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Masse monétaire
Plus de Rs 58 milliards dans le circuit en décembre, selon les projections
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Masse monétaire
Plus de Rs 58 milliards dans le circuit en décembre, selon les projections
«Il faut compter Rs 2 à 3 Mds additionnels pour la consommation de fin d’année» Il fallait s’y attendre même si la prudence était de mise. Le mois de décembre est toujours synonyme de consommation. Et qui dit consommation, dit circulation énorme d’argent. Résultat des courses : l’explosion inévitable de la masse monétaire.
La masse monétaire en circulation en décembre 2023 est estimée à plus de Rs 58 milliards. Les spécialistes attribuent cette hausse d’environ Rs 4 milliards par rapport à 2022 à des facteurs conjoncturels dus au gonflement de la masse salariale avec le paiement du 13ᵉ mois aux salariés mais aussi d’un 14ᵉ, voire d’un 15ᵉ, mois dans certains secteurs privés et d’autres rémunérations. Et comme ils sont couplés à différents bonus, une masse d’argent entre en circuit, découlant des transactions commerciales de fin d’année par les principaux secteurs et agents économiques. «Pour le mois de décembre, il faut compter entre Rs 2 et 3 milliards additionnels. Encore que cette année, il y a eu l’annonce en décembre d’une hausse du salaire minimum qui passe à Rs 15 000 et d’une compensation salariale assez conséquente across the board, le tout à être payé à la fin de ce mois», affirme Azad Jeetun, économiste et ex-directeur de la défunte Mauritius Employers Frederation.
Or, si en décembre 2022, la masse monétaire en circulation était chiffrée à Rs 54,6 milliards, elle a été en moyenne Rs 52 milliards en 2023, sauf pour octobre et novembre quand elle a connu une reprise pour passer respectivement à Rs 53,9 milliards et Rs 54,5 milliards. Pour rappel, elle était de Rs 46,5 milliards en décembre 2020 et Rs 50,2 milliards en décembre 2021. Sans doute, le besoin d’économiser pour la période de vaches maigres couplé à la baisse du pouvoir d’achat de la majorité des ménages avec la flambée des prix des produits de consommation de base liés aux effets inflationnistes y est pour quelque chose dans les comportements d’achat de la population.
Risques inflationnistes
Faut-il pour autant craindre des risques inflationnistes avec une telle masse monétaire en circulation ? Des observateurs économiques, tout comme des dirigeants d’associations de consommateurs, estiment que les risques d’une poussée inflationniste sont toujours réels alors même que le taux d’inflation de 7,1 %, calculé par Statistics Mauritius pour décembre 2023 en vue de décider du quantum de la compensation salariale, a été contesté par des spécialistes et certains syndicalistes.
Certes, les cinq hausses successives du Key Rate en 2022 par la Banque de Maurice (BoM), totalisant 265 points de base, soit 2,65 % et ramenant le taux directeur à 4,5 %, ont négativement impacté sur le niveau d’endettement des ménages. Celui-ci s’élevait en juillet 2023, selon l’économiste Pierre Dinan, à Rs 154 milliards, dont plus de Rs 100 milliards étaient liés aux prêts-logement. Résultat : une augmentation substantielle du montant des remboursements des prêts bancaires, réduisant ainsi la capacité financière des ménages à s’engager dans de nouvelles dépenses liées à la consommation en fin d’année.
Il est vrai qu’entre-temps, le Monetary Policy Committee n’a procédé à aucun réajustement de son taux directeur. Une démarche de la BoM visant à alléger à terme les pressions sur l’inflation. D’ailleurs, son gouverneur, Harvesh Seegolam, s’est réjoui que l’inflation se soit alignée sur son objectif de la ramener à 7 % en décembre 2023, découlant de sa politique de normalisation monétaire enclenchée depuis le début de l’année dernière, mais aussi d’une tendance baissière des prix des commodités sur les marchés internationaux.
Comme chaque année, l’injection d’une telle masse monétaire force les opérateurs financiers à proposer des plans d’épargne, les uns plus rémunérateurs que les autres pour réduire l’excédent de liquidités sur le marché monétaire. «Il y a fort à parier que tous ces plans n’inciteraient pas les familles mauriciennes à épargner, compte tenu du taux d’intérêt relativement bas, même avec les récentes hausses du taux directeur, car le différentiel reste largement négatif avec une inflation galopante. Du coup, on peut compter sur les doigts d’une main ceux qui vont s’aventurer dans cette voie. Il y a certains qui sont conservateurs et qui opteront comme d’habitude pour des dépôts fixes», insistent certains experts financiers.
D’autres, à l’instar du conseiller en investissements, Imrith Ramtohul, qui note en revanche qu’au fil des années, les investisseurs mauriciens ont traditionnellement privilégié les dépôts à terme, les obligations et l’immobilier. «Les taux d’intérêt étant légèrement plus élevés, tant au niveau national qu’à l’étranger, par rapport aux années précédentes, plusieurs investisseurs pourraient manifester davantage d’intérêt pour les obligations et les dépôts à terme compte tenu de l’amélioration des rendements.»
Dans la même foulée, Yourven Ramsamy, manager du Mutual Fund & Investment Administration chez MUA, confiait récemment à l’express, qu’une stratégie bien réfléchie et équilibrée adaptée aux objectifs financiers et personnels est la clé pour naviguer efficacement entre la nécessité d’épargner ou d’investir. «Il est important de reconnaître que l’épargne est une démarche à long terme. Il faut donner du temps au temps et ne pas être pressé. Il faut rester concentré sur les objectifs à long terme et ne pas se laisser décourager par les fluctuations à court terme.»
Consommation effrénée ou raisonnée, celle-ci néanmoins a dopé des milliards à la fin de l’année pour le plus grand bonheur des commerçants. Et c’est le temps pour de nombreuses familles de se payer quelques largesses… en attendant l’autre Père Noël qui passera avant décembre 2024.
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