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Remplacement des tuyaux de la CWA
Pourquoi un deuxième rapport ?
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Remplacement des tuyaux de la CWA
Pourquoi un deuxième rapport ?
Même si les tuyaux ont été placés à même le sol, avec risque de vandalisme, pourvu qu’ils aient été installés, semble conclure le ministère des Finances.
L’«Internal Control Unit» (ICU) du ministère des Finances est intervenue avec un autre rapport plutôt complaisant envers la Central Water Authority (CWA). C’est ce rapport qui a été utilisé et non celui de l’audit interne de la CWA pour permettre le déboursement des Rs 350 M pour changer les conduites d’eau.
«C’est comme si vous changiez de médecin qui vous a dit que vous avez le diabète au lieu de changer de régime alimentaire !» C’est le sentiment qui règne à la CWA après que Joe Lesjongard a révélé, lors de sa réponse mardi à la Private Notice Question d’Arvin Boolell, que le rapport de l’ex-Chief Internal Auditor n’a pas été utilisé pour le déboursement de Rs 350 millions par son ministère pour l’InHouse Pipe Replacement Program. Pourtant, il disait lui-même, citant l’accord-cadre entre son ministère et la CWA, que «the second tranche will be disbursed by the Ministry to the CWA, upon submission of a compliance report duly endorsed by the Board of the CWA (NdlR, donc de l’auditrice Yousra Lalmahomed)». Quelques secondes plus tard, le même Lesjongard expliquait : «On 04 April 2024, the Ministry received an application from the CWA for the disbursement of the second tranche of Rs350 Million, together with a Compliance report dated 21 March 2024 from the Internal Control Unit of the Ministry of Finance, Economic Planning and Development. The audit was carried out in February and March 2024.»
Même si Lesjongard a parlé du nouveau rapport discrètement, il a tenu à faire comprendre la vérité : la CWA, ou plutôt son directeur, Prakash Maunthrooa, a utilisé un rapport plus soft venant du ministère des Finances au lieu de celui de son ministère de tutelle. Il est évident que la CWA a eu recours au rapport du ministère des Finances après que celui de Lalmahomed ait été rejeté, car jugé trop sévère. D’ailleurs, nous apprenons que c’est le board de la CWA qui a, le 30 janvier, décidé, après recommandation du General Manager, d’avoir recours à l’ICU du ministère des Finances pour un autre rapport basé sur un nouveau cahier des charges. Prakash Maunthrooa n’était pas content du rapport de Yousra Lalmahomed, rapport qu’il aurait qualifié de «shocking, disgusting and of serious concern». Ce sont ces mots, entre autres, qui auraient conduit Yousra Lalmahomed à démissionner de la CWA. Pourquoi le ministère des Finances a-t-il ordonné un deuxième rapport alors qu’il en existait déjà un ?
Les «révélations» de Joe Lesjongard
Première anomalie citée par Joe Lesjongard : alors que la condition pour le déboursement était «to finance exclusively the implementation of the In-House Pipe Replacement Programme given that the works will be undertaken by the CWA», «it is gathered that the main items of expenditure incurred in in-house works concern procurement of pipes and fittings, labour costs and rental of equipment». Pourquoi payer des «labour costs» si les travaux allaient être effectués par le personnel de la CWA?
Voici les autres anomalies relevées par le ministère des Finances, dont certaines ont été modérées et d’autres carrément jugées acceptables :
• Coût estimé à Rs 700 M ? Commentaire du ministère des Finances : il fallait prévoir l’augmentation des prix.
• Rs 194 M déjà dépensées avant le déboursement de la première tranche ? Les rapporteurs ne se demandent pas d’où sortent ces Rs 194 M ou si elles proviennent du compte de la CWA, mélangé à l’argent du ministère.
• Le plus beau : les conduits posés à même le sol et qui ont dû donc coûter moins que prévu ? Commentaire : pas grave puisque 189 km de conduits ont été posés au lieu de 100 km. Si l’on pousse le raisonnement des Finances plus loin, il est mieux d’avoir 189 km de conduits serpentant dans les champs de canne ou au bord des routes que 100 km de tuyaux en sécurité sous terre.
• L’argent pour le Pipe Replacement Programme mélangé à l’argent de la CWA ? Aucun commentaire, sauf pour dire que le compte de la CWA est aussi utilisé pour d’autres projets.
• 189 km de tuyaux installés ? Même si l’objectif était seulement de 100, pourvu que les 189 km soient bien là.
• «Opportunities for improvement were made.» Ce point est ambigu.
• La CWA a alloué en tout 2 993 contrats pour Rs 282 M, dont 2 868 contrats de gré à gré? «D’après les échantillons vérifiés, la CWA n’a pas violé les règles.» Tout en ajoutant : «On peut mieux faire.» C’est tout. Les rapporteurs ne se sont pas interrogés pour savoir s’il y a eu Split Procurement, c’est-à-dire si les contrats ont été saucissonnés pour échapper aux appels d’offres
• La CWA ne s’est pas assurée que les matériaux utilisés l’aient été pour le projet qu’il fallait? Pas grave, puisque l’on a posé plus de tuyaux que prévus (189 km au lieu de 100 km).
Se reposant sur ce rapport soft, le ministère des Finances a donc déboursé la deuxième tranche de Rs 350 M sans problème en avril. Et concernant les allégations, basées sur des articles de presse et non sur la lettre de démission de Yousra Lalmahomed à l’effet que cette dernière a été l’objet de «verbal abuse, bullying, harassment, intimidation and acts of retaliation», la CWA mettra sur pied un comité d’enquête.
Sixième démission
Un mois après le départ de la «Chief Internal Auditor» Yousra Lalmahomed, c’est au tour de la «Head of Customer Experience» de soumettre sa démission de la CWA. C’est en tout cas les informations que nous avons reçues d’une source à la direction de la CWA. Ce qui porte à six le nombre de hauts cadres qui ont préféré claquer la porte et aller voir ailleurs où l’herbe est plus verte. Nous n’avons pas plus de détails sur cette démission pour le moment. Cependant, elle ferait suite à un «unfair treatment». Tout comme pour Yousra Lalmahomed. Nous y reviendrons.
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