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Interview de ...Mahen Seeruttun
«Préparons-nous pour le ‘phasing out’ naturel de l’exportation de singes»
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Interview de ...Mahen Seeruttun
«Préparons-nous pour le ‘phasing out’ naturel de l’exportation de singes»
Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire
-«Nous élaborons un plan pour protéger la production de légumes contre le changement climatique, les maladies et le vieillissement de la population de planteurs et d’éleveurs, entre autres»
Comme ministre de l’Agroindustrie, est-ce vrai que vous avez enlevé le quota pour l’exportation des singes comme l’allègue l’opposition ?
Je vois que vous faites référence à un commentaire de Madame Bérenger lors d’une émission à la radio où elle a fait mention d’un plan 2017-2025 du ministère de l’Agroindustrie et de la sécurité alimentaire, où moi, comme ministre de l’époque, j’avais enlevé le quota par rapport à l’exportation de singes. Je peux vous dire que ce qu’elle a avancé est totalement faux et sans fondement. Je peux vous remettre une copie de ce plan pour vérifier ce que j’avance. Et je trouve que c’est de la mauvaise foi d’induire en erreur la population. Je trouve que toutes ces faussetés à mon égard que certains membres de l’opposition sont en train de colporter démontrent qu’ils sont à court d’arguments pour m’attaquer.
**Et il y a eu beaucoup de bruit autour de l’affaire de bail à un promoteur dont les macaques ont été retrouvés à Jin Fei ? **
Par rapport au contrat de bail à ce promoteur, je trouve, encore une fois, que certains membres de l’opposition sont venus avec toutes sortes de faussetés pour faire croire que j’ai signé un bail juste après mon arrivée à ce ministère la semaine dernière. Je redis que c’est complètement faux et que ce sont de purs mensonges.
Je trouve que c’est plus grave quand un ancien Premier ministre s’adressant à deux jeunes lauréats récemment à La Rosa reprend cette énorme fausseté. Pour moi, c’est un exemple de quelqu’un qui n’est pas digne de représenter le pays en avançant des mensonges pareils. Ce que je peux dire, c’est qu’il avait un pre-lease agreement entre Rose-Belle Sugar Estate et le promoteur en question, signé en 2022, dont la validité d’un an était arrivée à terme en septembre 2023. Vu que les conditions stipulées dans le pre-lease agreement n’étaient pas respectées dans le délai prescrit, ce pre-lease n’était plus valable. Et, d’après mes informations, Rose-Belle Sugar Estate a déjà informé le promoteur en question.
Que pensez-vous de la polémique entourant l’exportation de singes et quelle est la stratégie du gouvernement dans ce secteur ?
L’exportation de singes a débuté en 1988. Et aujourd’hui, on a six fermes qui exportent des singes pour des besoins de la recherche médicale. Cette industrie est régie d’après la Native Terrestrial Biodiversity and National Parks Act et l’Animal Welfare Act, et est sous surveillance de plusieurs instances, tels le National Parks and Conservation Service, les services du département des vétérinaires et des instances internationales de renom, pour s’assurer que les normes soient respectées par rapport au bien-être de ces animaux.
Aujourd’hui, la tendance mondiale est de trouver d’autres moyens de recherche sans avoir recours aux primates. La raison d’être de l’exportation de singes ne se posera plus une fois que le besoin ne se fait plus. C’est la raison pour laquelle au niveau du ministère et du gouvernement, on doit envisager cette mouvance et se préparer pour le phasing out naturel de cette activité.
Je voudrais quand même ajouter que les primates à Maurice ne sont pas des espèces endémiques et qu’ils ont été importés depuis des siècles déjà, soit au 17e siècle. D’après la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, l’espèce à Maurice est considérée comme envahissante. Et, déjà au niveau du ministère, dans un souci de préserver notre biodiversité, et nos espèces et plantes endémiques, nous savons que les primates causent pas mal de dégâts et dérangent notre écosystème. On connaît aussi des planteurs qui subissent des dégâts causés par les singes. D’après une étude faite par le Food and Agricultural Research and Extension Institute, les pertes dans certaines régions causées par les primates dans les champs oscillent entre 30 et 90 %. La population des pigeons des mares est également menacée du fait que les singes mangent leurs œufs. Ils consomment aussi des fruits et sont en compétition directe avec les chauves-souris pour la nourriture. Ils consomment aussi certains fleurs et fruits endémiques, menaçant l’existence même de ces plantes. Il y a des ONG qui militent pour la préservation de notre biodiversité et les planteurs qui veulent protéger leurs champs se tournent vers le ministère pour un meilleur contrôle de la population qui, selon un rapport en 2017, tourne autour de 40 000 à 60 000. Il ne faut pas oublier que ces singes descendent même dans des quartiers résidentiels à la recherche de nourriture. En plusieurs occasions, le ministère a été sollicité pour une intervention, surtout dans la région de Balfour. Donc, il y a une balance à faire pour préserver notre écosystème.
Comment s’annonce votre retour au ministère de l’Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire ?
Comme vous le savez, ce ministère est très important pour la population et le pays. L’objectif est de nourrir la population. Donc, mon rôle, c’est de m’assurer que le travail mis en place pour la production agricole soit suffisant compte tenu des aléas du climat et des autres défis dans ce secteur.
Peut-on s’attendre à un meilleur service au niveau des prix et de la qualité des légumes ?
On a connu, avant mon arrivée, des périodes difficiles liées aux conditions climatiques, des dégâts par rapport à la production de légumes qui se reflètent dans les prix dans les différents marchés à travers le pays. Raison pour laquelle le gouvernement est venu avec une série de mesures pour soutenir les producteurs, les éleveurs, tout en allégeant le fardeau des consommateurs à travers l’Agricultural Marketing Board. On a importé quelques produits de base pour les mettre sur le marché à des prix subventionnés. Le travail doit continuer pour que la production se normalise dans quelques mois dépendant du type de culture vivrière. En ce moment, nous élaborons un plan pour voir comment protéger la production locale avec tous ces défis : le changement climatique, le problème de main-d’œuvre, les terres disponibles, les maladies et le vieillissement de la population de planteurs et des éleveurs, entre autres.
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