ou républicain, déclenche l’opprobre, peutêtre même une demande de destitution. La confrontation ultime s’annonce violente de conséquences quand Trump choisit d’ignorer, dans un pays de droit, un jugement qui lui est défavorable. Y compris des jugements émanant de la Cour suprême, nominalement à majorité républicaine, consolidée par lui-même ! On approche là des tribunaux russes, nicaraguayens ou chinois qui sont à la botte des dirigeants politiques ? Les universités et les grands cabinets d’avocat sont déjà largement mis au pas. Comme le sont les vaccins, les parcs marins protégés dans lesquels la pêche industrielle sera désormais possible, la recherche scientifique, l’OMS, le réchauffement de la planète et, idéalement, les médias… Ça sent diablement le brûlé ! Et l’on voit bien où réside le diable !
Finances : c’est pire !
Le rapport State of the Economy n’avait rassuré personne et même suggéré qu’il y avait pire à venir. Ce mardi, au Parlement, le ministre des Finances nous aura confirmé Rs 23,8 milliards de dépenses additionnelles, imprévues aux deux derniers Budgets de l’Etat. Or, le budget de dépenses voté en juin dernier se montait à Rs 236 milliards. Nous en avons donc pour… 10 % de plus(!), avec une sécurité sociale qui coûtera plus cher, le réapprovisionnement partiel des fonds spéciaux et des allocations pour le 14e mois et les rallonges salariales et sociales diverses. Ceux-ci découlant tant de l’érosion brutale de la roupie, que de folies électorales. Ces sommes non négligeables et ‘imprévues’ vont encore plus compliquer la donne du prochain Budget, celui en cours étant, semble-t-il, déjà déficitaire de 9,4 % !?
Pour rappel, les items budgétaires les plus gourmands prévus par Padayachy pour juin 2025 étaient : Financial and Fiscal Affairs (70112) (+ Rs 10,5 milliards) et la protection sociale (710) (+Rs 14,9 milliards) à l’intérieur d’un budget qui augmentait déjà de Rs 35,2 milliards en tout. La note 23 du dernier rapport de l’Audit rappelle que les fonds de pension ‘defined benefit’ dont le gouvernement est responsable sont (seront) déficitaires de… Rs 149,9 milliards et notre bureaucratie d’Etat, égale à elle-même, qui avait, entre autres, le devoir d’actualiser 108 registres d’actifs mensuellement, ne le complétait que dans 23 cas seulement ! Les autres dérives sont coulées dans le même moule…
Et puisque nous semblons être largement anesthésiés par la valse des milliards qui nous tombent sur la gueule, rappelons, au gré du tableau 2-11 du rapport de l’Audit, que le service de la dette du pays était (capital plus intérêts) de Rs 125,7 milliards, soit… 78,6 % des revenus estimés à juin 2024 (et donc 40,3% des dépenses totales, inclus les remboursements de capital) !
Pour ne paniquer personne, on emprunte aussi pour rembourser nos obligations…
Mais pour inquiéter, comme cela se doit en la circonstance, comment dès lors faire baisser la dette et réduire les déficits pour être au goût de Moody’s et croire pouvoir, à la fois, être populaire, sans utiliser la cuisine fumeuse de Padayachy ?
P.S : Dimanche dernier dans ma chronique, j’ai malencontreusement confondu Sugar Investment Trust (SIT) et Sugar Investment Fund Board (SIFB). C’est le SIT qui «perd Rs 150 m par an et qui doit Rs 1,6 milliard», pas le SIFB ! Cette confusion est regrettable et je m’en excuse platement.
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