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Wetlands menacées

Projet hôtelier à Anse-la-Raie: la plage, un «enjeu électoral»

24 novembre 2023, 20:00

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Projet hôtelier à Anse-la-Raie: la plage, un «enjeu électoral»

Bassin Laver, une des attractions du village de Roches-Noires, se trouve sur le site du projet en gestation.

Deux zones abritant des «wetlands» menacées par deux projets immobiliers. Hier, le groupe Pa Touss Nou Anse-la-Raie a tenu une conférence de presse pour tirer la sonnette d’alarme. Plus tôt cette semaine, Rezistans ek Alternativ était à Roches-Noires pour démontrer une fois de plus le danger que le projet de PR Capital représente.

Si l’autorisation de la police lui est accordée, le mouvement Pa Touss Nou Anse-La-Raie prévoit une marche pacifique le 2 décembre pour que les citoyens expriment leurs préoccupations contre le projet d’un hôtel pieds dans l’eau. Ce projet, qui sera érigé sur un terrain de 100 arpents et qu’ambitionne le promoteur Avinash Gopee à travers l’entreprise Luxury Suites Ltd, aurait déjà reçu une lettre de réservation pour 50 arpents. Comme cet espace abrite la Maison des jeunes du ministère de la Jeunesse et des sports, l’ancien campement du gouverneur et des wetlands, des habitants du Nord et des activistes ont rencontré la presse et soumis leur demande d’autorisation pour la marche à venir à la police hier.

Lors de ce point de presse, Mᵉ Richard Rault est revenu sur les questions parlementaires du député Osman Mahomed, en déplorant la manière de faire du gouvernement. «Nous avons appris le 17 octobre que 100 arpents étaient pris en compte par le masterplan en préparation. Ensuite, nous avons appris qu’une lettre de réservation avait déjà été donnée à cette entité qui n’a aucune expérience en hôtellerie. Nous entendons le Premier ministre dire que le gouvernement a donné l’autorisation d’aller de l’avant. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de consultation des élus locaux des conseils de village ou des habitants ?», s’est-il demandé.

Même son de cloche de Vashish Bijloll, qui déplore également le silence total de certains élus de la circonscription. «Anse-La-Raie est le patrimoine de tous, un lieu qui porte en lui des valeurs religieuses, affectives et de vie. Nous parlons des devoirs moraux des dirigeants et de notre droit civique à être informés. Est-il juste que nous apprenions par la presse et des questions parlementaires ce qui se passe dans notre propre localité ?» Répondant à une question de l’express sur le silence total d’Avinash Teeluck, élu de la circonscription n° 6 et ministre des Arts et du patrimoine culturel, Vashish Bijloll affirme : «J’en déduis que enn fwa ki zot finn gagn vot, ils ne servent plus le peuple et la circonscription mais sont plutôt subservient.»

Mᵉ Richard Rault a alors noté «qu’avec ce qui se passe à Anse-La-Raie, Roches-Noires, (...) les plages seront un enjeu électoral en 2024 et plus tard». Il est aussi question de priver les Mauriciens de leur loisir de base, qui est la plage, ainsi que de leurs moyens de subsistance, dans le but de créer «une ségrégation de type apartheid où ceux liés au pouvoir (…) veulent placer des murs, comme Donald Trump, alors que les plages se réduisent», ont lancé des membres du mouvement.

Le travailleur social Seenarain Ramjuttun a pour sa part déploré qu’au fil du temps, en l’absence d’un lieu approprié pour que les jeunes puissent pratiquer des sports et des activités, nombre d’entre eux se sont tournés vers l’alcool et la drogue pour faire face à leur détresse. Cette situation survient ironiquement au moment où le gouvernement mène une campagne «massive» contre la drogue.

D’autres habitants et pêcheurs ont pris la parole pour parler des effets néfastes sur la pêche après la construction d’hôtels dans le passé et que ce nouveau projet ne ferait qu’aggraver les choses. Parmi les personnes présentes pour apporter leur soutien : l’activiste Georges Tan Yan, Alain Malherbe et Ingrid Charoux. Le député Osman Mahomed était également présent. Parmi la série d’autres actions organisées par le collectif : réunions de quartier, pétitions régionales, pétition en ligne. «Je lance un appel à tous pour qu’ils se joignent à la lutte. Il s’agit d’une question d’intérêt national, car aucun d’entre nous ne vit isolé, mais ensemble», a déclaré Vashish Bijloll.

Questions parlementaires d’Osman Mahomed

Le député Osman Mahomed avait évoqué le sujet d’Anse-la-Raie au Parlement en juin. Lors d’une deuxième question parlementaire le 17 octobre, le ministre Deepak Balgobin, répondant au nom du ministre du Tourisme et du logement et des terres absent du pays, a dit que 22 personnes et entités ont demandé depuis 2015 à utiliser ce terrain pour un projet immobilier ou hôtelier. Le ministre de la Technologie a souligné qu’aucune «Letter of Intent» n’avait encore été émise. En même temps, nous avons appris que le terrain en question s’étend en fait sur 50 arpents.

Le mardi 24 octobre, face à une troisième attaque d’Osman Mahomed, le ministre Steven Obeegadoo, rentré au pays, admettra que Luxury Suites avait déjà reçu sa «letter of reservation» pour le terrain. Suscitant ainsi des questions sur les zones d’ombres autour de cet octroi, car cette entité, fondée le 24 mai 2018, n’a aucune expérience dans l’hôtellerie et ne dispose que de Rs 10 000 d’actifs. Cette semaine au Parlement, Osman Mahomed a tenté de poser une question supplémentaire au ministre Kavy Ramano après sa réponse au député Mahend Gungapersad sur les applications pour des «Environmental Impact Assessments» (EIA) dans la région d’Anse-La-Raie. Mais le speaker ne l’y a pas autorisé, en disant, «No, No, No, the answer is no…» Osman Mahomed confie qu’il avait l’intention de demander si un «Strategic Environmental Assessment» avait été fait dans la région d’Anse-La-Raie en vue de ce projet hôtelier.