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Galerie Imaaya

Pointures de la gravure

18 novembre 2024, 21:00

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Pointures de la gravure

Elles sont plutôt rares les expositions de gravures. Avec la diversité de techniques, ses codes et son travail de patience. C’est tout cela et bien plus encore que propose Atelier 24, exposition collective à la galerie d’art contemporain Imaaya, à Phoenix. Le collectif, réuni autour de Neermala Luckeenarain, expose le fruit d’un atelier de gravure jusqu’au 6 décembre.

Quelle fierté pour Neermala Luckeenarain. Figurer parmi les pionniers de la gravure au département des Beaux-Arts au Mahatma Gandhi Institute. Après plus de 35 ans d’enseignement à plein temps, «et si on compte le temps partiel, cela fait maintenant 42 ans», avoir le même enthousiasme pour partager la passion de la gravure.

Pendant 15 jours, Neermala Luckeenarain s’est entourée de huit artistes, dans son studio à domicile. C’était du 13 au 29 avril de cette année, avec le soutien du National Arts Fund. En présence, un mélange de talents confirmés et de valeurs sûres : Arvin Ombika, Deepa Bauhadoor, Ismet Ganti, Mala Chummun Ramyead, Malini Callimootoo Jeewon, Rishi Seeruttun, Veemanda Curpen Seeneevassen et Vishal Auckel.

Différents profils avec chacun sa façon de travailler. Pas de thème imposé pour que s’expriment les préoccupations de chacun.«Le choix de matériel détermine souvent le sujet. Le rendu sur bois par exemple est moins fignolé que la taille-douce ou la pointe sèche, où il faut vraiment se concentrer sur le dessin, parce que l’on ne peut pas revenir en arrière», explique Neermala Luckeenarain.

Face à l’entrée de la galerie, L’intégrité. Cette œuvre en xylographie, dans un cercle parfait, «a demandé un mois de travail», explique l’artiste. Il lui a fallu creuser le bois avec divers outils. Tout autour, volent des abeilles, «un insecte qui travaille beaucoup, avec discipline. Elles devraient nous inspirer», affirme Neermala Luckeenarain. Si la forme circulaire en bois est le négatif de l’œuvre, sa matrice, le positif, ce sont les impressions sur tissus, pour un parcours vers L’intégrité qui nous invite à «ne pas céder à la corruption».

Thème de prédilection de Neermala Luckeenarain : la condition des femmes. Avec Flowers of the world, elle évoque la femme comme un symbole de résilience. «Elle n’est plus une poupée.» Autre élément récurrent de son univers : le sachet de thé. «Vous ne savez pas à quel point le thé est fort avant de le plonger dans l’eau chaude. On peut assimiler cela à la force des femmes.»

Durant l’atelier, les artistes ont tour à tour expérimenté la xylographie (gravure sur bois), la taille-douce et la pointe sèche (gravure sur plaque de métal), la ciselure, la sérigraphie (impression au pochoir). Résultat ; une œuvre réalisée sur place, une autre retravaillée à loisir.

Pourquoi Atelier 24 ? Cet atelier a mis cinq ans à se concrétiser, «parce que j’ai terminé mon doctorat, ensuite j’ai fait un travail de recherche avec Reynolds Permal, non-voyant de Lizie dan la main, pour qu’il puisse peindre», explique Neermala Luckeenarain. C’était en 2017-2018. Un atelier avec des non-voyants suivi d’une expo. «Comme nous sommes arrivés en 2024, l’exercice s’appelle Atelier 24.»

Neermala Luckeenarain se souvient que durant ses études universitaires à Mumbai, «mon prof me disait pourquoi choisir la peinture ? D’opter pour la spécialisation en gravure pour emmener cette technique à Maurice. C’est ce que j’ai fait. À l’époque, Moorthy Nagalingum, directeur du département des Beaux-Arts, pratiquait les procédés élémentaires».

C’est en 1982 que Neermala Luckeenarain intègre le département. L’enseignement de cette discipline prend de l’essor avec l’acquisition d’une presse. Le diplôme universitaire a été proposé à partir de 1995. «J’ai contribué à mettre en place le contenu du cours à Maurice et à La Réunion. J’espère que ceux qui prendront la suite contribueront au progrès de cette filière.»