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Rentrée parlementaire
PNQ sur le cyclone Belal: Quand Anwar Husnoo se transforme en «Monsieur Météo»
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Rentrée parlementaire
PNQ sur le cyclone Belal: Quand Anwar Husnoo se transforme en «Monsieur Météo»
Anwar Husnoo a affirmé qu’il avait le devoir d’expliquer l’origine d’un cyclone… même si ce n’était pas ce qu’on lui demandait.
Ceux dont les véhicules ont subi des dommages lors du passage du cyclone Belal ont obtenu Rs 200 millions de l’État. Alors que les plus démunis, qui ont perdu meubles, appareils électroménagers et nourriture, entre autres, n’ont rien reçu. De plus, rien n’a été fait pour détourner l’eau des montagnes, qui avait envahi Port-Louis. C’est ce que l’on peut retenir des échanges lors de la Private Notice Question (PNQ).
Le leader de l’opposition a choisi, hier, pour la rentrée parlementaire de 2024, d’axer sa question sur le passage du cyclone Belal le 15 janvier. Xavier-Luc Duval voulait les chiffres concernant le nombre de foyers affectés, obtenir des détails sur les travaux entrepris pour évacuer l’eau de Port-Louis et prendre connaissance d’un plan d’évacuation de la capitale – s’il y en a un – en cas d’inondation.
Anwar Husnoo a cependant passé la majeure partie du temps imparti à répondre à des questions que Xavier-Luc Duval n’a… pas posées, selon ce dernier. Le ministre des Collectivités locales est parti de loin, très loin, avant de donner sa réponse au leader de l’opposition. Il a expliqué que c’est un fait connu qu’en raison du changement climatique, les cyclones sont devenus plus intenses, les flash floods plus fréquentes, entre autres catastrophes. Pour ensuite dire que cela a conduit à des situations… imprévisibles. Et d’enchaîner avec une description minutieuse de la formation du cyclone le 13 janvier jusqu’au 16, lorsqu’il s’est éloigné de notre île. Et lorsque Xavier-Luc Duval a objecté face à ses tergiversations, Anwar Husnoo devait déclarer qu’il avait le devoir d’expliquer l’origine d’un cyclone…
Toute l’opposition a commencé à grogner lorsque Husnoo a décrit en détail la marche du cyclone, en répétant plusieurs fois, tel «Monsieur Météo» selon des membres de l’opposition et des internautes, que «the class one is maintained». Une démarche visant manifestement à indiquer que c’est Ram Dhurmea – qui a été, rappelonsle, suspendu de ses fonctions de directeur de la station météo – le responsable de la catastrophe du 15 janvier. Xavier-Luc Duval ne voulait plus l’entendre toutefois et n’a pas choisi de rebondir sur cette partie de la réponse de Husnoo, ce qui aurait pu révéler des incohérences avec ce qui a été dit en janvier par le Premier ministre notamment. L’avocat de Dhurmea, lui, y aura sûrement prêté une oreille attentive.
Sauver des vies…
Et quand, après dix minutes, le ministre a traité des questions posées, cela a été bref. On apprend ainsi que 4 365 demandes d’aide ont été reçues. Il dira 4 375 peu après. Les travaux entrepris dans le sillage de Belal ? «Various drainage works» exécutés par la municipalité de Port- Louis, la National Development Unit et la Road Development Unit.
En revanche, il a été très précis en parlant de projets de travaux dont le nettoyage des drains et rivières et surtout la construction d’un cut-off drain à la colline Monneron. Et le plan d’évacuation de Port-Louis en cas de menace d’inondation ? Pas de nouveau plan, mais le protocole existe déjà et a été mis à exécution comme la déviation du trafic par la police, «qui a déjà été testée», cela pour sauver des vies et les propriétés. Des arguments qui ont fait rire l’opposition.
À l’heure des questions supplémentaires, Xavier-Luc Duval s’est dit indigné qu’après plus de deux mois, rien n’a été fait en amont pour prévenir les inondations, alors que le cyclone Gamane menace le pays. Et de faire comprendre que ce qu’il voulait savoir, c’est si le ministre a commandité une étude pour savoir combien de foyers ont été affectés, pas le nombre de demandes d’aide. Anwar Husnoo renverra la responsabilité aux familles affectées qui auraient dû, selon lui, approcher son ministère. Et de renvoyer la balle au ministère de la Sécurité sociale. Mais il informera la Chambre que Rs 250 ont été allouées par foyer par jour, avec un maximum de trois jours, à 392 familles. Et que des allocations pour des repas ont coûté Rs 6,4 millions au gouvernement.
«Putting cars first, people last»
Le leader de l’opposition se demande alors comment se fait-il que le gouvernement ait accordé Rs 200 millions aux 1 800 propriétaires de voitures endommagées par les inondations mais presque rien aux familles plus démunies pour la perte de leurs meubles, appareils électroménagers et autres. Et de s’écrier : «The whole cake went to car owners. This is putting cars first, people last.» D’ailleurs, ajoute Xavier-Luc Duval, le Chief Executive Officer de la Financial Services Commission (NdlR, Vikash Thakoor) aurait été viré parce qu’il a trop tardé à payer ces derniers. Finalement, Anwar Husnoo dira que 3 850 familles sur 4 375 ont déjà reçu l’aide du gouvernement. Au leader de l’opposition de rétorquer : «Et les 83 familles inscrites sur le registre social, donc les très pauvres, qui n’ont rien reçu de la National Empowerment Foundation deux mois après le cyclone ?»
Venant sur le clou de sa PNQ, Xavier Duval assène : «J’ai été choqué hier de constater qu’à la Montagne-des-Signaux, source des inondations à Port-Louis, plus de deux mois après, rien n’a été fait pour contenir l’eau si ce n’est la construction d’un petit mur.» Husnoo répond que «des travaux ont été effectués avant Belal». Et après ? «Des berges de rivières ont été consolidées, les déchets enlevés…» Tout en reconnaissant que ces travaux sont effectués partout dans l’île. Pas à Port-Louis ? «Une évaluation est en cours. J’ai une liste des travaux à faire. Cela prend du temps, vous savez ?» Lorsque l’opposition se moque de lui, Anwar Husnoo lance : «Riez, mais c’est important ce que je dis.» Avant de déclarer solennellement que «works have been done, are being done and will be done». Content de sa réplique, il la répétera.
Xavier-Luc Duval insiste alors pour que le ministre dépose le plan d’évacuation de la capitale en cas d’inondation. «Il y a un protocole…» Husnoo parle alors de zones inondables. Mal lui en a pris. Duval saute sur l’occasion pour lui demander : «Pourquoi ne rendez-vous pas public ce Flood Prone Area Report, ainsi les gens sauront s’ils sont en danger ou non. Il y a 480 sites, dont 56 très vulnérables.» Réponse d’Anwar Husnoo : «C’est à l’étude…» Depuis juin 2022… On entend, au loin, Bobby Hurreeram souffler une réponse à haute voix à son collègue Husnoo, que ce dernier répète : «Oui, on a déjà répondu à cette question.»
Sooroojdev Phokeer sifflera alors la fin du match Duval-Husnoo…
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