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Alliance du changement

Premières secousses

25 mai 2025, 08:00

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Premières secousses

C’est fini le temps où l’on dansait le sega face à la foule massée à la place d’Armes. La foule elle-même s’est rétrécie comme une peau de chagrin. 74 % des électeurs ont boudé les municipales malgré les appels à aller voter par les dirigeants de l’Alliance du changement. Pas de pas de danse, mais des tensions entre les membres de l’alliance après le faux-pas du trio Ashok Subron-Kugan Parapen-Dany Marie dans le cadre de l’exercice de recrutement à la National Empowerment Foundation.

Ce vendredi, avant la conférence de presse sur les Chagos, les choses se sont corsées au cabinet. Il y a quelque temps le Premier ministre et son adjoint avaient demandé à Ashok Subron de faire bien attention par rapport à l’expression of interest qu’ils voulaient lancer. «It was departure and he was told that he’s making as if the three other parties are not doing things transparently», confie un ministre. Mais Subron avait insisté.

Un proche du Premier ministre tient toutefois à préciser : «Si Subron avait expliqué la méthodologie, il n’avait pas donné les noms de ceux qui siégeront sur le panel, encore moins la liste de ceux qui seront retenus.»

Treize membres ont été nommés au sein du conseil, dont neuf choisis directement par le ministre de l’Intégration sociale, Ashok Subron. Cette démarche soulève des interrogations, notamment sur la présence de Dany Marie, compagne du ministre et militante connue de Rezistans ek Alternativ, au sein du panel de sélection. Une situation perçue dans certains cercles comme un potentiel conflit d’intérêts.

Le sujet, déjà abordé lors du Conseil des ministres, a contraint le Premier ministre à demander des explications à Ashok Subron. Navin Ramgoolam aurait exprimé un vif agacement face à la gestion de ce dossier, qualifié en interne de maladresse politique embarrassante. Toutefois, aucune sanction n’a été prise et la ligne adoptée semble être celle de l’apaisement, du moins en apparence. Mais plusieurs ministres sont catégoriques : «Les réactions du public ne sont pas bonnes et il y a perception qu’on a fait un cover-up en essayant de jouer la carte de la transparence. On ne peut pas valider cela et laisser tous les proches de ReA s’asseoir sur le panel.»

Le député travailliste Ehsan Juman a profité d’une conférence de presse de Subron, jeudi, pour publier un message sur Facebook dénonçant des nominations «honteuses et inacceptables». Son collègue Raviraj Beechook a, lui, utilisé le terme de «kitchen politics» pour qualifier les pratiques en cours, dans une allusion claire aux méthodes dénoncées du temps du MSM.

Les tensions dépassent les rangs de l’opposition. Des voix critiques s’élèvent également au sein même de la majorité, préoccupées par l’impact de cette affaire sur la perception publique, à l’approche du Budget et dans un contexte où les questions d’éthique et de gouvernance sont scrutées de près. «Ashok Subron a été réprimandé, mais aucune mesure ne sera prise pour le moment. Mais on s’attend à ce que Subron rectifie le tir», confie un député de la majorité. «Il fallait calmer le jeu, surtout avec le dossier des Chagos en une de l’actualité et le Budget qui approche.» Ce silence relatif semble confirmé par le fait que les députés travaillistes les plus virulents sur ce sujet se sont rapidement tus, laissant penser qu’un mot d’ordre a été donné par le sommet du gouvernement pour étouffer la polémique.

L’avocat Neelkanth Dulloo appelle à la retenue. «Pena okenn tension ki merit latansion», déclare-t-il, ajoutant que le gouvernement conserve la confiance du peuple pour remettre le pays sur pied. Il condamne ceux qu’il décrit comme des «prophètes de malheur», prêts à tout pour faire éclater l’alliance en provoquant démissions et divisions internes. «Le peuple jugera sur les actions concrètes, pas les coups bas», affirme-t-il. Il rappelle également que Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, artisans de l’alliance actuelle, ont toujours été clairs : il ne s’agit pas d’une répétition de 1995. «Ce sont deux leaders expérimentés qui méritent le respect», insistet-il. Il interpelle directement l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth : «Nou pe get so rol tre bien. Nous savons qu’il espère des turbulences dans l’alliance, mais c’est un manque de respect.» Avant de conclure avec virulence : «Même le diable serait choqué par l’attitude de Joe Lesjongard et de son avocat, qui ont osé porter des accusations de corruption devant la FCC.»

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