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PMQT: le bureau du DPP «under attack»
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PMQT: le bureau du DPP «under attack»
La question et la réponse venant toutes deux de la majorité n’avaient pas seulement pour cible le député Ehsan Juman, mais aussi et surtout le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP).
Dans sa question B/1706, la députée Joanne Tour voulait obtenir du Premier ministre (PM) des informations sur le nombre de cas d’accès illégal à la zone interdite du port et cela, pour une période bien précise, soit de janvier à mai 2021. Pravind Jugnauth a consacré 23 minutes de sa réponse principale à réciter notamment les lois, décrets et procédures gouvernant l’accès au port sans l’autorisation nécessaire. Avant de déclarer que durant la période en question, neuf cas d’accès illégal au port ont été enregistrés, dont deux du député Ehsan Juman le 5 janvier 2021.
En fait, c’était un seul accès illégal mais le premier de sa personne et le deuxième de sa voiture. Il s’est embarqué alors dans une description minutieuse des témoignages de policiers à l’encontre du député tout en rappelant la sanction passible pour ce délit de Rs 5 000 d’amende et d’un maximum de cinq ans d’emprisonnement. Et de conclure «qu’accéder au port sans autorisation est considéré comme un très sérieux délit qui mérite une sanction exemplaire». Et plus sentencieusement, «nobody has the right to go against the laws of the land. That is the sacrosanct principle that should govern our actions at all times».
Pour sa première question supplémentaire, Joanne Tour a demandé au PM s’il existe des preuves officielles que le député Juman a violé la loi en accédant à la zone interdite du port. Pravind Jugnauth a indiqué que la plaque d’immatriculation – info donnée à deux reprises – de la voiture du député a été relevée par les caméras de surveillance du port ainsi que l’identité des occupants de la voiture, dont Ehsan Juman. Il a ajouté que le véhicule est entré dans le port et en est ressorti sans s’arrêter au contrôle.
Toujours selon Pravind Jugnauth, Ehsan Juman se serait alors rendu volontairement au poste de police du port pour dire qu’il a pu y entrer et en ressortir sans être inquiété. Le policier de service lui aurait alors signalé qu’il avait commis un délit. Et en sortant, alors qu’un autre policier lui demandait s’il avait une autorisation pour accéder à la zone interdite, Ehsan Juman aurait rétorqué : «Momem dépité Ehsan Juman. Mo finn rant dan lépor pou chek sékirité. Personn pa finn aret mwa.» Le PM a conclu qu’avec tous ces éléments, «it is abundantly clear that the honourable has committed an offence». Autant donc pour les preuves officielles demandées par Joanne Tour.
Le PM a alors enchaîné avec les preuves «non-officielles de l’aveu» de Juman en se référant au post de ce dernier sur Facebook et à sa déclaration sur une radio privée où il reconnaissait avoir commis un délit et qu’il en assumerait les conséquences. Malgré ces preuves et confessions, a dit Pravind Jugnauth, «on a décidé» qu’aucune poursuite ne sera engagée contre le député travailliste. «Je laisse à la population le soin d’en juger par elle-même.» Ce «on» se référait bien sûr au DPP qui a classé l’affaire le 23 juin 2023. C’était donc la première salve lancée envers le bureau du DPP.
Joanne Tour est revenue alors avec une deuxième question supplémentaire mais visiblement, par un manque de synchronisation avec son Premier ministre, elle a demandé quelles sont les preuves de la confession publique de Juman pour ce délit d’accès illégal. Pourtant, le PM venait d’y répondre et il le lui a dit. «J’ai élaboré suffisamment à ce propos…» Mais il a souligné que tous ceux accusés d’accès illégal au port ont été poursuivis, sauf Ehsan Juman.
Enfin, lorsque Ashley Ittoo, qui a obtenu le micro, a posé sa question supplémentaire, Pravind Jugnauth s’est attaqué directement au DPP qui, selon lui, émet des communiqués explicatifs quand cela l’arrange. Il est revenu sur son propre cas dans l’affaire MedPoint et les affaires concernant Navin Ramgoolam, entre autres. Ces attaques contre le DPP ont provoqué l’indignation de l’opposition. À laquelle Pravind Jugnauth conseillera ainsi : «Al aprann lalwa do bourik…»
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