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Politique sans idéologie
La politique peut parfois être davantage une question d’intuition que d’idéologie. Sir Gaëtan Duval, qualifié dans Le droit à l’excès par le journaliste-romancier Alain Gordon-Gentil comme «un homme d’instinct, d’intuition, dont l’idéologie vitale est un mélange exotique de pragmatisme et d’opportunisme», a quelque part montré la voie aux petits partis cherchant à s’allier avec les grands pour sortir de l’opposition et accéder au pouvoir.
De 1976 à 1983, le père de Xavier-Luc Duval et grand-père d’Adrien Duval a attendu patiemment son heure dans l’ombre. Il a ensuite senti que la rupture entre Jugnauth et Bérenger, après le premier 60-0 de l'histoire, marquait le moment propice pour un retour sur le devant de la scène. Grâce au front élargi, largement plesbicité, Bleu-Blanc-Rouge, il est devenu vice-Premier ministre ! En 1987, avec seulement une poignée de députés, il devient le numéro deux du gouvernement. Loin d’être prisonnier d’une quelconque idéologie politique – une notion qui n'existe plus – cet homme de droite parlait le langage de la gauche. Ou vice-versa.
Ce même réalisme ou pragmatisme politique anime aujourd’hui le groupe écologiste Rezistans ek Alternativ, qui a conclu hier son troisième round de négociations avec les vieux loups, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, qu’ils ont tant critiqués autrefois au cours de leur combat en faveur du mauricianisme, de l’environnement et des droits des travailleurs.
Au menu des discussions entre le PTr et le MMM : programme et tickets. Il faudra encore attendre une semaine, dit-on, pour savoir si le duo Ramgoolam-Bérenger pourra leur accorder au moins trois tickets, comme ils l’auraient fait pour les Nouveaux Démocrates. Même si les principaux concernés refusent de donner des détails sur les discussions en cours, il est clair que les circonscriptions 12, 13 et 18 ne sont plus libres, et que toute permutation pour faire de la place aux nouveaux venus pourrait froisser les travaillistes et militants, voire les Nouveaux Démocrates. Ces derniers, restés discrets jusqu’à présent, suivent avec une certaine angoisse une situation qui ressemble à celle où les ailes du PMSD ont été rognées par les terribles voisins de Riverwalk.
En attendant que la délicate question de la répartition des tickets et des circonscriptions soit tranchée, tant dans le camp gouvernemental que dans celui de l’opposition parlementaire, les autres partis comprennent, alors que les signaux confirmant l’imminence des législatives se multiplient, qu’ils devront s’unir s’ils veulent peser face aux deux principaux blocs qui vont s’affronter. Pour cela, il faudra mettre de côté les ego, à l’image de Rezistans ek Alternativ qui ont mis le pragmatisme avant les idéaux ou autres valeurs qui les animent.
C'est cela la realpolitik : le groupe qui saura ajuster son tir pour s’aligner sur l’âme de l’électorat pluriel finira par l’emporter à l'aune de l'inique First Past the Post. Entre-temps, sans idéologie, il est possible de viser dans toutes les directions.
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