Comme on s’y attendait, le dernier Budget du Mouvement socialiste militant (MSM) avant les élections générales répond à un agenda éminemment électoraliste. Augmentations des allocations, des prestations, des dépenses, des pensions, tel un guichet automatique, Renganaden Padayachy a craché des milliards et des millions dans toutes les directions.

Le ciblage électoraliste n’a pas seulement visé les salariés, les bénéficiaires de prestations sociales, les seniors, les parents, les enfants, les autrement capables, mais aussi des communautés spécifiques. Ainsi, les planteurs, les pêcheurs et les artistes ont été particulièrement pris on board.

Outre les aides et les grants annoncés, les facilités de duty-free devraient particulièrement épater les planteurs et les pêcheurs. Pour les agriculteurs, la possibilité d’importer de la main-d’oeuvre étrangère devrait en principe donner un coup de fouet à un secteur qui connaît une dégringolade depuis un certain temps. Au point que le pays a dû importer certaines catégories de légumes.

La mesure la plus électoraliste aura été la réduction du prix du gaz ménager, passant de Rs 240 à Rs 190. Au fait, les prix des produits pétroliers ont bien baissé sur le marché mondial, mais à Maurice, en gardant les prix élevés, le gouvernement en a profité en engrangeant davantage de taxes.

Toujours dans le cadre de cet agenda électoraliste, il se peut que les prix de l’essence et du mazout soient revus à la baisse d’une façon spectaculaire une fois la campagne électorale sérieusement entamée. Cela, pour avoir un effet certain sur les électeurs. Si une baisse est annoncée trop tôt, les Mauriciens ont tendance à oublier le geste du gouvernement. On craint toujours qu’une note salée vienne diluer l’effet labous dou.

L’annonce de grands projets d’infrastructure sert aussi à alimenter l’agenda électoral du MSM. Ainsi, on a encore parlé du réservoir de Rivière-des-Anguilles et de l’extension du tramway sur le reste du pays. Cette carte du «métro partou dan pei» avait été jouée par Nando Bodha lors des élections générales de 2019 quand il annonçait en bhojpuri, à l’intention des chachis, lors des meetings, que le «rel-gari», qui veut dire «train» en langues indiennes, viendrait dans tous les villages du pays. Bodha était alors ministre des Infrastructures publiques, patron du tramway et blue-eyed-boy de sir Anerood Jugnauth.

Comme outils de propagande électorale, le forgeron Padayachy, aidé en cela par le sorcier Dev Manraj, en a fourni en grandes quantités au MSM et à ses alliés. Budget suffisant pour gagner les élections ? Puisqu’aucune mesure radicale devant contenir l’inflation et la chute de la roupie par rapport au dollar n’a été annoncée, il reste toujours à déterminer si la perte du pouvoir d’achat pourrait être compensée par les différentes augmentations de prestations et de pensions de même que la hausse du salaire minimum.

Quoi qu’il en soit, l’augmentation de l’inflation et la chute de la roupie ne dérangent pas vraiment celui qu’on appelle le Grand argentier. En effet, plus le consommateur paie à la caisse, plus le ministre en récolte énormément de taxes sur la valeur ajoutée.